Coronavirus : De Croo a grondé les grands patrons… mais tremblent-ils ?

Alexander De Croo, premier ministre, a appelé les employeurs à mettre FIN au laxisme en matière de télétravail. Son « rappel » qui sonne davantage comme un « rappel désespéré » fait suite à l’annonce des chiffres concernant les clusters (foyers de contamination) dans notre pays. Durant des mois, nous avons appelé le gouvernement à tenir compte de la donnée « lieu de travail » dans l’analyse des chiffres concernant l’évolution des infections au coronavirus. C’est un fait avéré, le lieu de travail est le numéro 1 des foyers de contamination avec un chiffre sans appel de 40% ! Et la tendance est à la hausse.

Pourtant, l’employeur a dû prendre toute une série de dispositions afin de réduire au maximum les risques de contamination dans leurs entreprises. Des mesures de prévention doivent être appliquées dans les entreprises et notamment en matière de distanciation sociale. Ces mesures sont répertoriées dans le « Guide générique en vue de lutter contre la propagation du COVID-19 au travail ». Un outil qui reprend les obligations de l’employeur et permet aux délégués et travailleurs d’y voir clair quant aux mesures de protection dont ils doivent bénéficier. Au regard des chiffres relatifs à la contamination dans les entreprises, ces mesures ne sont pas appliquées comme il se doit ou sont insuffisantes. 

D’autre part, la procédure de tracing en cas de cluster dans les entreprises existe dans le guide générique mais ce n’est qu’une recommandation. L’employeur n’a aucune obligation d’impliquer le médecin du travail  dans la détection des contacts à haut risque. Autre problème récurrent qui peut expliquer la situation actuelle, certains médecins du travail ne déclarent pas les maladies d’origine professionnelle.

Quoi qu’il en soit, les sanctions en cas de non-respect des mesures anti-covid ne font aucunement trembler les grandes entreprises, elles sont insignifiantes à leur échelle et dès lors, aucunement dissuasives. Et le gouvernement semble bien démuni face à cette situation. 

Manque criant d’inspecteurs du travail

Pour pouvoir contrôler si les mesures adéquates sont mises en place dans les entreprises, il est nécessaire de déployer suffisamment d’inspecteurs du travail. Mais eux aussi semblent démunis face à la situation car ils manquent cruellement de moyens. Ainsi, depuis le 17 décembre, 13 000 contrôles ont pu avoir lieu dans les entreprises, et un cinquième d’entre elles étaient en infraction. A l’heure actuelle, l'inspection continue d’observer un nombre conséquent d'infractions aux règles et ce depuis le début de l'apparition du covid-19 en Belgique, soit depuis un an !

Le télétravail pas respecté

S’il est une mesure qui au fil du temps s’est étiolée, c’est bien celle relative au télétravail. Pourtant, la règle n’a pas changé : « le télétravail est obligatoire pour tous les travailleurs qui peuvent s’y contraindre ! ». Or, bon nombre d’entreprises font la sourde oreille. Elles trouvent un prétexte pour faire venir leurs travailleurs sur le lieu de travail ou évitent délibérément de mettre à disposition les moyens nécessaires  à la mise en œuvre du télétravail pour leurs travailleurs. Pire ! Les patrons osent réclamer un assouplissement du télétravail alors qu’ils ne le respectent pas. Ils appellent au retour des télétravailleurs au moins un jour par semaine car ces derniers rencontrent des difficultés psychologiques. Là aussi, les services d’inspection semblent démunis face à la situation.  

Nous appelons les employeurs à faire le nécessaire pour protéger au maximum la santé des travailleurs sur le lieu de travail en respectant les mesures.

Nous appelons également nos délégués à rester vigilant sur les mesures mises en place sur le lieu de travail. Si elles semblent insuffisantes, tapez sur le clou auprès de l’employeur ou contactez votre permanent. 

Plus d’infos sur les mesures de prévention en entreprise contre le covid