Violences sexuelles au travail : Comment (ré)agir ?

Les violences sexistes et sexuelles au travail font l’objet d’une réflexion régulière au sein du Bureau wallon des Femmes de la FGTB. Cette question a d’ailleurs fait l‘objet de la 4e  journée des États généraux féministes organisée, en novembre 2019, avec le CEPAG, mouvement d’éducation permanente1 . En voici les principales conclusions…

La violence à l’égard des femmes est multiforme : intrafamiliale, verbale, physique et/ou sexuelle, sexiste, psychologique, économique… Mais elle est également présente à tous les niveaux de la société : dans la sphère privée, dans l’espace public et au travail.

Nous le verrons dans le dossier, où que se situe la violence, trop souvent, c’est la loi du silence qui prime. Comme dans la sphère privée ou domestique, les victimes de violences sexistes ou sexuelles au travail doivent souvent se taire. En outre, les statistiques établies par les autorités sont encore peu nombreuses.

Peu de femmes ont la force de réagir ou de dénoncer les faits par peur de perdre leur emploi, par honte, en raison de la lourdeur de la procédure ou parce qu'elles estiment que ça ne sert à rien... Sur ce dernier point, le fait que, dans de nombreux secteurs, les délégations syndicales comptent encore trop peu de femmes en leur sein peut avoir une influence. En effet, une femme victime aura plus de difficultés à s’adresser à un homme qu’à une femme et ce, en particulier en cas d’agression sexuelle.

Par ailleurs, la peur de réagir et ainsi, de mettre en péril son emploi ou ses chances de promotion a été encore renforcée par les politiques d'austérité. Les économies réalisées sur les allocations sociales (comme les allocations de chômage ou les allocations de garantie de revenu pour le travail à temps partiel) et la limitation des droits sociaux (notamment celle des périodes assimilées) touchent plus particulièrement les femmes, dont elles restreignent l'autonomie financière.

Ces politiques austéritaires aggravent donc le sort des femmes exposées à la violence, qu’elle soit conjugale, intrafamiliale ou au travail. Elles ont également fortement réduit les moyens alloués à la Justice, ce qui a aussi un impact sur la prise en charge des femmes victimes de violences.

25 novembre : Une journée internationale contre les violences faites aux femmes

En 1999, l'Assemblée générale de l’ONU a proclamé le 25  novembre «  Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes ». Une journée importante pour les féministes et les organisations qui les soutiennent car elle est l’occasion de rappeler qu’aujourd’hui encore, la violence à l’égard des femmes et des filles constitue l’une des violations des droits humains les plus répandues, les plus persistantes et les plus dévastatrices dans le monde. Ces violences sont la conséquence directe d’un système patriarcal encore fortement ancré dans l’ensemble de la société.

 

Les inégalités entre les sexes persistent en effet dans le monde entier, empêchant les femmes et les filles d'exercer leurs droits fondamentaux et compromettant leur vie ainsi que leur avenir. Des efforts doivent être faits pour parvenir à l'égalité des sexes et autonomiser les femmes et les filles, notamment sur le plan juridique. D’ailleurs, la Belgique ne respecte pas ses engagements en la matière en n’appliquant pas totalement la Convention d’Istanbul qu’elle a pourtant officiellement adoptée en 2016.

Une nécessaire approche individuelle ET collective

Lors de la réflexion menée à l’occasion des États généraux féministes, les aspects et outils légaux ont été particulièrement mis en avant. Le harcèlement moral, la violence et le harcèlement sexuel au travail ont un impact sur la santé, la sécurité et donc le bien-être de l’ensemble des travailleuses et travailleurs. L’employeur est donc tenu de respecter la législation en la matière. La législation existante — et qui comporte des aspects tant positifs que négatifs — doit donc être davantage exploitée.

En reprenant la violence et le harcèlement sexuels au travail sous la catégorie des « risques psychosociaux », la loi met ainsi en évidence la responsabilité des employeurs. Ils ont donc des obligations et procédures à respecter et ne peuvent se dédouaner de toute responsabilité lorsque de tels actes sont commis.

On ne peut pas non plus négliger le rôle joué par l’organisation du travail, notamment dans certains secteurs. Ainsi, les femmes d’ouvrage ou les aides ménagères travaillant souvent seules, à l’extérieur de l’entreprise, sont par exemple plus vulnérables.

Au niveau des organisations syndicales, il serait opportun que les formations sur la prévention et la gestion des risques psychosociaux prennent davantage en compte la dimension du genre pour mettre en lumière les rapports de domination à l’œuvre en cas de violences sexuelles au travail. Il serait également important de travailler encore plus avec les délégués et déléguées sur la déconstruction des stéréotypes de genre dont se nourrissent les violences à l’égard des femmes. En  effet, les propos et comportements sexistes préfigurent souvent la violence physique sexiste et sexuelle.

Notre société est construite sur un modèle patriarcal pour lequel la femme est encore et toujours perçue comme une personne plus sensible et fragile sans réels moyens de défense. Cela induit des rapports inégalitaires dans la société qui sont transposables dans les collectifs de travail :

  • inégalité salariale ;
  • plafond de verre et plancher collant ;
  • ségrégation horizontale du marché du travail ;
  • temps partiels majoritairement féminins ;
  • femmes majoritairement victimes de violences conjugales ou intrafamiliales qui ont aussi un impact sur leur vie professionnelle ;
  • femmes majoritairement victimes de violences et de harcèlement sexuels au travail.

Il apparaît donc essentiel d’avoir une approche individuelle des cas de violences sexistes ou sexuelles au travail ou dans la sphère privée tant pour assurer un accompagnement adapté et efficace de la victime que pour sanctionner l’auteur. Mais cela doit être combiné à une approche collective. Cette approche globale contribuera à faire en sorte que l’organisation du travail ne soit pas « facilitatrice » ou « propice » à ce type d’agissements mais aussi de tenir compte, par exemple, de l’impact des violences conjugales sur le bien-être au travail. Plus largement, cela permettrait à combattre le sexisme et à contribuer, enfin, à une société plus égalitaire.

Victime ou témoin de violences sexuelles ou sexistes au travail ?

La Cellule de Lutte contre les discriminations du CEPAG et de la FGTB wallonne (CLCD) est à vos côtés pour lutter contre toutes formes de discriminations —  notamment sexistes  —, d’exclusion ou d’exploitation à l’embauche, lors d’une formation ou au travail. Concrètement, la CLCD vous apporte une écoute, de l’information et un accompagnement de qualité si vous êtes témoin ou victime de discrimination.

 

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