Travail de nuit et en équipes: 'Pouvoir travailler 4/5 a partir de 55 ans est vraiment une bonne chose'

Bart travaille depuis 23 ans en équipes : je commence avec l’équipe du matin, après la nuit, et puis l’après-midi. « A l’époque, j’en voyais surtout les avantages, avec des enfants en croissance cela me permettait souvent d’être à la maison quand c’était nécessaire pour les enfants. Mais après 23 ans, ce sont plutôt les inconvénients qui commencent à me peser.

 

La FGTB Chimie a rédigé une nouvelle brochure sur le travail de nuit et en équipes que vous pouvez télécharger ici.  La brochure explique l’évolution du travail de nuit et en équipes en Belgique et en Europe, les conséquences sur la santé parmi d’autres, les cadeaux fiscaux octroyés aux entreprises ainsi que les outils syndicaux pour poursuivre l’humanisation du travail de nuit et en équipes. En vue de mettre la brochure en exergue, nous avons invité quelques délégués à s’exprimer sur l’impact du travail de nuit et en équipes sur leurs vies.

Bart Callewaert - Ferro Pigments  

Bart travaille depuis 23 ans en équipes : je commence avec l’équipe du matin, après la nuit, et puis l’après-midi. « A l’époque, j’en voyais surtout les avantages, avec des enfants en croissance cela me permettait souvent d’être à la maison quand c’était nécessaire pour les enfants. La garde des enfants n’était jamais un problème. Je vois maintenant que ce sont aussi surtout les jeunes collègues qui sont intéressés par le travail de nuit pour cette même raison. Ils ne pensent pas encore aux conséquences. »

Fatigue

« Mais après 23 ans, les inconvénients commencent à me peser : ce n’est pas que j’ai de graves problèmes de santé, mais je suis souvent très fatigué. Pendant la semaine où j’ai l’équipe du matin, mon humeur est exécrable. Ceux qui ont toujours travaillé en journée ne comprennent pas cela. Mais se lever tous les jours à trois heures et demie, cela commence à peser à un moment donné. Autrefois, je pouvais me coucher à onze heures et me lever à quatre heures du matin sans aucun problème. Je n’y arrive plus aujourd’hui. On a besoin de beaucoup plus de temps pour récupérer. » 

« Je vois dans d’autres départements que plusieurs collègues plus âgés sont repassés à leur ancien système pour cette raison. C’est aussi possible dans notre entreprise. Des mesures sont prises pour humaniser le travail de nuit, la direction réfléchit avec nous et on peut compter sur un bon suivi. Je ne peux pas dire que la direction n’assume pas ses responsabilités, elle fait ce qu’elle peut dans la limite du possible bien sûr. Certains collègues sont par exemple passés à 2x le matin et 1x l’après-midi. Avec perte de salaire cependant, ce qui n’est pas toujours facile. On s’attend, après une longue carrière et des années de travail de nuit qui ont quand même un impact sur la santé, à une récompense pour ces efforts et non pas à une soudaine baisse de salaire parce qu’on a des difficultés à effectuer des prestations de nuit. »

Travailler 4/5e

« Je vois surtout les avantages que présente le régime de 4/5e à partir de 55 ans. Mais celui-ci se trouve bien évidemment aussi sous pression. Beaucoup de collègues âgés se sont engagés dans ce régime, ce qui est vraiment positif. Particulièrement à un moment où nos carrières professionnelles sont allongées, il est important, pour notre état physique et notre vie de famille, de pouvoir lever le pied pendant les dernières années de notre carrière. »

« Le Fonds démographie peut également y jouer un rôle. Dans notre entreprise, nous avons établi une collaboration avec le Fonds démographie, pour la durée d’un an pour l’instant, et avons prévu par exemple un jour de congé en fonction de l’âge à partir de 58 ans, ce qui est plutôt non négligeable. Nous voulons certainement poursuivre cette collaboration au cours des années à venir. »