Amérique centrale: Le secteur de la confection profondément affecté par le coronavirus

En Europe, le pire de la pandémie du COVID semble être derrière nous, mais en Amérique centrale, le virus continue de sévir. Au Honduras, au Nicaragua et au Salvador, le nombre de décès est pour l'instant sous contrôle, mais les conséquences économiques de la pandémie sont très graves en raison de la crise aiguë mais aussi des injustices dans la chaîne de production.

En Amérique centrale, plus de 350.000 personnes travaillent dans l'industrie de la confection. Les vêtements produits sont principalement destinés au marché américain. Les usines de confection sont souvent situées dans des zones de libre-échange, les "maquilas". Les effets de la crise mondiale du coronavirus ont été immédiatement ressentis par les travailleurs du secteur de l'habillement en raison d'une forte baisse de la demande, de mesures de lock-down et parce que les travailleurs sont le maillon le plus faible de la chaîne de production.

Les mois d’avril et de mai ont été particulièrement pénibles pour les travailleurs : suspension de la production, fermetures, perte de salaire, absence de protection sociale et de nombreuses incertitudes. Sous la pression des syndicats, soutenus par la Centrale Générale et l’ONG FOS, des solutions ont été recherchées pour pallier à la perte de salaire, en premier lieu au niveau de l'entreprise, puis au niveau sectoriel et maintenant aussi au niveau international en faisant pression sur les entreprises de l'habillement, en collaboration avec les organisations de consommateurs et la fédération syndicale mondiale IndustriALL. Deux priorités syndicales sont désormais au premier plan : garantir les revenus et prendre des mesures de protection contre l'infection.

Nahum Rodriguez, représentant syndical dans la fabrique textile GILDAN au Honduras, témoigne : "En tant que syndicats, nous avons accompli beaucoup pour nos membres mais nous nous sommes heurtés à une dure réalité en raison des suspensions de production. Il n'y avait rien sur quoi nous pouvions nous appuyer. Depuis des années, les contrats de travail de courte durée font qu'il est habituel dans le secteur des maquila’s de verser des indemnités de licenciement obligatoires sur base annuelle. Les travailleurs ont désespérément besoin de cet argent pour rembourser leurs dettes. La conséquence, c’est que personne dans le secteur n'a rien accumulé et nous avons immédiatement reçu l’appel de centaines de membres désespérés. En outre, le secteur ne peut pas bénéficier du soutien du gouvernement car la zone de libre-échange ne paie pratiquement pas d'impôts. D'autres secteurs peuvent se prévaloir beaucoup plus facilement des programmes gouvernementaux au motif qu'ils financent les caisses de l'État depuis des années. On en paye désormais le prix".

Malgré une série de mesures compensatoires, de plus en plus de familles rencontrent de grandes difficultés à accéder aux services de base. 

Il est clair que la crise du coronavirus met en évidence des injustices profondes dans la chaîne de production : des salaires bas, une très grande flexibilité, et des marques de vêtements qui font de gros profits sur le dos des travailleurs. Certains vêtements peuvent être bon marché, mais ce sont les travailleurs qui en supportent le coût réel. Les choses doivent changer ! 

Face à cette situation humanitaire et économique difficile, la Centrale Générale – FGTB a décidé de venir en aide aux syndicats des 3 pays, notamment pour soutenir l'achat de kits de sécurité pour les délégués et la distribution de nourriture aux travailleurs les plus touchés et à leurs familles.