Des cacahuètes distribuées rue Neuve pour demander un salaire vital
Ce jeudi, des militants d’achACT ont distribué des cacahuètes dans la rue Neuve, symbolisant les salaires trop bas de ceux qui fabriquent nos vêtements au Cambodge.

Ce jeudi 10 décembre, une vingtaine de militants d’achACT et de la Schone Kleren Campagne, dont fait partie la Centrale Générale - FGTB, ont distribué des cacahuètes aux passants de la rue Neuve, symbolisant les salaires trop bas de celles et ceux qui fabriquent nos vêtements au Cambodge.
Les passants étaient invités à interpeller H&M, Zara, C&A ou Levi’s, les principaux clients de l’industrie de l’habillement au Cambodge, pour garantir un salaire vital aux travailleurs de leurs fournisseurs. Des actions similaires ont été organisées, aux Pays-Bas, aux Etats-Unis, en Turquie, en Inde, aux Philippines et au Cambodge.
Une délégation représentants les travailleurs et les clients de H&M a ensuite remis un sachet de cacahuètes ainsi que les revendications des travailleurs cambodgiens au siège de H&M en Belgique. Aucun représentant de l’enseigne suédoise n’a accepté de les rencontrer.
164€/mois pour les femmes qui confectionnent nos vêtements, est-ce vraiment trop demander?
En octobre 2015, le gouvernement du Cambodge fixait le salaire minimum des travailleurs de l’habillement à 130€ par mois, autrement dit PEANUTS ! « Cela ne représente même pas 1/3 de ce que devrait être un véritable salaire vital, tel que calculé par l’Asia Floor Wage. C’est clairement insuffisant pour vivre dignement et stopper les évanouissements collectifs des travailleuses de la confection. » précise Jean-Marc Caudron d’achACT.
Depuis cette annonce, des milliers de travailleuses et travailleurs du secteur de l’habillement au Cambodge se mobilisent et arborent au travail un autocollant #WeNeed177 pour revendiquer un salaire minimum de 177$ (164€).
Aux marques d’agir !
En 2014, certaines d’entre elles, dont H&M, C&A, Zara et Levi Strauss, avaient pourtant promis d’ajuster le prix payé aux fournisseurs pour permettre une augmentation du salaire minimum des travailleurs. Aujourd’hui, un an plus tard, le salaire des travailleurs est toujours très en dessous du salaire minimum vital.
achACT, la Schone Kleren Campagne, Test-achat, des représentants les travailleurs de ces enseignes - la CNE, le SETCA et la LBC – ainsi que des représentent les travailleurs du textile - la CSC Météa et la FGTB-CG - ont une nouvelle fois interpellé par courier les quatre enseignes visées, pour qu’elles respectent et mettent en œuvre le droit des travailleurs de leur filière d’approvisionnement à gagner un salaire vitale. À ce jour, seuls H&M et C&A ont répondu.
H&M met en avant sa stratégie globale pour un salaire vital équitable ainsi que ses partenariats globaux avec IndustriALL Global Union et l’OIT. C&A met également en avant le partenariat global avec IndustriALL global Union. Pourtant, bien que certaines soient en cours depuis plusieurs années, ces initiatives n’ont encore eu aucun impact concret sur les conditions de travail et salariale des travailleurs dans les usines.
Les deux enseignes soulignent également que leur programme se base sur la promotion du dialogue social au Cambodge, seul chemin selon elles pour aboutir à un salaire vital de manière durable. Mais ce qu’elles oublient de mentionner, c’est que le gouvernement du Cambodge prépare une nouvelle législation du travail qui réduit les libertés syndicales et enfreint les Conventions de l’OIT sur la liberté d’association et le droit de négociation collective…
Pour achACT, l’amélioration du dialogue social, de la négociation collective et le paiement d’un salaire vital passent dès lors nécessairement par l’action de ces enseignes, afin de ne pas rester dans une impasse.
« Aujourd’hui, nous appelons donc H&M, Zara, C&A et Levi Strauss à passer enfin des paroles aux actes ! Ces leaders mondiaux doivent assumer leur leadership et négocier directement avec les syndicats cambodgiens un accord qui garantit le paiement d’un salaire minimum de 177$ aux travailleurs de leurs fournisseurs. Suite à l’effondrement du Rana Plaza, elles ont signé un tel accord sur la sécurité des bâtiments au Bangladesh. Aujourd’hui, elles peuvent nous montrer qu’elles n’attendent pas toujours une catastrophe de cette ampleur avant d’agir concrètement » conclut JeanMarc Caudron à la fin de l’action.