Blocus de Gaza – 5 ans de machiavélisme

Voilà déjà très exactement cinq ans que la bande de Gaza étouffe sous le blocus draconien imposé par Israël. Ce bouclage par terre, air et mer ne suscite guère de réactions internationales. Cette passivité est incompréhensible et inacceptable. En effet, ce blocus a, non seulement, provoqué une crise humanitaire pour les 1,7 millions de palestiniens, mais éloigne aussi de plus en plus la solution à deux états. Les possibilités de développement durable sont éliminées et le lien entre la bande de Gaza et la Cisjordanie sera éventuellement totalement coupé. Or, ces deux territoires doivent faire intégralement partie du futur état palestinien.

Les autorités israéliennes entravent le commerce et la liberté de mouvement de et vers Gaza depuis les années nonante. La prise de pouvoir violente du Hamas à Gaza en 2007 a constitué un point culminant négatif de cette politique. Le 14 juin 2007, Israël empêchait totalement la libre circulation des biens et des personnes et, par voie de conséquence, anéantissait toute perspective de développement économique. Elle cherchait via cette ‘guerre économique’ à exercer une pression sur les citoyens pour faire plier Hamas.
Après l’incident avec la flottille en 2010 au cours duquel la marine israélienne a tué 9 activistes, Israël a quelque peu assoupli son blocus. Cependant, selon les Nations Unies, cet ‘assouplissement’ ne permet toujours qu’une importation à concurrence de 40% du volume de 2007. En outre, l’interdiction d’importer des matériaux de construction est maintenue car considérés par Israël comme du matériel à double emploi. Elle craint que le Hamas en fasse usage pour son infrastructure militaire. N’oublions pas aussi que l’exportation représente actuellement moins de 3% du volume d’avant juin 2007.

Comme pour d’autres mesures, Israël invoque la sécurité pour justifier son blocus. Or, n’est-il pas plus problématique pour la sécurité que des biens entrent librement sur le territoire via les tunnels ? Ciment, verre, acier : on trouve tout à Gaza. Seules les organisations de secours internationales n’y ont pas accès car devant importer via les passages frontaliers légaux. Il s’ensuit que la reconstruction promise de Gaza par la communauté internationale – après la guerre dévastatrice menée par Israël en 2008-2009 - s’est avérée impossible. Un exemple concret sont les coupures de courant journalières de 6 à 8 heures auxquelles les citoyens sont confrontées.

Les Nations Unies ont, à plus d’une reprise, déclaré que le blocus constitue une atteinte aux droits fondamentaux de l’Homme. Le Comité international de la Croix rouge le qualifie de châtiment collectif. Selon les NU, 38% de la population vit sous le seuil de la pauvreté et plus de la moitié n’a pas de quoi manger. Environ 30% de la population est au chômage. En outre, 35% des terres agricoles et 85% des pêcheries sont (partiellement) inaccessibles. Après 5 ans de blocus, plus de 60% de la population se retrouve en précarité alimentaire et 80% bénéficie de l’aide humanitaire. Le transport entre Gaza et la Cisjordanie est retombé à 1% de ce qu’il était en septembre 2000. Sans l’ombre d’un doute, le blocus israélien détruit l’individu et l’économie. Les habitants de Gaza espèrent avoir, un beau jour, à nouveau une vie normale, mais ils sont sceptiques. En effet, de nombreux rapports font état de la situation poignante dans laquelle ils se retrouvent. La volonté internationale fait malheureusement défaut pour intensifier la pression sur Israël.

Rien n’indique que les autorités israéliennes entendent adapter leur politique, au contraire. L’action des dirigeants politiques belges et européens visant le respect du droit international et la stimulation du développement à Gaza est vitale. Ils doivent alimenter l’intérêt pour ce problème, organiser des missions officielles et faire des déclarations à transposer ensuite en actes. Ils doivent également intensifier la pression sur Israël et exiger la levée du blocus afin de permettre la circulation entre Gaza et la Cisjordanie. En d’autres mots, l’UE doit lancer un signal très clair à Israël qu’il ne peut impunément violer le droit international et, simultanément, bénéficier d’un statut privilégié au sein de l’Union européenne. Pour l’heure, il est question de nouveaux accords et contrats de coopération auxquels Israël pourrait adhérer. Pourquoi ne pas rendre leur accès tributaire au respect du droit humanitaire international et des droits de l’homme par Israël ?

Entre temps, l’UE peut demander des compensations au gouvernement israélien pour des projets qu’elle a financés, mais qui ont été détruits. L’UE se doit aussi de veiller à ce que le développement de Gaza soit inscrit dans les plans des autorités palestiniennes. Il y a tant de choses que les gouvernements européens, y compris le gouvernement belge, peuvent faire. S’ils devaient recourir à l’ensemble des leviers disponibles, ce blocus n’atteindrait pas son sixième anniversaire.