1er mai: nous avons raison, malheureusement  

Après 40 ans de néolibéralisme, et après 40 ans de lutte contre celui-ci, le 1er mai 2020 sera celui qui nous aura finalement donné raison.   

Défilé après défilé, à chaque 1er mai, nous n’avons eu de cesse de dénoncer les dangers du néolibéralisme. 

Défilé après défilé, nous avons déclaré que la sécurité sociale n'était pas une charge mais l’élément fondamental de notre État social et que son financement et son fonctionnement ne peuvent pas être privatisés . Que la sécurité sociale fédérale  était et est la meilleure assurance contre les "risques sociaux": maladie, chômage, vieillesse...  

Défilé après défilé, nous avons déclaré que seul un pouvoir public fort serait capable de faire face à des crises sociales majeures 

Et que, par chance, nous avons aujourd'hui (encore) un pouvoir public plus ou moins fort. 

Défilé après défilé, nous avons déclaré que ce pouvoir public devait imposer des règles et non pas toutes les balancer par-dessus bord ?   

Défilé après défilé, nous avons fait valoir qu'une répartition plus équitable des revenus entre le travail et le capital ainsi qu’une fiscalité équitable constituaient la meilleure garantie dans la lutte contre la pauvreté tout en offrant un financement public adéquat   

Défilé après défilé, nous avons affirmé que la régionalisation des compétences entre la Flandre, Bruxelles et la Wallonie n’était, dans la plupart des cas, pas une solution mais, au contraire, un mal. 

Nous l’avons dit plusieurs fois 

Nous avions raison et nous en obtenons la confirmation aujourd’hui.  

Parce que bien entendu, ce sont les travailleurs de la santé qui nous sauvent littéralement la vie aujourd'hui et nos remerciements ne sauraient être assez grands.  

Mais sans la sécurité sociale, sans le financement de nos hôpitaux, nous ne pourrions pas payer leurs salaires.  

Sans la sécurité sociale, nous n'aurions pas pu verser une allocation de chômage temporaire à près d’un million de travailleurs. 

Sans un pouvoir public (encore) fort, aucune mesure décisive n'aurait pu être prise pour arrêter le virus.  

Sans toutes ces instances fédérales qui (par chance) existent encore, nous n'aurions pas pu lutter : la sécurité sociale fédérale, le gouvernement fédéral, les syndicats et les mutuelles fédérales... 

Sans tous ces piliers... 

Pouvons-nous pour autant nous reposer sur nos lauriers ? 

Parce que nous avions raison ?  

Bien sûr que non. Les néo-libéraux poursuivent l'attaque.  

Les partis de droite et les groupes de réflexion reviennent déjà à la charge avec leurs dogmes de libre marché. 

Pour eux, il est déjà très clair qui devrait payer la facture de la crise. Pas question !  

En tant que syndicat, il est urgent de définir notre stratégie. 

Un défi crucial pour les jours et les semaines à venir. 

Et même si nous ne pouvons pas aller librement dans la rue. 

Et même si nous partageons le chagrin de milliers de victimes.  

Le 1er mai 2020 entrera dans l'histoire comme le 1er  mai qui nous a donné raison, nous avons raison, malheureusement. 

Werner Van Heetvelde (Président) - Eric Neuprez (Secrétaire Général)