« Nous ne sommes pas des criminels, nous sommes simplement là pour prendre soin des plus faibles. »

La manifestation nationale pour la défense des libertés syndicales et de notre pouvoir d'achat a rassemblé plus de 6.000 militants. Chaque personne présente lors de cette action a sa propre histoire, sa propre réalité mais toutes et tous se battent pour la même cause. 

Aby Gaëlle travaille dans les titres-services, 18 heures par semaine et est maman de 4 enfants. A la question pourquoi est-il important d’être là aujourd’hui, elle n’a aucune hésitation :

« On doit se souvenir des combats de nos ancêtres. C’est grâce à eux que nous avons des conditions de travail acceptables, la journée de 8 heures, les congés payés,… Et aujourd’hui, on a plus que jamais besoin de nos délégués pour nous défendre. Si on attaque les droits syndicaux, on les empêche de faire leur travail. Or, on en a grand besoin. Avec nos salaires, on n’y arrive plus. J’en arrive à un point où il faut choisir pour chaque dépense. Et pour nous, dans les titres-services, on doit même payer pour aller travailler… nos frais de déplacement ne sont pas suffisamment remboursés ni le parking. Pourtant on est dans les salaires les plus bas. Le sentiment que j’ai, c’est qu’on ne nous respecte pas. Mais on s’accroche, on ne baisse pas les bras et on se battra jusqu’au bout. »

Gilberte est retraitée du secteur du nettoyage, ce qui la met le plus en colère, c’est cette impression que l’on prend l’argent de tous les côtés à ceux qui n’en ont déjà pas assez :

« Tous les mois, je me demande comment je vais arriver à tenir jusqu’au 30. J’ai commencé ma carrière très jeune, à 16 ans, dans le secteur du nettoyage. Et aujourd’hui, j’ai une pension de 1.100 €. Quand on retire 500 € de loyer, le chauffage, l’électricité, les frais médicaux… il ne reste souvent plus rien. Du coup, la flambée des prix de l’énergie est une véritable angoisse. Mais si je suis ici aujourd’hui, c’est pas uniquement pour moi mais aussi pour mes enfants et mes petits-enfants.  C’est important. »

Aby et Gilberte
Aby et Gilberte

Olivier et Gianni travaillent dans le secteur du gardiennage, un secteur reconnu comme essentiel au plus fort de la crise du Covid. S’ils sont descendus dans les rues ce lundi, c’est avant tout pour réclamer le droit de vivre dignement de leur travail :

« Pendant la crise, on était un secteur essentiel, mais quand il a fallu négocier, on s’est retrouvé coincé avec les 0,4%. C’est un message qui passe difficilement auprès des travailleurs et c’est pour ça qu’on doit se battre pour que la loi de 96 change et que l’on puisse enfin négocier de manière plus juste. Les chiffres du secteur sont bons, et nous, on nous donne des miettes. A côté de ça, il y a aussi l’attitude du gouvernement qui se montre trop gourmand, il doit réduire de toute urgence la TVA sur l’énergie. »

Olivier et Gianni
Olivier et Gianni

Maurice travaille dans le secteur des ETA. Il est venu pour défendre les droits des délégués :

« Nous ne sommes pas des criminels, nous sommes simplement là pour prendre soin des plus faibles. On a vraiment l’impression que les politiques vivent sur une autre planète, ils ne voient pas nos salaires qui stagnent, les prix qui augmentent… Ils n’en ont rien à faire de nous. Dans mon secteur, les salaires sont très bas, autour de 1.100 €. On court à la catastrophe. »

Maurice
Maurice

Catherine est aide-ménagère dans le secteur des titres-services à Bruxelles. Elle est entrée en action à deux reprises le jour de la manifestation nationale :

« Ce matin nous sommes allées chez Daoust à Bruxelles pour leur demander pourquoi Daoust et Federgon bloquent l’augmentation de nos salaires. Ils ne veulent pas nous entendre. Nous avons mené une action devant leurs portes car nous réclamons un salaire plus élevé. Federgon nous offre des choses lors des négociations, mais ce n’est pas suffisant. Les frais de déplacement par exemple, ils ne veulent pas augmenter l’indemnité ! Et en ce qui concerne nos salaires, les travailleurs d’autres secteurs demandent la prime corona, mais chez nous les employeurs ne veulent pas en parler. Nous avons toujours travaillé, c’est souvent un travail dur, et tout particulièrement lors de ces deux années très instables. Je ne comprends pas pourquoi ils refusent. Nous allons manifester devant les bureaux de tous les grands employeurs du secteur des titres-services, car il n’y en a aucun qui veut faire un geste. Ils doivent entendre qu’il est temps de partager les profits, pas uniquement avec leurs actionnaires, mais aussi avec les travailleuses. C’est aussi pour ça que nous sommes présentes lors de la manifestation nationale pour le maintien de notre pouvoir d’achat. »

Cahterine et les autres délégués qui ont manifesté
Catherine et les autres militant(e)s qui ont protesté devant les portes de Daoust