CDM au Qatar : la FGTB Construction mène une longue bataille pour défendre les droits des ouvriers

Maintenant que la presse consacre presque tous les jours des articles à l'organisation de la Coupe du monde de football au Qatar 2022, nous tenons à souligner que – depuis la désignation du Qatar comme pays hôte de la Coupe du monde (en 2010) – nous menons avec la FGTB une campagne pour la protection et l'amélioration des droits des ouvriers qui construisent les stades de football.

En collaboration avec l'IBB (l’Internationale des travailleurs du bâtiment et du bois), plusieurs campagnes ont été menées pour ouvrir les yeux sur les terribles conditions de travail et de vie des travailleurs principalement immigrés qui construisent les temples du football.

Nous avons rendu visite à la fédération nationale de football à Bruxelles en 2015 afin de faire pression sur la FIFA pour qu'elle ne se préoccupe pas uniquement des aspects sportifs mais aussi et surtout des aspects sociaux auxquels sont confrontés les travailleurs immigrés dans le cadre de la campagne Carton rouge pour la FIFA. Déjà à l’époque, nous pouvions prédire que des milliers de travailleurs perdraient la vie pendant la construction des stades. Nous dressions alors un carton rouge envers la FIFA.

Nous ne voulons pas du tout dire que les problèmes ont complètement disparu, ils restent toujours colossaux, mais sous la pression des syndicats nationaux et internationaux, de nombreuses améliorations ont été mises en place pour les travailleurs. Et ce, dans un pays où les gens, et encore moins les droits syndicaux, ne constituent guère une priorité.

Les conventions existantes avec les entreprises de construction internationales qui construisent les stades ont également permis d'établir un dialogue entre le gouvernement, les employeurs et nos travailleurs. En Belgique, il existe un tel accord cadre international avec certaines entreprises de construction.

Malgré le manque de données officielles accessibles et vérifiables concernant les conditions réelles de travail et de vie (nombre de décès et d'accidents sur les chantiers de la Coupe du monde, conditions de logement, liberté de circulation des travailleurs immigrés, etc.), il semble tout aussi difficile de nier les mesures positives prises par le gouvernement du Qatar que de vérifier l'efficacité de leur mise en œuvre. Il paraît tout aussi compliqué de pouvoir observer l'amélioration concrète et générale des conditions de travail et de vie qui en résulte pour les travailleurs immigrés au Qatar.

Ainsi, des progrès ont été réalisés grâce à l'introduction d'un salaire minimum et d'une loi sur la protection de la rémunération, la création d'une inspection du travail chargée de superviser les aspects liés à la santé et à la sécurité, l'abolition du système de la kafala (les migrants ne sont autorisés à travailler au Qatar que sous la supervision d'un "parrain", à qui ils doivent remettre leur passeport) et au démarrage d'un dialogue entre employeurs et travailleurs à travers la création des dits comités de travailleurs.

Bien entendu, il reste une longue liste de recommandations et de défis à relever. Il s'agit surtout de l'application efficace et dissuasive de sanctions. Ainsi, les sanctions qui s'appliquent aux entreprises qui ne respectent pas les accords, doivent devenir plus efficaces et contraignantes. Il faut aussi davantage d'inspecteurs du travail ayant la possibilité de visiter tous les chantiers. Le paiement des salaires – dans leur intégralité et dans les délais – doit être rapidement imposé par les inspecteurs. La récupération des montants non payés doit être rendue possible et facile, même après le retour des travailleurs immigrés dans leur pays d'origine.

Le système des comités de travailleurs devrait également être élargi, même s'il ne s'agit toujours pas d'un système de liberté syndicale globale, p.ex. pour mener des négociations collectives. 

L'IBB ainsi que d'autres organisations syndicales européennes et internationales, dont la FGTB Construction, ont pu effectuer des visites de chantier dans la plupart des stades en construction. Les recommandations de ces inspections ont permis des améliorations importantes pour les ouvriers, allant de l'accès à la nourriture et à l'eau, un logement correct, des accords sur la santé et la sécurité, à la création de comités de travailleurs, etc.

Nonobstant ce constat, la situation de bon nombre d'ouvriers est loin d'être rose. Comme mentionné précédemment, le gouvernement du Qatar a annoncé récemment de nouvelles mesures en vue d'améliorer les conditions de travail des ouvriers, ce qui a accru les attentes de ces derniers. Nous exigeons par conséquent que toutes les normes internationales en matière de sécurité au travail soient appliquées dans leur intégralité.  

La FGTB Construction continuera à se battre en faveur d'un travail décent pour tous les ouvriers de la construction, en Belgique, en Europe et dans le monde entier.