Le combat syndical fait plier la direction de GSK

Début juin, la direction de GSK a informé la délégation syndicale qu’elle avait décidé unilatéralement de ne plus reconduire la prime de production d’application depuis 10 ans dans l’entreprise. Pour les travailleurs, une telle suppression signifie une perte de pouvoir d’achat entre 1000 et 2000€ par an. « Une véritable déclaration de guerre » de la part de la direction qui a éveillé une profonde colère chez les travailleurs. Un bras-de-fer s’est engagé, et la solidarité l’a emporté comme s’en félicitent Jamal et Ludovic, délégués FGTB Chimie.

La direction a mis le feu aux poudres via la non-reconduction de la prime de production. Comment les travailleurs ont-ils réagi ?

Jamal : La direction nous a communiqué en début du mois sa décision unilatérale de ne plus reconduire cette prime. Elle voulait nous imposer un bonus, sans négociation et sans règle. En d’autres termes, ils voulaient nous octroyer le montant selon leur bon vouloir. Nous avons donc quitté la réunion et nous avons réuni les travailleurs pour les informer de cette décision. Le mandat que nous avons reçu du personnel était très clair : ils refusaient cette nouvelle politique de la direction concernant la prime. Les ouvriers, les employés et même des cadres se sont mis en grève. Des cadres en grève, ça n’était jamais arrivé.

Ludovic : C’était une véritable déclaration de guerre de la part de la direction. Une décision difficilement compréhensible car l’entreprise est rentable. Et là, on veut amputer le pouvoir d’achat des travailleurs en supprimant une convention qui court depuis 10 ans. L’année dernière, les travailleurs ont maintenu la production dans des circonstances difficiles, sont venus travailler avec la boule au ventre et des risques plus élevés de contamination au covid. Et là, on leur annonce que la prime de production ne sera plus versée. La coupe était pleine, la mobilisation s’est organisée.

Après deux semaines de grève, la direction a donc fini par entendre raison?

Jamal : Nous avons informé les travailleurs de la décision de la direction le mardi 8 juin lors d’une assemblée. Suite à quoi nous sommes tous rentrés chez nous. Le lendemain, la grève a commencé. Notre stratégie visait à mettre à l’arrêt un bâtiment par jour pour éviter que tous les travailleurs du site ne soient en grève en même temps et que la mobilisation s’essouffle au fil des jours à cause de l’impact financier. Ça a vraiment bien fonctionné. 

Ludovic : Les employés se sont rarement autant mobilisés. Chaque jour nous bloquions un nouveau bâtiment de GSK que ce soit à Wavre, Rixensart ou Gembloux. Et le suivi était tel que nous n’avions finalement pas besoin de bloquer l’entrée du bâtiment. Et des équipes de secteurs voisins se mettaient également en grève par solidarité. 

Au regard de la mobilisation, la direction a donc fait marche-arrière ?

Ludovic : Avec ce système de grève tournante, nous aurions pu encore tenir trois mois ! Et ça impactait inévitablement la production de GSK. Les employeurs n’avaient plus qu’une solution : réinstaurer la prime. C’est la victoire de la solidarité. L’adage de la FGTB « Ensemble on est plus forts » prend une nouvelle fois tout son sens !

Jamal : Voyant le nombre de travailleurs en grève et les nombreux messages envoyés aux responsables des sites de production en Belgique pour manifester notre désapprobation, la direction a fini par plier. On récupère la prime et on maintient donc le pouvoir d’achat des travailleurs. Au final, le coup de force de la direction a échoué. Même si nous restons prudents pour le futur, le soutien indéfectible des travailleurs nous a fait chaud au cœur et nous renforce. On peut être fiers de ce qu’on a accompli.