Sauver 2000 vies par an en réduisant l’exposition à la silice

Marianne Thyssen va intégrer la poussière de silice dans la nouvelle directive relative aux agents cancérogènes. Mais la valeur l'imite d'exposition proposée n'est pas suffisante.

Marianne Thyssen, commissaire européenne pour l’emploi, a entrepris la révision de la directive relative aux agents cancérogènes. Elle propose d’enfin reconnaitre les dangers de la poussière de silice. Une décision saluée par les syndicats qui réclamaient cette reconnaissance depuis plus de 15 ans. Mais la valeur limite d’exposition proposée par la commissaire n’est pas satisfaisante. Non seulement elle correspond au seuil déjà d’application en Belgique, à savoir 0,1 mg/m3, mais en plus, pour vraiment préserver la santé des travailleurs concernés, le seuil devrait être réduit de moitié.

Même si les charbonnages ont fermé leurs portes depuis de nombreuses années, près de 5 millions de travailleurs européens sont encore exposés quotidiennement à la poussière de silice sans équipement de protection adéquat. Ce minéral est utilisé comme matière première dans la fabrication du verre mais il se retrouve également sous forme de poussières dans l’air dans les carrières, dans la céramique ou encore dans les métiers de la construction. Les effets de la poussière de silice peuvent être particulièrement graves pour la santé et peuvent entrainer des bronchites chroniques, asthme, la silicose et des cancers du poumons. Réduire la valeur limite d’exposition professionnelle (VLEP) pour la silice cristalline au niveau le plus bas possible est donc essentiel.

La CES sensibilise

La Confédération Européenne des Syndicats (CES), dont notre centrale est membre, se bat depuis de nombreuses années afin que la silice soit reprise sur la liste des substances cancérogènes établie par la commission européenne. Ce sera bientôt chose faite mais la nouvelle directive n’est pas suffisamment contraignante.

« Le taux de 0,1 mg/m³ au niveau européen, prôné par Marianne Thyssen et les lobbies industriels est une avancée pour la plupart des pays européens, mais ne permet pas de protéger la santé des travailleurs à un niveau acceptable » déclare Philippe Vigneron du service d’études la Centrale Générale – FGTB. « Les études sont sans appel, un taux d’exposition de 0,05 mg/m³ permettrait de sauver jusqu’à 100.000 vies sur 50 ans. Actuellement, la norme d’application en Belgique est de 0,1 mg par mètre cubes d’air. Si la loi européenne impose un taux de 0,05mg/m3, elle obligerait également la Belgique à s’aligner. Ce serait une excellente nouvelle. Mais ce n’est pas gagné».

Lobbies industriels ou santé des travailleurs ?

Fin février, la proposition de Marianne Thyssen a été amendée par la commission des Affaires sociales du Parlement Européen. Cet amendement porte la VLEP à la poussière de silice à 0,05mg avec une période de transition de 10 ans pour les Etats qui le souhaitent. Le Conseil de l’UE doit désormais marquer son aval puis la directive amendée reviendra dans les mains de la Commission européenne qui devra à son tour marquer son accord. Reste à espérer que la balance de la commission penchera du côté des intérêts des travailleurs et non pas du côté des intérêts économiques. Seules des limites d’exposition plus strictes permettront de rendre les postes de travail plus sûrs et préserveront les travailleurs des cancers professionnels.