Trafic d’êtres humains dans la chimie

Fin juillet, une grave situation d'exploitation sociale et de traite d’êtres humains a été découverte dans le port d'Anvers sur le chantier de Borealis. Sans scrupule, un intermédiaire a ensuite embauché une partie des victimes, avec des faux papiers, pour un chantier situé sur le site de BASF. Au total, 174 travailleurs sont concernés. 

Dumping social et trafic d’êtres humains

Lorsque des entreprises tentent de violer, de contourner ou d'affaiblir la législation sociale dans le seul but d'obtenir un avantage économique, on parle de dumping social. Cette pratique est particulièrement fréquente sur les chantiers de construction. Dans la pratique, le travailleur peut se voir lésé de différentes façons : retenue sur salaire, non-paiement des frais de déplacement... ou encore prestations d’heures supplémentaires sans limites et compensation.  

Dans le cas du chantier de Borealis, un système complet de traite d’êtres humains a été découvert. Outre le dumping social, les travailleurs ont payé un lourd tribut pour leur transport jusqu’en Belgique et pour leur poste de travail. Ils ont également été hébergés dans des logements insalubres.

Un intermédiaire sans scrupules

Sans le moindre scrupule, un intermédiaire a ensuite dirigé une partie des victimes vers le site de BASF, toujours dans le port d’Anvers. Là aussi des pratiques frauduleuses ont été découvertes par les services d’inspection. 

Ces deux affaires de fraude sociale qui ont largement été couvertes par voie de presse ne sont malheureusement pas des cas isolés. La lutte contre le dumping social et la traite des êtres humains est depuis des années au cœur d’actions et de campagnes menées par les militants syndicaux du secteur de la construction.

L’histoire ne doit pas s’arrêter là

Le secteur de la chimie ne peut pas attendre les bras croisés que de nouveaux cas fassent la une des journaux. Nous devons unir nos forces avec le secteur de la construction pour lutter efficacement contre toute forme d’exploitation sur le marché du travail. 

Concrètement, des contrôles accrus et des sanctions plus sévères sont indispensables. Une adaptation de la législation s’impose aussi : le maître d'œuvre et l'entrepreneur principal doivent être tenus pour responsables en dernier ressort. De même, la chaîne des sous-traitants doit être réduite de manière drastique. 

Outre le renforcement des contrôles et du cadre juridique, il est possible d’agir directement au sein des entreprises qui ont recours à la sous-traitance. Comment ? En améliorant la concertation sociale. Contrairement à aujourd’hui, les représentants des travailleurs doivent être informés et consultés préalablement au recours à la sous-traitance. Cela leur permettra d’agir en amont et de contrôler ensemble avec leur employeur si les travailleurs sous-traitants sont respectés.

Quel avenir pour les victimes ?

Depuis l’affaire Borealis, plusieurs semaines se sont écoulées. Sur les 174 victimes recensées, seules 55 ont reçu de l'aide. Ces 55 travailleurs peuvent désormais reprendre le travail en toute légalité. Les autres attendent toujours un permis de séjour. Sans ce document, ils ne peuvent pas gagner d'argent et ne peuvent donc pas payer leur logement ou leur nourriture. En outre, ils sont toujours dans l’attente de l'argent pour le travail qu'ils ont effectué. L'urgence est donc double : venir en aide aux victimes aujourd'hui et prévenir toute exploitation sociale à l'avenir.