Vers 500.000 malades de longue durée ?

La parution annuelle des statistiques de l’inami et l’augmentation du nombre de malade de longue durée est toujours l’occasion d’avoir des positions clivantes sur le sujet.

En effet, l’effectif des malades de longue durée est inquiétant, il atteint presque le demi-millions aujourd’hui. Les solutions libérales s’orientent vers un contrôle accru des malades et la mise en place d’un trajet de réintégration pour les forcer à reprendre le travail. Le gros soucis, c’est que les malades sont dans bien des cas effectivement incapable de reprendre le travail et cela pour une longue période.

Du coup, avec le recul que nous avons aujourd’hui, nous pouvons observer que dans une grande majorité de cas un licenciement sous la forme d’un C4 pour cas de force majeure est le dénouement du trajet de réintégration (56% des trajets de réintégration selon l’étude de Godderis et al. : Evaluation de l’impact de la nouvelle réglementation sur la réintégration au travail, 2020, sur le site du SPF emploi) .

Le point de vue de la centrale sur la question est tout autre : il faut se concentrer sur ce qui mène les travailleurs en invalidité , les conditions de travail. Les principales causes de l’invalidité concernent directement de mauvaise conditions de travail, il s’agit des troubles musculosquelettiques et des troubles psychiques (dont le stress au travail et le burn out).

La reconnaissance de ces maladies en maladies professionnelles reste extrêmement rare et ces personnes finissent donc par défaut à l’inami. (à la grande louche 30.000 travailleurs sont reconnus pour ces maladies chez FEDRIS contre 300.000 à l’inami)

D’autant qu’une analyse approfondie permet de voir que c’est plutôt dans les entreprises et sur les lieux de travail que le bât blesse. En effet, comme le montre l’étude de Godderis et al. la reprise du travail des malades dans les entreprises est presque toujours bloquée par le refus des employeurs de proposer un poste de travail adapté. (47 cas de travail adapté sur 430 parcours de réintégration. 85% de ces adaptations ne concernent que l’horaire de travail)

Voilà donc, pour nous, où il faut creuser, plutôt que de renforcer le contrôle auprès des travailleurs malades, il est nécessaire de contrôler davantage les conditions de travail dans les entreprises et limiter la possibilité aux employeurs de pourvoir refuser de mettre en place un travail adapté aux travailleurs malades qui souhaitent reprendre le travail.