Une agence d’intérim sur quatre coupable de discriminations

Federgon, la fédération qui défend les intérêts des employeurs du secteur de l’intérim et des titres-services vient de révéler les résultats d’une enquête interne portant sur les agences d’intérim coupables de discriminations. Il s’agit essentiellement de refuser un emploi à des gens dont le nom a une consonance étrangère ou qui sont d’une autre couleur.

Juge et partie, voilà qui soulève bien des questions.

Une agence d’intérim sur quatre coupable de discriminations: les employeurs eux-mêmes tirent la sonnette d’alarme

Federgon, la fédération qui défend les intérêts des employeurs du secteur de l’intérim et des titres-services vient de révéler les résultats d’une enquête interne portant sur les agences d’intérim coupables de discriminations. Il s’agit essentiellement de refuser un emploi à des gens dont le nom a une consonance étrangère ou qui sont d’une autre couleur.

Les résultats conduisent la fédération à affirmer qu’aujourd’hui, une agence d’intérim sur quatre est prête à accéder à la demande de certaines entreprises d’exclure des candidats d’origine étrangère ou certains groupes spécifiques. Ceci est présenté comme une évolution positive significative.

Une sur quatre? En ce qui nous concerne, nous considérons que ce chiffre reste honteusement élevé.

Il confirme en tout cas nos observations quotidiennes. Au moment même où nous recevions ces chiffres, nous apprenions qu’un intérimaire d’origine étrangère qui avait postulé à 5 reprises pour une mission intérimaire avec un nom à connotation étrangère pour un bon belge, n’avait obtenu aucune réponse. Ce n’est que lorsqu’il a introduit la même demande, mais sous un nom et prénom bien de chez nous qu’il a été invité pour une rencontre. Nous analysons actuellement quelles suites judiciaires donner à ce dossier.

Une sur quatre? Dans une enquête interne de Federgon? Une fédération qui est à la fois juge et partie. Quel résultat cette enquête aurait-elle donné si elle avait été réalisée par une instance indépendante?

Federgon fait aussi savoir qu’après trois contrôles négatifs à propos de pratiques discriminatoires, les agences d’intérim perdent le label de qualité de la fédération patronale. Comment ça, après trois contrôles? Par extension, cela veut dire que les chauffards pourraient brûler à trois reprises un feu rouge avant de se voir retirer leur permis. Ou que vous pourriez humilier publiquement trois fois un homme de couleur avant d’être inquiété par la justice? En ce qui nous concerne, il n’y a aucune différence entre ces crimes et la discrimination de travailleurs sur le marché du travail. Manifestement, Federgon voit les choses autrement.

Nous attendons la mise en œuvre de deux véritables mesures qui permettraient de lutter efficacement contre la discrimination sur le marché du travail.

La première : les enquêtes sur les pratiques discriminatoires doivent être menées par des instances indépendantes. Sous le contrôle des partenaires sociaux, employeurs et syndicats. Le mystery shopping ou screening organisé par une fédération patronale dont l’objectif est de blanchir ses membres, personne n’y croit, mis à part quelques médias crédules et dociles.

La seconde: un système de sanctions est nécessaire. Les entreprises coupables de discriminations doivent immédiatement, sans le moindre délai, être jugée au pénal. Ce n’est pas avec le retrait d’un label après trois abus que vous rappelez une entreprise à l’ordre. Une entreprise qui enfreint manifestement la loi doit perdre son accréditation. C’est ainsi que fonctionne notre état de droit? Plus ou moins, non?