France : les travailleurs des raffineries en grève pour de meilleurs salaires

Trois semaines de grève des raffineurs, en France. En raison de la hausse du coût de la vie, les grévistes revendiquent, face au géant TotalEnergies, une augmentation de leurs salaires. La grève a provoqué une pénurie d’essence dans tout le pays. Pour forcer la distribution, le gouvernement a réquisitionné des travailleurs, portant ainsi atteinte aux libertés syndicales. Malgré les pressions, les camarades ne lâchent pas. Le 18 octobre était une journée nationale d’action. Syndicats Magazine s’est rendu sur le piquet de Flandres, près de Dunkerque, et a interviewé Benjamin Tange, délégué syndical central de la CGT (Confédération Générale du Travail) pour le raffinage et la pétrochimie.

Des revendications légitimes

Comme en Belgique, la guerre en Ukraine profite aux multinationales de l’énergie, au détriment de la population. Grâce à la hausse des prix, le groupe français TotalEnergies a engrangé 10,6 milliards de dollars de bénéfices au premier semestre de l’année, un chiffre en augmentation de 92 % par rapport au premier semestre 2021.

En parallèle, les travailleurs subissent. Les prix de l’énergie et des produits de consommation explosent, mais les salaires ne suivent pas. « Aujourd’hui un travailleur avec 20 ans d’ancienneté gagne entre 2 500 et 3 000 euros bruts par mois. » Le 26 septembre, les raffineurs de TotalEnergies décident de partir en grève. Leur revendication ? Une revalorisation salariale à hauteur de 10% pour 2022. « Il faut répondre à l’inflation. Parce qu’aujourd’hui il y a beaucoup de travailleurs qui s’usent et qui n’arrivent pas à boucler les fins de mois » s’indigne Benjamin Tange, lors d’une prise de parole. Pourquoi 10% ? 7% pour l’inflation et 3% pour « le partage de la richesse ». Le message est clair.

Un accord « volé »

Voici peu, les grèves concernaient trois raffineries et cinq gros dépôts. A l’heure d’écrire ces lignes, deux sites étaient toujours en grève. « Le mouvement de grève est largement suivi par les travailleurs. Il est également soutenu par les travailleurs du siège social de l’entreprise qui trouvent légitime la revendication de la CGT », explique le délégué.

Au début du conflit, le gouvernement et l’employeur ont sous-estimé la grève, minimisé la colère des travailleurs. Il a fallu attendre 3 semaines pour entamer des négociations. Dans la nuit du 13 au 14 octobre, un accord a été conclu avec les deux autres syndicats de TotalEnergies, la CFE-CGC et la CFDT. Sans la participation donc de la CGT, qui a lancé le mouvement de grève. Car l’accord prévoit une hausse de 7% sur 2023, rétroactive au 1er novembre 2022. « Aujourd’hui la grève continue, parce que ce qui a été mis sur la table par TotalEnergies ne répond pas aux revendications des grévistes. » s’indigne Benjamin Tange. « La direction a cherché à obtenir des signatures et pas à convaincre les grévistes de reprendre le travail en se rapprochant de leurs revendications. »

Les libertés syndicales attaquées

Le 13 octobre, pour forcer la distribution de carburant, le gouvernement a lancé la réquisition du personnel du dépôt de carburants TotalEnergies de Flandres. Cette réquisition porte atteinte au droit de grève, aux libertés syndicales. « Le gouvernement ne peut pas intervenir dans une entreprise privée, mais pourtant il réquisitionne… S’il considère qu’il s’agit d’une entreprise d’utilité publique, il doit aller au bout de son raisonnement et nationaliser l’énergie. Par contre, le patron de TotalEnergies, on ne l’a jamais forcé à négocier !» Récemment, le gouvernement français a brandi de nouvelles menaces de réquisitions en cas de « situations très tendues » dans les dépôts. « Il faut que les travailleurs prennent conscience que ce qui se passe est grave. Demain, dès qu’il y aura une grève, le gouvernement va les forcer à aller travailler. »

 

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