Sans solidarité, pas d’AIP - Sans AIP, pas de paix sociale

Cette année, le 1er mai a un goût amer et pour plusieurs raisons : certes, nous sommes toujours empêtrés dans une crise sanitaire sans précédent, qui use les citoyens, quels qu’ils soient. Et alors que les travailleuses et travailleurs, qui paient cher la crise sanitaire, attendent beaucoup des négociations pour l’AIP, il n’y a à cette heure aucun accord en vue. Mais notre détermination est plus forte que jamais : nous voulons un AIP qui soit l’expression même de la solidarité entre tous les travailleurs, ceux des secteurs forts et ceux des secteurs plus faibles. Notre message aux employeurs est clair : sans un accord juste et solidaire, pas d’AIP. Mais sans AIP, pas de paix sociale. Notre mandat à nos représentants au sein du groupe des 10 est très clair. 

Commémorations et victoires

Si nos luttes actuelles sont essentielles, il est aussi important de se souvenir de notre histoire. Des femmes et des hommes qui se sont battus pour obtenir des victoires dont nous jouissons encore aujourd’hui. D’ailleurs, ce mois de mai marque le centenaire de deux victoires syndicales capitales:  tout d’abord, l’instauration de la journée de 8 heures de travail, qui a permis d’améliorer la qualité de vie des travailleuses et des travailleurs, ensuite, la suppression du code pénal de l’interdiction de s’organiser. C’est grâce à cette suppression que les syndicats peuvent exister aujourd’hui en Belgique.

Aujourd’hui, ce double anniversaire doit nous aider à nous souvenir que nos victoires et conquêtes  ne sont jamais arrivées par hasard. Des femmes et des hommes, nos camarades, se sont âprement battus pour des droits qu’ils estimaient justes et essentiels.

Et il n’y a jamais de petites victoires. Ainsi, grâce à notre grève du 29 mars dernier et toutes nos actions, nous avons obtenu que pour la première fois depuis l’existence de la loi de 96, son article 14 fasse la une des médias et qu’ainsi, le rapport capital-travail tienne enfin et à nouveau le haut du pavé. Grâce à quoi des voix s’élèvent pour dire que si les travailleurs doivent fournir un effort, alors les actionnaires et les grands patrons aussi. Autre victoire, les négociations sur l’enveloppe bien-être, qui fixent les augmentations des allocations sociales, ont été dissociées des négociations pour l’AIP. C’est une belle victoire dont nous pouvons être fiers. Jusqu’à présent, les patrons utilisaient cette liaison comme un odieux chantage : si les allocataires sociaux ne pouvaient pas bénéficier d’une augmentation de leurs allocations, c’était à cause des syndicats. 

Pour 2021-2022, nous avons obtenu gain de cause, mais il reste du pain sur la planche: pérenniser cette dissociation, arracher un AIP juste, poursuivre la lutte pour une réduction collective du temps de travail, faire augmenter les salaires les plus bas, améliorer les fins de carrière, obtenir plus de justice sociale et fiscale…

Et le contexte ne nous est pas favorable : plus que jamais, nos libertés syndicales sont bafouées, attaquées, remises en question. Pourtant, c’est le fondement de toute démocratie. En Belgique, on pense à Thierry, Bruno et leurs camarades, en Biélorussie à Daria, en Colombie à Richard, au Myanmar à Moe Sandar, au Zimbabwe à Japhet ou encore à Arzu en Turquie. Et la liste n’est pas exhaustive.  

Bien sûr, la situation en Belgique n’est pas comparable avec celle de la Colombie ou du Myanmar, mais à l’occasion du 1er mai, nous tenons à mettre à l’honneur les syndicalistes et les travailleurs du monde entier, chacun à son niveau, chacun avec sa propre réalité, mais tous méritent notre respect.

Bon 1er mai camarades !

Werner Van Heetvelde (Président) - Geoffrey Goblet (Secrétaire général)