Stop aux promesses, les victimes veulent des actes

Plus de deux mois se sont écoulés depuis le constat d'un cas grave de traite d’êtres humains sur le chantier de Borealis à Anvers et aucune solution n’a été trouvée pour venir en aide aux victimes. Littéralement laissés pour compte, elles appellent à l’aide et gardent l’espoir d’une solution juste. Ce vendredi, elles rencontraient le cabinet de la ministre flamande Crevits, laquelle ne prend pas d’engagement et renvoie la balle au fédéral.

En juillet dernier, nous vous relations l’exploitation scandaleuse de travailleurs étrangers sur le chantier de Borealis dans le port d’Anvers. Un système complet de traite d’êtres humains avait alors été découvert. Outre le dumping social, les travailleurs concernés ont payé des milliers d’euros pour leur transport jusqu’en Belgique et pour leur poste de travail. Attirés en Belgique sur base de promesses mensongères et sans copie de leur contrat de travail, ils ont été hébergés dans des logements insalubres. 174 victimes sont à dénombrer.  

Tous ont introduit une demande de reconnaissance « victimes de traite d’êtres humains » mais seul  138 d’entre eux l’ont été jusqu’à présent.

Le temps presse

Deux mois se sont écoulés depuis la découverte de cette exploitation scandaleuse et les victimes présentes sur le site de Borealis sont toujours dans l’attente de solutions. Toutes espèrent obtenir un permis de séjour, une aide, un abri… Après avoir mené 8 jours d’actions à Anvers, les victimes se sont rassemblées à Bruxelles devant le cabinet de la ministre du bien-être Hilde Crevits ce vendredi 23 septembre. 

« La situation est d’autant plus urgente que 83 personnes vont être expulsées de leurs logements », explique l’avocat Jan Buelens. « Le centre d’accueil Payoke est prêt à les aider mais le gouvernement doit absolument apporter son soutien pour la régularisation sans quoi les victimes ne peuvent pas travailler. »

Des militants de la Centrale Générale - FGTB était présents lors de l'action de ces travailleurs devant le gouvernement flamand ce vendredi matin afin de leur apporter leur soutien. 

« A l’issue de la rencontre avec le cabinet Crevits, aucun engagement n’a été pris, même si les interlocuteurs ont promis de trouver une solution à court terme…  Il est grand temps d’arrêter de déplacer la responsabilité vers les autres niveaux de pouvoir. Que la responsabilité soit flamande ou fédérale, les victimes ont besoin d’une solution rapide » explique Gianni De Vlaminck, secrétaire fédéral de la FGTB Construction.

Sanctionner sévèrement les contrevenants

La lutte contre le dumping social est une priorité de notre syndicat. Pour nous, des contrôles accrus et des sanctions plus sévères sont indispensables. Une adaptation de la législation s’impose aussi : le maître d'œuvre et l'entrepreneur principal doivent être tenus pour responsables en dernier ressort. De même, la chaîne des sous-traitants doit être réduite de manière drastique. 

Il est également nécessaire d’améliorer la concertation sociale. Les représentants des travailleurs doivent être informés et consultés préalablement au recours à la sous-traitance. Cela leur permettra d’agir en amont et de contrôler ensemble avec leur employeur si les travailleurs sous-traitants sont respectés.