La pire forme de dumping social chez ECHO Houthalen

Fin 2020, la direction d'ECHO à Houthalen, spécialisée dans la fourniture de matériaux de construction, annonçait une restructuration. Prétexte invoqué ? L’effondrement du marché des hourdis. Pour la direction, une restructuration était donc indispensable pour un retour à la rentabilité. Quelques semaines plus tard, cependant, des travailleurs polonais ont été engagés en tant que sous-traitants, en raison de "circonstances imprévisibles". Un nouvelle gifle pour les travailleurs qui avaient déjà été confrontés à 120 licenciements lors du rachat de l’entreprise en 2013.  

15 rounds de négociation

Les syndicats et la direction se sont donc assis autour de la table pour négocier un plan social. Les négociations ont été particulièrement ardues : les syndicats voulaient absolument limiter les licenciements au strict minimum et prévoir des mesures d’accompagnement pour les travailleurs concernés. La direction, pour sa part, souhaitait une nouvelle organisation du travail après la restructuration.

15 tours de négociations et autant de séances d'information pour le personnel plus tard, le plan social a été approuvé par 57% des travailleurs et signé le 4 mars 2021.

Recherché : travailleurs opérationnels immédiatement

L'encre de la signature n'était pas encore sèche lorsque la direction est arrivée avec un nouveau message. En raison de "circonstances imprévisibles", il est nécessaire d’engager plus de travailleurs. Des travailleurs pouvant être opérationnels immédiatement. Pour la direction, il s'agissait de sous-traitants (10 travailleurs de Pologne). 

"J'ai rappelé à la direction le plan social. Il y était convenu que si de nouveaux engagements  il y avait, les personnes licenciées seraient contactées en premier lieu. Juste pour éviter ces pratiques malhonnêtes. En outre, la FGTB n'acceptera JAMAIS que des contrats permanents soient remplacés par des sous-traitants. C'est scandaleux que la direction ose même penser à cela", déclare Yannick Urbain, secrétaire de la Centrale Générale – FGTB de la ABVV Limburg. 

Du dumping social de la pire espèce

Après cette remarque, la direction a décidé de ne réembaucher que 2 travailleurs licenciés (sur 25 !). Et temporairement… Mais en parallèle, une dizaine de travailleurs polonais travaillent dans l'entreprise, et ce au moins jusqu'aux congés de la construction. Pour la suite, la direction évaluera s’ils sont encore nécessaires.  

"Il s'agit de dumping social de la pire espèce : annoncer une restructuration, laisser les travailleurs dans l'incertitude pendant des mois, introduire une nouvelle organisation du travail avec une augmentation énorme de la charge de travail, licencier des travailleurs disposant d’un contrat permanent  pour les remplacer au bout d'un mois par des sous-traitants venus de Pologne. Et tout cela parce qu'ils seraient opérationnels "immédiatement". Je trouve choquant que les travailleurs licenciés ne soient plus considérés comme étant opérationnels après quelques semaines d'absence. On ne peut donc plus discuter d’une formation ?!", s’indigne Yannick.

Relance post-corona

Il est grand temps que la politique intervienne. Il est nécessaire de prendre des mesures pour que les employeurs paient les mêmes cotisations et offrent ensuite les mêmes salaires à tous les travailleurs, qu'ils viennent de l'étranger ou de Belgique. Nous sommes à la veille d'une relance de notre économie. Une fois que la crise sanitaire sera terminée, il faudra combler le trou budgétaire. C’est un scandale que l'État (le contribuable) doive payer les indemnités de chômage des anciens travailleurs de l’entreprise ECHO, qui ont été remplacés par des travailleurs étrangers par le biais de la sous-traitance. Nous ne pouvons pas l'accepter et c'est précisément à cause de ces pratiques que les gens se détournent de la politique.