Carton rouge pour les marques Adidas et Nike

En cette période où nous sommes nombreux à afficher un maillot de notre équipe nationale, l’actualité nous rappelle les conditions pénibles auxquelles sont confrontés les travailleurs d’Asie

Au moment que nous sommes nombreux à afficher un maillot de notre équipe nationale, l’actualité nous rappelle les conditions pénibles auxquelles sont confrontés les travailleurs d’Asie du sud-est qui produisent ces vêtements. Les grandes marques de sport ne font toujours pas suffisamment d’efforts pour endiguer cette situation dramatique.

La Coupe du Monde en Russie bat son plein, et nombre de supporters arborent fièrement le maillot de leur nation. Loin de nous l’envie de gâcher l’ambiance mais il s’agit d’une bonne occasion pour attirer l’attention sur les conditions de travail et de salaire misérables auxquelles sont confrontés les milliers de travailleurs, principalement des femmes, qui créent ces maillots de football et autres textiles. Le rapport de « Foul Play » révèle que les plus gros sponsors de la coupe du monde, Adidas et son concurrent Nike, en profitent allègrement. En Indonésie, par exemple, les travailleurs du vêtement perçoivent entre 82€ et 200€ par mois. Ils ont pourtant droit au minimum à 363€ par mois !

Marketing en hausse, salaires bas

“Tout est une question de priorité” pour le groupe de pression Schone Kleren Campagne. Alors que les salaires restent inexorablement bas, les budgets destinés au marketing et au sponsoring ont doublé en 10 ans. Un exemple : Adidas offre 65 millions d’euros à l’Allemagne, championne du monde en titre, pour que le logo de la marque apparaisse sur le maillot. Autres exemples : Christiano Ronaldo perçoit la coquette somme de 20 millions d’euros par an pour afficher la marque et Lionel Messi croule sous les millions d’Adidas. Indécent.

C’est même écœurant au regard des salaires perçus par les travailleurs du vêtement. Le rapport de Foul Play démontre que ces travailleurs ont vu leur part du prix final du vêtement produit diminuer de 30% par rapport au début des année 90. Les fournisseurs voient également leur part du prix total diminuer. Et ce, alors que les bénéfices d’Adidas et Nike n’ont fait qu’augmenter. Asia Floor Wage a fait les comptes : les travailleurs du vêtement en Indonésie perçoivent un salaire insuffisant pour vivre dans leur propre pays. Il s’agit souvent d’un salaire inférieur au salaire minimum légal.

Les marques doivent prendre leurs responsabilités

Tant en Asie du sud-est que dans notre pays, syndicats et ONG se battent pour aboutir à des salaires décents. Ils appellent Adidas et Nike à faire le nécessaire au sein de leurs chaînes d’approvisionnement. Voici déjà 10 ans que des promesses de négociations ont été faites à ce sujet. En 2011, le Protocole pour les libertés syndicales a été conclu entre Nike, Adidas, quatre autres marques de sport, les syndicats et les fournisseurs. Il avait alors été décidé d’également négocier sur les salaires et les contrats. Mais à ce jour, les marques de sport refusent d’avancer sur les négociations démarrées en 2008. Il est grand temps de mettre un terme à l’exploitation de ces travailleurs. Profitons de la coupe du monde pour en parler.