Première conférence du syndicat cubain des ouvriers de la construction.

Les 16 et 17 novembre derniers s’est tenue à la Havane la première conférence du syndicat cubain des ouvriers de la construction. Quelque 270 délégués et 85 invités ont participé à cette première conférence.
Une conférence et pas un congrès, car depuis 3 ans, les syndicats cubains ont laissé de côté la formule du congrès statutaire. Pour des raisons d’économie et d’efficacité, les conférences rassemblent un nombre plus restreint de participants. La conférence a été précédée d’un colloque sur l’impact du néolibéralisme sur le fonctionnement syndical.
Environ 80 participants venus d’Argentine, Belgique, Brésil, Colombie, Panama, République Dominicaine, Uruguay et du pays hôte y ont assisté. La nécessité de renforcer l’intégration des syndicats en Amérique du Sud et Centrale, ainsi que l’unité internationale lors d’actions contre les multinationales a été soulignée. Les participants ont unanimement condamné l’accentuation du blocus contre Cuba par les Etats-Unis d’Amérique.
Pierres d'achoppement
Le premier jour de la conférence, les délégués ont été répartis en groupes de travail, consacrés notamment à la santé et sécurité au travail, l’accroissement de la production et de l’efficience, l’amélioration du fonctionnement de base du syndicat, la motivation des délégués syndicaux, la situation financière du syndicat, etc.
Le deuxième jour, un rapport a été présenté sur la période écoulée. Cela a donné lieu à une discussion intense entre délégués concernant les différentes pierres d’achoppement : problèmes de qualité sur les chantiers, organisation et normalisation du travail, discipline au travail et dans l’utilisation de la technologie, utilisation efficace de la journée de travail, faibles revenus, l’inefficacité de l’autocontrôle et de la gestion des patrons, cadres moyens et ouvriers. Il a également été question de la lutte contre les comportements négatifs sur les chantiers : manque de discipline, vol de matériaux de construction et corruption. Le besoin d’améliorer l’efficacité de la vigilance et l’exécution des tâches de surveillance des ouvriers a d’ailleurs clairement été constaté.
La force motrice
Au cours de la séance plénière, Ulises Guilarte de Nacimiento, le secrétaire général de la CTC et membre du Bureau politique du parti, a également pris la parole. Il a estimé que le secteur de la construction constitue la force motrice du processus d’investissement des plus grands programmes de développement du pays. Il reste toutefois du pain sur la planche, car au cours des cinq dernières années, moins de 85% du volume de construction planifié a été atteint. Cette situation a une influence négative sur l’économie, étant donné que les moyens destinés à ces travaux sont immobilisés.
Parmi les tâches urgentes pour le secteur, il avance l’optimisation de l’utilisation des matières premières telles que le ciment, le bois et l’acier, et de l’énergie, l’augmentation de la qualité des matériaux de construction livrés et plus d’efficacité dans l’attention prêtée aux travailleurs.
Des avancées ont été enregistrées sur ce dernier point, mais pas dans tous les organismes du secteur.
Le dirigeant syndical a également émis des commentaires sur le salaire, qui reste insuffisant malgré une croissance constante du secteur. Un seul groupe tire un avantage de l’application du nouveau système salarial (Résolution N° 15), à savoir les ouvriers rémunérés à la pièce. Une part importante de salaires est calculée sur la base des résultats de groupe. A Cuba, le salaire à la pièce représente l’expression la plus concrète du principe de distribution socialiste.
Brigades de la construction
Mais tout n’était pas négatif. Pendant la séance plénière, Mesa Villafaña, le ministre du secteur de la construction, a applaudi l’engagement des ouvriers de la construction au lendemain du passage de l’ouragan Irma début septembre. Il a décrit leur prestation comme exceptionnelle. En tout, quelque 22.362 ouvriers ont été mobilisés, et ce grâce aux brigades de la construction dans tout le pays.
En un temps record, plus d’un million 500 mille mètres cubes de débris ont été ramassés, et quelque neuf mille tonnes d’asphalte ont été coulées en quatre ou cinq jours. Les ouvriers de la construction sont ressortis grandis de ces conditions difficiles, et il espère qu’ils feront preuve du même dévouement dans l’exécution de leurs tâches quotidiennes.
Nouveau hôtels
Il avait aussi déjà fait un rapport circonstancié des projets dans le secteur de la construction jusqu’en 2022. Suite au boom du tourisme, beaucoup de nouveaux hôtels sont construits et plusieurs aéroports sont agrandis.
Un sous-secteur important est celui de la production d’énergie, où un changement de matrice énergétique est prévu. On vise une augmentation de 3% à 24% de l’énergie verte dans la production d’énergie nationale d’ici 2030. Ce projet requiert la construction de quatre centrales thermoélectriques économiques et d’une usine pour panneaux solaires à Pinar del Río.
La construction de logements se développera également, tant via les entreprises d’Etat que via les initiatives privées. Ce vaste programme de construction ne pourra pas être réalisé sans suffisamment de matériaux disponibles. C’est pour cette raison que des projets visant la production de matériaux de construction sont également prévus dans le programme.