A qui profitent les frais supplémentaires réclamés par les entreprises de titres-services ?

Ces dernières semaines, certaines agences de titres-services réclament des frais supplémentaires à leurs clients. Des frais qu’elles justifient par l’indexation des salaires et les frais de déplacement des travailleuses. Au regard de la mauvaise foi affichée par les employeurs du secteur pour améliorer les conditions de travail des aide-ménagères, nous sommes en droit de nous questionner quant à l’usage qui est réellement fait de l’argent ainsi récolté. 

L’initiative de certains employeurs du secteur des titres-services confirme ce que nous pensons de ceci et de la dérégulation qu’ils veulent mettre en place. Une proposition plutôt malvenue alors que les syndicats dénoncent une situation critique depuis longtemps. En effet, les négociations sectorielles dans le secteur des titres-services sont à l’arrêt depuis plus de six mois. Les entreprises ne veulent pas négocier de convention pour améliorer les frais de déplacement au niveau sectoriel mais ils n’ont pas de scrupules à demander des frais supplémentaires aux clients. Federgon, la fédération des entreprises de travail intérimaire et des titres-services, refuse de négocier un salaire décent et des conditions de travail dignes aux aide-ménagères. Pour rappel, dans le système des titres-services, les aide-ménagères paient elles-mêmes la plupart de leurs tickets de transport et de stationnement. Elles qui perçoivent de bas salaires, elles déboursent une moyenne de 200 € par mois pour se déplacer pour aller travailler !  

Alors que la situation devient critique pour les aide-ménagères, les entreprises ne disposent pas de convention pour améliorer les frais de déplacement. Les employeurs restent retranchés dans leur mutisme. Mais nous constatons que leur langue se délie pour réclamer des frais aux utilisateurs. 

Des utilisateurs dindons de la farce ?

Alors que les sociétés commerciales des titres-services affiliées à Federgon ont réalisé de plantureux bénéfices avec l’argent public (voir sur www.legrandnettoyage.net), ces entreprises préfèrent rétribuer les actionnaires en facturant des suppléments aux utilisateurs. 

Justifier ces suppléments pour cause d’indexation des salaires des travailleuses est un leurre car comme l’a reprécisé Christie Morreale (ministre de l’emploi du gouvernement wallon) dans une lettre d’information aux utilisateurs :  lors d’une indexation automatique de 2% dans le secteur, c’est la Région wallonne qui prend l’augmentation à sa charge. Et ce, sans la répercuter sur le prix que paie l’utilisateur ! Le paiement reçu par l’entreprise évolue donc avec le coût de la vie. Aujourd’hui, nous avons la preuve de l’usage qui est fait de ces frais supplémentaires injustifiables car ils ne servent qu’à rétribuer les actionnaires.

Piqûre de rappel de la ministre Morreale

Nous saluons le rappel fait par la ministre Morreale et attendons toujours une réaction des autres ministres régionaux. Christie Morreale, a tenu en effet à rappeler que le coût des titres-services n’a pas augmenté en tant que tel. Ce sont les entreprises qui se sont octroyées cette liberté. Comme elle le rappelle : toute demande de frais supplémentaires doit concerner des frais réels et raisonnables et l’entreprise doit clairement justifier le pourquoi de ces frais et établir une facture. 

Aujourd’hui, les aide-ménagères ne bénéficient d’aucune avancée en matière de remboursement des frais de déplacement. Pour nous, il s’agit clairement d’un dol à l’égard des clients mais surtout des travailleurs. La ministre réfléchit à la mise en place d’un encadrement et d’un contrôle de ces frais complémentaires pour lutter contre les dérives. Nous plaidons pour des modifications législatives qui vont dans l’intérêt des aide-ménagères et non plus des actionnaires.