Une fois le rideau de la CDM refermé, quel avenir pour les travailleurs migrants au Qatar?

En marge du match Belgique – Pays-Bas de vendredi dernier, la Fédération belge de football (RBFA) et la Fédération néerlandaise de football (KNVB) organisaient une conférence relative aux droits humains lors des grandes compétitions de football, en particulier lors de la CDM au Qatar. Parmi les organisations invitées, la FGTB Construction a rappelé leur combat pour améliorer les droits des travailleurs migrants actifs sur les chantiers de construction au Qatar mais aussi leur inquiétude concernant leur avenir.

En novembre prochain, la Coupe du Monde prendra ses droits au Qatar. De droit, il en est question depuis 2010, lorsque la FIFA décidait d’attribuer, de manière obscure et surprenante, l’organisation d’un des plus grands événements sportifs au monde à ce petit émirat du Moyen-Orient. Le Qatar n’avait aucun argument à faire valoir pour organiser la CDM, pire, il est reconnu pour sa négligence en matière de respect des droits des travailleurs. Ce qui n’a aucunement refroidi les décideurs de la FIFA qui ont choisi l’argent aux dépens des valeurs sportives et humaines.

Les droits des travailleurs migrants restent fragiles

Les droits des travailleurs migrants, qui représentent environ 95 % de la main-d'œuvre du pays,  étaient fortement restreints. Grâce à la pression des syndicats et d’organisations telles qu’Amnesty, des progrès ont été réalisés ces dernières années. Mais l’application des réformes du droit du travail (kafala, salaire minimum, interdiction de frais de recrutement …) et la création d’embryons de représentation des travailleurs sont lentes et partielles. Les maigres droits obtenus pour les travailleurs migrants de la construction ont malgré tout permis des avancées dans d’autres secteurs du pays.

Aujourd’hui, ils sont des centaines de milliers de travailleurs migrants à s’inquiéter pour leur futur. Ils craignent de sombrer dans l’oubli et d’être abandonnés à leur sort une fois que les regards se porteront vers d’autres horizons à l’issue de la coupe du monde.  

« C'est une des raisons pour lesquelles l'initiative a été prise de mettre en place une plateforme de consultation et d'information sur la Coupe du monde au Qatar. Elle vise à mettre à l'ordre du jour toutes les préoccupations relatives aux conditions de vie et de travail de tous les travailleurs de la Coupe du monde, à œuvrer pour un changement durable dans la région au sens large et à collecter et mettre à disposition des informations précises sur les différents sujets d'actualité tels que les conditions de travail et les droits humains » explique Brahim Hilami, Secrétaire Fédéral de la FGTB Construction.

Cet événement peut jouer un rôle de catalyseur de changement durable au Qatar et dans la région du Golfe en termes de droits de l'homme et de conditions de vie et de travail pour toutes les populations.

Brahim Hilami

Inclure les causes sociales pour attribuer la CDM

La FIFA doit user de son influence pour garantir la création d'un centre pour travailleurs migrants légalement reconnu et protégé. Pour que ces personnes puissent bénéficier pleinement des réformes du travail au Qatar, elles doivent être conscientes de leurs droits. Le centre ferait partie de l'héritage de la Coupe du monde 2022.

Il reste encore beaucoup à faire, car des conventions fondamentales de l'OIT n'ont toujours pas été ratifiées au Mexique et aux États-Unis, organisateurs de la Coupe du monde 2026. Nous demandons donc à la FIFA, qui peut agir comme un moteur de changement, d'inclure des clauses sociales dans l'attribution de la Coupe du monde.
Pour nous, il faut poursuivre ce travail et par-dessus tout, maintenir ce qui a pu être obtenu ces dernières années après la Coupe du Monde. Ce qui n’est pas acquis… car ces droits peuvent être révoqués aussi rapidement qu’ils ont été octroyés. Nous appelons à ce que ces droits soient inscrits dans la durée et nous nous en assurerons.