La solidarité des travailleurs a contrecarré les plans d’Air Liquide

Un conflit social a récemment éclaté au sein de l’entreprise chimique Air Liquide et s’est conclu par la mise au frigo des plans de restructuration souhaités par la direction. La solidarité entre les travailleurs de tout le pays a porté ses fruits. 

Délocalisation de Liège en projet

Le conflit social trouve son origine fin 2018 sur le site liégeois de l’entreprise Air Liquide. La direction annonce alors que des emplois sont remis en question au sein de sa division finance en vue d’une délocalisation au Portugal. « Une analyse commandée par le Comité d’Entreprise Européen a démontré l’impossibilité de réaliser de tels plans avec la structure proposée » déclare le permanent Geoffrey Broux, qui a suivi le conflit à Liège. « Si tel était le cas, les travailleurs qui garderaient leur emploi seraient soumis à un rythme de travail infernal ».

Un intersiège réunissant les délégués syndicaux des différents sites belges a conclu que l’opposition aux plans de la direction ne pouvaient pas se limiter à la seule division de Liège. « Le soutien apporté par les autres délégations nous a donné plus de poids » explique Geoffrey. La direction n’a pas eu d’autre choix que de faire des concessions.  Un reclassement, l’accompagnement pour ceux qui partent, des formations pour ceux qui restent,… Pour les travailleurs qui étaient sous la menace d’un licenciement, six seraient reclassés en interne et trois partiraient volontairement.

« L’élan de solidarité s’est également étendu jusqu’aux intérimaires. Oubliés par les plans de la direction, nous avons pu leur obtenir une garantie d’emploi » dit Geoffrey. « Pour y parvenir, les travailleurs étaient même prêts à alimenter une caisse de solidarité avec une partie de leur prime ! » Par la suite, le préavis de grève est resté en vigueur à Liège… tant qu’aucune solution n’était trouvée pour la filiale d’Anvers.

Anvers met la pression sur la direction

Le site de production anversois, qui est un maillon important du secteur de la chimie à Anvers, n’a pas été épargné par la direction. Un plan destiné à automatiser la production et accroitre la polyvalence des travailleurs a été déposé fin de l’année dernière. « Une rencontre entre travailleurs et syndicats a clairement montré qu’une telle réduction du personnel dans une entreprise SEVESO n’était pas permise » déclare Levi Sollie, permanent de la section d’Anvers.

Un préavis de grève s’en est suivi, et des actions ont été menées. Sous la pression, la direction a fait marche arrière mais le personnel est resté insatisfait : « Les travailleurs voulaient que la direction abandonne le projet de restructuration pour tous les sites de Belgique » témoigne Levi.

La direction a finalement courbé l’échine en abandonnant le projet prévu. « Sans l’excellent travail des délégués et la détermination des travailleurs, ça n’aurait pas été possible » se félicitent Geoffrey et Levi.  « A un moment donné, ils ont osé dire STOP et ont refusé de négocier des conditions désavantageuses. » Bien que la direction n’ait pas pu mettre son projet à exécution, la vigilance reste de mise sur l’ensemble des sites d’Air Liquide. D’autre part, les travailleurs et les militants restent déterminés à améliorer leurs conditions de travail.