Une pension digne à un âge digne

Le gouvernement se moque de la revendication des 70.000 personnnes présentes lors de la manifestation pour les pensions. Il a décidé de réduire encore plus la pension des pensionnés.

C’est avec cette revendication que Kurt, David et 70.000 autres personnes sont récemment descendues dans les rues de Bruxelles. Mais le gouvernement se moque de cette demande légitime. Il a déjà décidé d’augmenter l’âge de la pension à 67 ans et le calcul de la pension a été modifié de sorte que de nombreux pensionnés auront (encore) moins de pension.

C’est dans ce contexte que le gouvernement arrive avec une proposition de loi sur la reconnaissance des métiers lourds dans le secteur privé. Le principe de la proposition de loi: celui qui a exercé un métier pénible pourra arrêter de travailler plus tôt. Sur le principe, nous pouvons complètement nous y retrouver. Mais dans les faits, c’est une toute autre histoire.

Tout d’abord parce que le gouvernement ne donne aucune garantie en matière de RCC (l’ancienne prépension) et de pension anticipée classique. Si ces systèmes disparaissent, la nouvelle loi permettrait à un ouvrier de la construction de finir à 65 ans au lieu de 67… 2 ans plus tôt, mais toujours complètement inacceptable.

Deuxièmement, le gouvernement prévoit un budget insuffisant. Ce qui signifie en clair que celui qui arrête de travailler plus tôt y laissera une partie de sa pension. Cette perte peut monter jusqu’à 250 euros par mois. En d’autres mots: seuls ceux qui en ont les moyens pourront s’arrêter plus tôt. Il n’est plus question de solidarité.

Troisièmement, le stress et la charge émotionnelle ne constituent pas un critère à part entière pour définir s’il s’agit d’un métier pénible ou pas. Pourtant, le stress et le burn-out sont appelés les maladies du siècle. Et une fois de plus, les femmes seront plus durement touchées. Elles travaillent plus souvent dans des secteurs où le stress est un grand problème, par exemple le secteur des soins.

Et dernier mais non le moindre: la nouvelle législation démarrerait en 2020. Mais on ne remonterait que jusqu’en 2015. En d’autres termes, vous avez travaillé de 1980 jusqu’en 2014 dans un système de 5 équipes, mais à partir de 2015, vous êtes passé en régime de jour pour des raisons de santé. Vous ne pourrez pas partir plus tôt parce que vos prestations antérieures à 2015 ne comptent pas.

Pour la Centrale Générale – FGTB, la proposition de loi est inacceptable dans sa forme actuelle. Elle n’offre ni réponse ni garantie par rapport aux exigences légitimes des travailleurs : une pension digne à un âge digne.

Werner Van Heetvelde (Président) - Eric Neuprez (Secrétaire général)

Image retirée.Kurt : “Les mesures de ce gouvernement en matière de pensions créent beaucoup d’incertitudes. Notre entreprise emploie bon nombre de jeunes qui ne pensent pas encore à leur pension. Mais quand je leur explique les plans du gouvernement en la matière, ils sont convaincus que les choses doivent changer, et que c’est possible.”
“Dans le secteur de la construction, beaucoup de travailleurs abandonnent le travail à cause de problèmes de santé. Travailler jusqu’à 67 ans est donc inimaginable. L’ensemble du secteur devrait être reconnu comme métier pénible, pour ainsi permettre aux travailleurs de s’arrêter plus tôt et d’encore bénéficier d’une pension décente.”

Image retirée.David : "Travailler jusqu’à 67 ans n’est pas une option dans notre métier. Quand je vois mes collègues qui ont plus de 50 ans, certains sont dans un sale état. La plupart d’entre eux souffre de maux de dos. Je suis content pour mes collègues qui ont pu bénéficier de l’ancien système de fin de carrière car avec les mesures durcies du gouvernement Michel, l’avenir n’est vraiment pas rose.
Le gouvernement prend des décisions aberrantes. Même les patrons nous disent qu’ils ont conscience qu’on ne pourra pas travailler jusqu’à 67 ans. On se tire une balle dans le pied avec l’allongement des carrières. Le gouvernement traine la patte en ce qui concerne le dossier pénibilité. Or c’est un dossier essentiel. On vit pour le moment dans l’incertitude, c’est inquiétant."