Pas une grève politique, une grève climatique !

La Centrale Générale - FGTB a décidé de répondre positivement à la demande des jeunes de rejoindre le 15 mars prochain les actions pour le climat. Même si beaucoup de réactions ont été positives, nous avons aussi reçu des réactions négatives. Voici une mise au point.

La semaine dernière, la Centrale Générale - FGTB, a décidé de répondre positivement à la demande des jeunes de rejoindre les actions pour le climat le 15 mars prochain.

Même si beaucoup de réactions ont été positives, nous avons aussi reçu des réactions négatives, en particulier sur les réseaux sociaux. Laissant entendre que pour nous, seule la grève compte, peu importe la cause. Et une fois de plus, la notion de grève politique a refait surface. Certes, nous ne devons pas nous justifier, néanmoins une mise au point nous semble utile. 

L'action collective comme moteur de changement

En tant que syndicat, nous croyons en la force de l’action collective pour mettre des dossiers dans l’actualité, pour dénoncer ce que nous jugeons inacceptable ou encore pour mettre en avant des dossiers qui sont traités de manière inadéquate par le politique ou le patronat. L’histoire du mouvement ouvrier regorge d’exemples démontrant que l’action collective est non seulement nécessaire mais qu’elle est aussi un moteur de changement. Aujourd’hui encore, c’est vrai.  

A nos détracteurs, nous disons : l’action collective n’a jamais été uniquement synonyme de grève générale et encore moins de révolte armée. L’action collective se décline sous diverses formes : manifestation, concentration, action ponctuelle, assemblée du personnel, lobbying et… grève.  

Lorsque des dizaines de milliers de jeunes mènent des actions collectives (et c’est précisément ce qu’ils font) et qu’ils sollicitent le soutien du mouvement syndical, nous ne pouvons que les suivre et avec beaucoup de conviction. A leur demande, pas dans un but de récupération.

Lançons-nous un appel à la grève générale pour le 15 mars ? Non, notre seule démarche consiste à donner la possibilité à nos affiliés et militants de prendre part aux actions pour le climat.

Naturellement, nous expliquerons aussi pourquoi nous y participerons. Nous sensibiliserons sur l’importance de participer car participer n’est pas un automatisme. La prise de conscience se fait pas à pas. 

Notre participation n’est ni naïve, ni inconditionnelle, ni encore inspirée par une pulsion irrépressible à faire grève. 

Des mesures climatiques s'imposent...

Le changement climatique est un problème et des mesures s’imposent. Impopulaires, voire très impopulaires. Mais c’est véritablement une nécessité. Et les jeunes attirent notre attention sur cette nécessité, Greta, Anuna …, mais plus encore Emma, Ahmed ou Marie, des adolescents anonymes. Leur avenir, leurs chances de s’en sortir dépendent des mesures que nous prenons. Des mesures qu’ils doivent aujourd’hui imposer, que NOUS pouvons aujourd’hui imposer.

C’est cette seule raison qui nous pousse en tant que syndicat à prendre parti. Pour l’avenir des travailleurs et de leurs enfants. 

Toutefois, ces mesures ne peuvent en aucun cas être injustes. Ni aujourd’hui, ni demain. Une raison de plus pour y participer.

... sans léser les plus faibles !

Après 5 années de politique néolibérale extrême, nous sommes particulièrement sceptiques quant aux mesures climatiques qui seront prises. Ce n’est pas faire preuve de paranoïa, mais plutôt de réalisme que de prédire que les plus faibles risquent d’être “les dindons de la farce”.

Les exemples sont légion. Selon vous, quels sont ceux qui ne pourront pas profiter de toutes les mesures en matière d’énergie durable? Ou plus clairement,  qui en subira le plus durement les conséquences ?   

Pour qui les solutions seront-elles tout simplement inaccessibles ? Avez-vous une idée de ce que coûte une voiture électrique ou hybride? 

En 2019, l’obligation de rembourser intégralement les déplacements professionnels en transport public n’est toujours pas généralisée en Belgique. Pourtant, les transports en commun constituent l’une des solutions...

Et les inégalités sont encore plus grandes au niveau mondial. Les conséquences d’un dérèglement climatique auront des conséquences beaucoup plus dramatiques sur le petit agriculteur d’un pays du tiers-monde que sur le milliardaire monégasque.  

Donc oui, nous tenons à participer aux actions afin d’éviter que les plus faibles ne paient la facture des mesures climatiques. 

Enfin, notre décision de participer n’est pas naïve pour une autre raison. 

Soutenir l'engagement des jeunes

Le mouvement syndical, la FGTB, ma centrale repose sur l’engagement de dizaines de milliers de bénévoles que nous appelons dans notre jargon ‘militants’. Ils font exactement la même chose que ces jeunes aujourd’hui. Ils défendent, parfois bec et ongles, ce en quoi ils croient, ils agissent pour éradiquer les injustices. Cela peut aller d’un souci quotidien, par exemple une erreur dans le salaire, à une question mondiale comme la problématique de l’environnement. 

Et si les jeunes aujourd’hui, à l’instar des militants, s’engagent de façon désintéressée, prennent position à contre-courant, il est de notre devoir absolu en tant que syndicat de les soutenir. Au moment opportun, avec les moyens dont nous disposons. Et pour nous, le 15 mars est le bon moment. 

Et si nous arrivons à prouver aux jeunes que leur façon de ‘s’engager’ est similaire à la nôtre, peut-être que certains d’entre eux auront envie de poursuivre leur engagement lorsqu’ils seront dans la vie active. Par exemple, dans des associations pour la protection de la nature, une association de parents ou … dans le mouvement syndical.