58 €, voilà ce pourquoi nous nous battons

Début 2019 : un projet d’accord prévoyant une augmentation du salaire minimum garanti de 17 € par mois a été rejeté par la Centrale Générale - FGTB. La FGTB refuse de le signer. Pour Werner Van Heetvelde, président de la Centrale Générale, il n’y a pas d’autres options : « Les autres syndicats et les employeurs estiment que c’est suffisant. Pas nous. Après des années de blocage du salaire minimum, 17 € ce n'est rien du tout. Des cacahuètes. Une insulte ».

Malgré de grandes réserves, nous participons à un groupe de travail dont l’objectif est de négocier une augmentation plus importante. Nous ne signons toujours pas les 17 €. Parce que nous savons que si nous  le faisons, il n'y aura jamais rien de plus.

Après des mois de négociations, une proposition est sur la table. Une augmentation de 58 €. Enfin une augmentation acceptable.

Reste à accepter que le surcoût pour les employeurs soit intégralement compensé aux dépens de la sécurité sociale. Pour Eric Neuprez, secrétaire général de la Centrale Générale - FGTB, c’est une pilule amère à avaler : «Le financement de la sécurité sociale est déjà sous pression. Mais la proposition devient tolérable dans la mesure où elle est accompagnée d’un accord explicite pour combler le déficit via un financement alternatif de la sécurité sociale. C’est le prix à payer pour parvenir à un accord ».

Mais pour certains, ce n’est pas assez. Les employeurs lient maintenant l'augmentation de 58 € à un nouveau dossier : l’article 39 ter.

Le gouvernement Michel a mis sur la table une mesure visant à convertir une partie du préavis du travailleur en un "budget d'employabilité". Lire : votre préavis est raboté, une partie du salaire honnêtement gagné sert à vous former, pour devenir plus flexible et trouver un emploi plus rapidement. 
Bref, vous êtes plus vite au chômage. Ainsi, si vous avez un salaire brut de 3.000 €, votre préavis sera raboté de 380 €.

Et les employeurs exigent maintenant que nous soyons d'accord sur ce point. A défaut, pas d’augmentation du salaire minimum.

En d'autres termes : les travailleurs les plus pauvres recevront une augmentation - entièrement financée par la sécurité sociale – si et seulement si les syndicats acceptent que l’on rogne sur les préavis des travailleurs licenciés et qu’ils perdent une partie de leur salaire.

Et les employeurs ne paient rien. Zéro.

Peut-être que la CSC et la CGSLB peuvent vivre avec ça, pas nous. Un pas de plus et nous sommes de retour au 19ème siècle. Mais dans ce cas, sans nous. 58 € est et reste une augmentation correcte et nécessaire du salaire minimum. Et pas touche au préavis. En attendant, nous devrions peut-être nous inspirer des actions d’Extinction Rébellion. Prendre un café avec le roi dans son jardin. 
 

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