Les travailleurs de Durobor se sentent floués

La faillite de la gobeleterie sonégienne Durobor laisse quelque 146 travailleurs sur le carreau. Une véritable catastrophe sociale et un monde qui s’écroule pour les travailleurs qui se sont donnés corps et âme pour leur entreprise durant toutes ces années. « Tout ça pour rien ». C’est le sentiment qui anime les travailleurs. Stefano Fragapane, secrétaire de la Centrale Générale – FGTB du Centre, qui a soutenu les travailleurs ces dernières années, est lui aussi particulièrement affecté par cette triste fin.

Quel est le sentiment des travailleurs depuis l’annonce de la faillite le 30 avril ?

« Ils se sentent floués, ils sont dégoûtés. Tous les sacrifices qui leur ont été demandés depuis 2012, ils les ont acceptés. Leur salaire a été amputé de 20%, les avantages extra légaux ont été supprimés. Et que dire des nombreuses suppressions d’emploi ? Malgré les coups, ils continuaient d’y croire, de garder l’espoir… »

En 2017, lors de la reprise de l’entreprise, de nombreuses promesses ont été faites, moyennant de nouveaux sacrifices. 

« On a demandé aux travailleurs de faire preuve d’une plus grande flexibilité. Et forcément, le personnel est devenu insuffisant pour assurer le maintien des lignes de production. Certains étaient amenés à travailler trois semaines sans un jour de repos. Ils ont signalé à la direction que ce rythme n’était humainement pas supportable mais elle a refusé de réagir. Certains travailleurs ont fini par craquer sous la pression. La gestion du personnel était calamiteuse. »

Qu’en était-il du travail syndical dans l’entreprise ? 

C’était très difficile. Chaque restructuration était un prétexte pour se débarrasser de la délégation syndicale de la Centrale Générale - FGTB. Nous devions sans cesse reconstruire une délégation pour maintenir une concertation. Une concertation d’autant plus indispensable dans une situation de crise. Et nous tentions de limiter la casse autant que possible. Je tiens en tout cas à saluer le courage dont les travailleurs de Durobor ont fait preuve durant toutes ces années. A l’heure où je vous parle, on ne sait pas quel avenir les attend, mais qu’ils sachent que nous continuerons de les soutenir envers et contre tout.