Des entreprises de titres-services qui rappellent leurs aide-ménagères

Il y a quelques semaines, les gouvernements wallon et bruxellois ont accédé à la demande des syndicats de fermer le secteur des titres-services. Les fédérations patronales (Federgon, AtoutEI) leur ont emboité le pas. Seul le gouvernement flamand semblait ne pas se soucier de la santé des travailleurs du secteur. Mais malgré tout, la majorité des entreprises de titres-services ont pris elles-mêmes l’initiative de cesser leurs activités. 

Mais aujourd’hui, suite aux récentes décisions du gouvernement fédéral, des entreprises commerciales de titres-services rappellent leurs aide-ménagères. Ce qui est en totale contradiction avec les recommandations des experts scientifiques et des politiques qui insistent sur le fait que la partie est loin d’être gagnée. 
 
Après les déclarations scandaleuses de la semaine dernière du ministre Jambon, certaines entreprises de titres-services - comme TRIXXO - appellent désormais elles aussi les aide-ménagères à reprendre le travail. Il est évident que nous aspirons tous à reprendre une "vie normale" le plus rapidement possible, mais est-il sage de mettre en danger la santé de ces travailleuses, de leurs familles et de leurs clients ? Ce secteur est-il à ce point indispensable que pour prendre un tel risque ? 

Une pression perceptible

Des entreprises comme TRIXXO mettent leurs travailleuses sous pressions avec des messages tels que "vos collègues veulent continuer à travailler" ou "il y a beaucoup de demandes de clients" ou "les personnes âgées ont besoin de vous". Ces entreprises jouent avec la santé des travailleurs !

Des mesures impossibles pour le secteur

Ces entreprises de titres-services affirment respecter les mesures de sécurité, or, la distanciation sociale est tout simplement impossible à respecter dans ce secteur. Comment demander à une famille de rester enfermée pendant 4 heures dans une chambre pendant que l’aide-ménagère nettoie le domicile ? Qui peut y croire à part peut-être un ministre qui n’a jamais travaillé dans le secteur…

En outre, les entreprises déclarent pouvoir fournir un équipement supplémentaire pour assurer la sécurité des aide-ménagères et celle des clients. Ces fameux équipements qui font cruellement défaut dans le monde médical et qui cela dit, seraient inefficaces dans ce cas précis ?

Une incitation supplémentaire

Si l’entreprise de titres-services  est à l’arrêt, les aide-ménagères reçoivent des allocations de chômage temporaire. Aussi, les employeurs mettent-ils l'accent sur les avantages financiers qu’il  y a à reprendre le travail : salaire complet pour les jours travaillés et chèques-repas... au lieu de l'allocation de chômage temporaire de 70%. Rappelons que 97% des travailleurs du secteur sont des femmes travaillant à temps partiel pour qui l’allocation n'est effectivement pas une solution durable. 

Les gouvernements fédéral et flamand, et maintenant aussi les employeurs, mettent les plus vulnérables encore plus dans l'incertitude et les exposent aux risques du coronavirus. Déjà pénalisées par leur bas salaire, les aide-ménagères courent un risque sanitaire. Cette attitude est cynique, voire criminelle. Ils privilégient l’argent à la santé des travailleuses.

C'est pourquoi nous demandons que la première ministre assume les pouvoirs spéciaux dont elle a hérité et qu’elle protège les plus faibles.