La nouvelle arnaque du gouvernement

Le gouvernement prouve encore qu’il est à la solde du patronat. Cette fois, c’est aux employeurs de la construction qu’il fait un cadeau via une dispense de versement du précompte professionnel.

Une fois de plus, le gouvernement Michel prouve qu’il est à la solde du patronat. Cette fois, c’est notamment aux employeurs de la construction qu’il fait un beau cadeau via une dispense de versement du précompte professionnel. Et comme toujours, c’est un chèque en blanc, sans la moindre obligation en matière d’emploi. Mais le plus étrange, c’est qu’il s’agit d’une mesure jusque-là réservée aux employeurs qui ont recours au travail en équipes ou de nuit. Où est la logique ?  

Gianni De Vlaminck et Brahim Hilami, secrétaires fédéraux à la Centrale Générale – FGTB suivent le secteur de la construction. Nous leur avons demandé plus d’explications.

En quoi consiste exactement cette mesure ?

Gianni : Le gouvernement vient de décider un ensemble de mesures de dispense de versement du précompte professionnel. Cette mesure vise les travailleurs en équipes et de nuit et désormais aussi ceux de la construction. Pour les travailleurs, ça ne change rien,  mais le patron lui, garde de l’argent dans sa poche.

Brahim : Le gouvernement avait déjà promis aux employeurs de la construction un cadeau de 604 millions en 2020. Aujourd’hui, face au lobbying insistant et persuasif de la construction, le cadeau arrive plus tôt que prévu même s’il a dû pour cela passer par le travail en équipes.

Sauf que les ouvriers de la construction ne travaillent pas en équipes…

Brahim : C’est justement ça qui est assez incroyable. La pirouette imaginée par le gouvernement a donc été de changer la signification du travail en équipes. On a tous en tête les équipes successives qui se relaient. Et bien ici, il ne s’agit plus de ça. Dès l’instant où des travailleurs sont au moins à deux sur un chantier et qu’ils font le même travail, ils travaillent en équipe même si le texte prévoit quelques exclusions comme le nettoyage ou le gardiennage par exemple qui ne sont pas visés par cette mesure.

Gianni : Ce changement de définition, c’est vraiment un tour de passe-passe. Vous ne pouvez pas faire le cadeau que vous vouliez à un secteur ? Ce n’est pas grave, on va changer la définition du travail en équipes et le tour sera joué.  

Cette mesure est-elle une bonne chose pour le secteur de la construction ?

Brahim : Pour les employeurs du secteur de la construction, certainement. La dispense de précompte professionnel est un véritable cadeau qui ne bénéficie qu’aux employeurs et aux éventuels actionnaires. Pour les travailleurs, ça ne change strictement rien.

Gianni : Il est vrai que les employeurs réclament depuis longtemps des aides pour lutter contre le dumping social, rendre le travail compétitif, sauf que cette mesure n’est liée à aucune obligation de résultat. En clair, ils peuvent simplement mettre l’argent dans leur poche. En plus, pour nous, ce n’est certainement pas la meilleure façon de lutter contre le dumping social.

C’est là votre seule crainte ?

Gianni : Non, ça va plus loin. Une fois de plus, c’est une mesure qui aura à terme des répercussions sur la collectivité. On parle d’un budget global de 3 milliards par an, pour l’ensemble des secteurs concernés. C’est un montant énorme et quoi qu’on en dise, cela représente un risque pour le budget de l’Etat.

Brahim : Et comme toujours dans ces cas-là, quand les caisses seront vides, c’est encore chez les citoyens ordinaires que le gouvernement ira se servir, au prix de nouvelles économies et de nouveaux sacrifices. On se souvient tous du saut d’index, du blocage des salaires et de la hausse de la TVA.

Pour vous, quelle aurait été la solution idéale ?

Gianni : Nous l’avons déjà dit à plusieurs reprises, nous ne sommes pas opposés à des aides aux employeurs, mais pour la Centrale Générale – FGTB, il faut impérativement y lier des obligations pour les employeurs. Par exemple créer de nouveaux emplois, garantir ceux qui existent déjà… ici, rien de tout cela. C’est un énorme cadeau.

Brahim : Une solution aurait été par exemple de lier ces aides à un monitoring au sein des entreprises et de l’ONSS pour voir ce qu’elles font de l’argent ainsi économisé. Si cet argent ne sert pas à l’emploi, il devrait être remboursé. En tout cas, une chose est sûre, nous allons suivre les effets de cette mesure de près.