Les travailleurs domestiques sud-africains obtiennent le salaire minimum

Les actions des travailleurs domestiques en Afrique du Sud ont porté leurs fruits. Depuis le 1er mars 2022, ils ont droit au nouveau salaire minimum national. L’accès à cette forme de protection sociale s’ouvre ainsi enfin pour 892 000 travailleurs domestiques, dont la majorité sont des femmes. Bien que le salaire minimum ne suffise pas pour les sortir de la pauvreté.

Le 1er mars, le gouvernement sud-africain a augmenté le salaire minimum national de 21,41 rands (1,29 €) par heure à 23,19 rands (1,39 €) par heure, une hausse de 6,9%. Il a en outre octroyé le droit au salaire minimum aux travailleurs domestiques qui, jusqu’à cette date, en étaient exclus. L’octroi du droit au salaire minimum national récompense les travailleurs domestiques en Afrique du Sud pour leur inlassable combat contre les mauvaises conditions de travail.

Une protection minimale

En 2019, les travailleurs domestiques avaient déjà réussi à élargir l'indemnité en cas d'incapacité au personnel domestique. C’était le résultat de plusieurs années de combat juridique à la suite du décès de Maria Mahlangu, qui s’était noyée dans la piscine de son employeur. L’employeur avait offert à sa famille le montant dérisoire de 300,14 € en guise de dédommagement pour sa mort. Le syndicat SADSAWU s’est battu, avec la fille de Maria, contre cette injustice et a ainsi obtenu une indemnité en cas d’incapacité de travail pour les travailleurs domestiques.

L’histoire des aides domestiques en Afrique du Sud démontre l’importance d’une protection sociale qui tient compte du genre et de la race d’une façon positive. Les systèmes de sécurité sociale sud-africains ont longtemps exclu les groupes vulnérables tels que les femmes et les migrants. Les emplois dans lesquels ces groupes sont principalement actifs ont été explicitement mis à l’écart par la législation. Les travailleurs domestiques en Afrique du Sud sont principalement des femmes noires puisque, dans le passé, le travail domestique était un des rares emplois auxquels elles avaient accès. Le droit au salaire minimum est un pas en avant pour un groupe qui est traditionnellement exploité.

Pas encore de garantie contre la pauvreté

Même si certains travailleurs domestiques ont longtemps aspiré au droit au salaire minimum national, d’autres ont des réserves. “Cette augmentation salariale ne suffit toujours pas pour sortir ma famille de la pauvreté”, raconte un travailleur domestique affilié au SADSAWU. Selon Statistics South Africa, le seuil de pauvreté inférieur est fixé à 37,46 € par personne par mois, ou 131,34 € pour un ménage moyen composé de trois à quatre membres. Ce seuil ne tient pas encore compte des coûts tels que le loyer, le transport, les frais de scolarité et autres équipements. Selon une autre enquête, les ménages avec un chef de famille féminin ont le plus grand risque d’être confrontés à la pauvreté et à l’insécurité alimentaire. Et c’est exactement la situation de nombreuses travailleuses domestiques.

Plus d’actions sont nécessaires

Dans un même temps, certains travailleurs domestiques craignent la perte de leur emploi parce que leur employeur ne sera pas en mesure de payer le nouveau salaire : “Je gagne seulement 2500 rands. Est-ce que mon employeur me paiera le nouveau salaire mensuel de 3700 rands ? Que faire s'il me licencie ?”, demande un membre du SADSAWU inquiet. Ce sont des préoccupations légitimes, étant donné le taux de chômage élevé du pays.

La situation précaire des travailleurs domestiques en Afrique du Sud s’améliore donc petit à petit. Il est cependant nécessaire de fournir des efforts de mobilisation supplémentaires pour protéger leurs droits. Le nouveau salaire ne peut pas servir d’excuse aux employeurs pour licencier leurs travailleurs. Les syndicats et le ministère du Travail doivent faire des démarches pour éviter cela. Dans l’esprit de la solidarité internationale, le SADSAWU et la CG continueront la lutte pour un travail et salaire décent : en Belgique, en Afrique du Sud et partout dans le monde.