Des grèves « plus mauvaises » que les autres ?

Les grèves « politiques »

S’il y a des grèves qui insupportent les employeurs, ce sont les grèves dites «  politiques  » dans la mesure où elles posent des revendications qui ne relèvent pas de la gestion de l’entreprise mais s’adressent au pouvoir politique. L’OIT (où sont représentés gouvernements, syndicats et employeurs) s’est penchée sur la question pour conclure que « les grèves à caractère purement politique ne relèvent pas des principes de la liberté syndicale » SAUF POUR « les grèves tendant à la solution des grands problèmes de politique économique et sociale ». Sauts d’index, blocage salarial, norme salariale, loi Travail (Kris Peeters) organisant la flexibilité, mesures d’austérité visant les salaires, etc. les motifs de grèves politiques sont innombrables et indissociables de la revendication économique. Les arguments patronaux pour les dénoncer relèvent de la plus grande hypocrisie vu que toutes ces mesures sont le résultat du lobbying des employeurs auprès de leurs amis « politiques » pour satisfaire leurs revendications « économiques ».

Grève spontanée et sauvage

La grève spontanée (dite aussi émotionnelle) démarre à l’initiative des travailleurs et travailleuses sans respecter les procédures de préavis et sans mot d’ordre syndical. Dans ce cas, l’organisation syndicale peut la reconnaître ultérieurement, ouvrant ainsi le droit à une indemnité de grève. La grève « sauvage » (une grève qui éclate spontanément en dehors de toute consigne syndicale) n’est, par contre, pas reconnue par l’organisation syndicale et ne donne pas lieu à indemnité. Mais elle n’en est pas moins légale, l’exercice du droit de grève étant un droit individuel.

La grève de solidarité

Les grèves dites de solidarité (où l’on soutient les revendications d’autres travailleurs) sont contestées par les employeurs dans la mesure où elles lèsent des entreprises qui ne sont pas directement partie d’un conflit. Pour l’OIT, l’interdiction générale des grèves de solidarité serait abusive  ; les travailleurs doivent pouvoir recourir à cette forme d’action dès lors que la grève initiale qu’ils soutiennent est ellemême légitime.

Les grèves qui « passent bien »…

Si les grèves ont en général mauvaise presse, il en est d’autres qui « passent bien » rétrospectivement car elles ont permis des avancées sociales que personne ne remet en cause aujourd’hui.

C’est oublier qu’à l’époque où ces grèves ont été menées, les travailleuses et travailleurs ont pris des risques, ont perdu leur salaire, se sont opposés aux patrons et à une certaine opinion publique. C’est oublier qu’à l’époque rien n’était gagné, de ce qui semble aujourd’hui acquis pour toujours. Mais que c’est bien le rapport de force, construit par celles et ceux qui se sont mis en grève, que des droits et des progrès ont été obtenus. Ces grèves-là n’étaient alors, pas forcément « bien vues » de tout le monde.

Salutations de la part des grèvistes

1886

Grèves et émeutes ont fait prendre conscience au Parlement qu’il y avait une urgence sociale. Le  rapport Ducpétiaux ouvrira la voie aux premiers pas de la législation sociale avec en 1889 l’interdiction du travail des enfants.

1893 1902 1913

Ces trois grèves générales permettront de mettre fin au suffrage censitaire réservé aux possédants pour passer au suffrage plural (une à trois voix selon les revenus et le degré d’instruction) puis au suffrage universel pur et simple : un homme, une voix.

1936

Les congés payés.

1955

La semaine de 5 jours.