La semaine de 4 jours, pas une utopie

Pour notre gouvernement et l’Europe, l’austérité est la seule manière de s’en sortir. Pour la FGTB et notre centrale, c’est faux, des alternatives existent. Pour certains, nous sommes des rêveurs ou des utopistes. Ce qu’ils ignorent, c’est que derrière chaque alternative, il y a un réel travail d’analyse qui est fait. Nous nous basons aussi sur notre fine connaissance du terrain pour échanger, confronter et enfin construire ensemble des alternatives réalistes. Parmi celles-ci, la réduction collective du temps de travail (RCTT).

4 jours par semaine, positif !

Pour notre centrale, réduire la semaine de travail à 4 jours par semaine, sans perte de salaire, ouvrirait bien des portes. Tous les acteurs de la société en profiteraient : épanouissement personnel, équilibre vie professionnelle - vie privée, plus de femmes à temps plein, emploi en hausse, travailleurs en meilleure santé, donc plus productifs, moins de dépenses en soin de santé…

De plus en plus de personnes tombent malades à cause de leur travail. Les chiffres sont explicites : 400.000 travailleurs sont en maladies longue durée, soit une augmentation de 70% en 10 ans ! Une enquête du Serv, le conseil économique et social de Flandre, révèle que 45% des travailleurs considèrent que leur emploi n’est pas un travail faisable.

La RCTT, une mesure solidaire

Mais les réticences sont nombreuses, tant pour les patrons que pour les travailleurs. Il est vrai que la réalité n’est pas la même dans tous les secteurs. Les conditions de travail et de salaire sont fortement différentes entre des secteurs tels que la chimie, ou les titres-services. Mais le principe de solidarité doit permettre de tirer les secteurs « plus faibles » vers le haut.

Le principe fondamental du système réside dans le fait que la RCTT doit être accompagnée d’une embauche compensatoire afin d’éviter une pression accrue pour les travailleurs. Pour les secteurs où les temps partiels sont la norme, comme le nettoyage ou les titres-services, passer à un système de 4 jours par semaine permettrait de rééquilibrer la situation. Les travailleurs à temps partiels pourraient ainsi compléter les heures rendues disponibles et obtenir un contrat à temps plein, et une rémunération à l’avenant.

La robotisation au bénéfice des travailleurs

Dans cette bataille, la robotisation peut être un allié de poids. Là où certains employeurs profitent des avancées technologiques pour supprimer des emplois et accroitre leurs bénéfices, nous pourrions profiter de l’évolution pour soulager les travailleurs et instaurer une RCTT. Autre piste pour financer cette mesure, déplacer les fonds alloués aux entreprises via les intérêts notionnels et autres « cadeaux », octroyés par le gouvernement, vers les travailleurs.

A l’heure où le rapport capital - travail évolue en défaveur des travailleurs et où 14 milliards d’euros s’évaporent chaque année dans la nature, nous sommes en droit collectivement d’aller chercher cet argent et d’en faire un usage qui profite à tous. Une société du « Travailler tous, dignement » est de l’ordre du possible. Tout est une question de choix politique et idéologique.

 

En France, les 35 h/semaine ont été instaurées début 2000 au niveau national. Quelque 350.000 emplois ont été créés et plus de femmes sont passées à temps plein. Le système a été dénaturé lorsque les heures supplémentaires ont été autorisées et que les entreprises n’ont plus été obligées d’engager.

 

En Belgique, les travailleurs d’Oleon, (chimie) ont revendiqué une RCTT lors des négociations pour la CCT. Après un refus et une grève de 3 jours, ils ont obtenu une RCTT de 6 jours par an, soit 30 minutes par semaine, avec embauche compensatoire.

 

En Suède, une maison de repos a instauré la semaine de 30 heures. Des emplois ont été créés, la qualité des services a augmenté et l’absentéisme a diminué.