Colombie : Le pays le plus dangereux du monde pour les syndicalistes

Depuis des années déjà, la Centrale Générale de la FGTB collabore avec deux syndicats colombiens, celui du secteur du pétrole, l'USO et la coupole des syndicats des agriculteurs, le Fensuagro. Les projets en cours ont été analysés lors d'une journée d'étude sur la Colombie. Journée organisée par la FGTB et le FOS, un fonds de collaboration au développement. Dans ce pays, les syndicats doivent travailler dans des conditions particulièrement difficiles.

La situation politique en Colombie rend la vie particulièrement dure aux syndicats. Les politiciens au pouvoir y mènent une politique néolibérale impitoyable avec le soutien des Etats-Unis. Il règne dans le pays une véritable culture de la violence, avec des menaces, des attentats et des meurtres perpétrés sur des syndicalistes. Les groupes paramilitaires en sont responsables. Il faut aussi savoir que l'impunité totale aggrave encore la situation. Moins de 10% des meurtres aboutissent à une condamnation. Dans un tel contexte, il n'est pas surprenant d'apprendre que seulement 4% des Colombiens sont affiliés à un syndicat. Pas étonnant non plus quand on sait que le travail syndical est considéré par les autorités comme des "activités de guérilla".

Pauvreté

Les projets avec l'USO et le Fensuagro mettent tous deux l'accent sur la formation, également celle de jeunes et nouveaux syndicalistes. Les deux syndicats ont leur propre centre de formation. Le projet avec l'USO travaille de manière plus spécifique sur les droits des travailleurs de la sous-traitance. Là-bas aussi, la flexibilité est le grand mot d'ordre des employeurs. En visant ces employeurs, l'USO a malgré tout réussi à augmenter de manière spectaculaire le nombre de ses affiliés.
La Colombie regorge de matières premières naturelles mais la richesse est partagée de manière très inéquitable. 45% de la population vit sous le seuil de pauvreté. Nos partenaires n'y mènent pas uniquement un combat pour les droits syndicaux mais aussi pour une redistribution des richesses, pour ne pas les laisser aux seules mains des multinationales.

Liste noire

La solidarité doit être internationale. C'est pour cette raison que nous avons encouragé l'USO à devenir membre de la fédération internationale des syndicats, l'ICEM. La formation d'un réseau international a porté ses fruits au cours des mois passés: sous la pression de la contestation syndicale internationale, une sanction à l'encontre du président de l'USO a été revue et lors du congrès mondial de l'ICEM qui se tenait il y a peu, une motion visant à soutenir les syndicats colombiens a été approuvée.
Les attaques contre les syndicalistes se poursuivent malgré tout. C'est pour cette raison que la Centrale Générale appelle l'organisation internationale du travail à placer la Colombie sur la "liste noire" des pays qui violent la convention internationale n°87 (sur la liberté syndicale et la protection du droit syndical). Sur ce point, la FGTB peut jouer un rôle important.

Libre-échange effréné, arbitraire des multinationales, exploitation et restriction des droits syndicaux, voilà en quelques mots le quotidien des travailleurs colombiens.