L’histoire se répète : des millions pour les actionnaires, une peau de chagrin pour les travailleurs

L’entreprise pharmaceutique Zoetis, une multinationale américaine spécialisée dans la santé animale, a redistribué à ses actionnaires quelque 410 millions d’euros de bénéfice en 2019 et 450 millions d’euros en 2020. Il va sans dire que la crise sanitaire n’a pas ébranlé la production de l’entreprise. Mais là où des millions sont reversés aux actionnaires, pour les travailleurs, c’est une enveloppe vide. 

La situation de Zoetis, pourtant leader mondial dans son domaine, nous confronte une nouvelle fois à une situation où l’entreprise vide les caisses au profit des actionnaires sans sourciller et sans la moindre attention pour les travailleurs. On oublie une nouvelle fois à qui revient le mérite de la bonne santé de l’entreprise. Chez les travailleurs, c’est la soupe à la grimace. La délégation FGTB Chimie de l’entreprise témoigne.


La crise a-t-elle eu un impact sur votre entreprise ?

L’entreprise se porte bien. La crise n’a pas eu d’impact sur l’emploi et nous avons continué à tourner à plein régime, voire même à produire plus. Le personnel s’est d’ailleurs montré flexible et volontaire malgré les circonstances, notamment en acceptant de travailler le weekend et ainsi répondre à la demande et pallier à l’absence des collègues malades. Les perspectives sont même plutôt bonnes pour le futur de l’entreprise au regard du nombre d’adoptions d’animaux durant le confinement. Malgré la bonne volonté des travailleurs, la reconnaissance de l’employeur laisse à désirer. Alors quand on apprend que 450 millions d’euros de dividendes vont être distribué pour 2020, c’est la douche froide !

A l’heure où l’on parle de 0,4% de marge salariale, que vous inspire cette redistribution de dividendes aux actionnaires ?

C’est scandaleux, ce ne sont pas de petits dividendes en plus. Et ça se passe au vu et au su de notre gouvernement, en pleine période de crise du coronavirus qui plus est. Alors entendre qu’on nous propose une marge salariale ridicule de 0,4%, ça nous irrite au plus haut point. Et encore faut-il que les patrons veuillent octroyer une telle marge ! Ce n’est pas gagné. On est vraiment pas récompensés justement par rapport à notre investissement alors que l’entreprise se porte bien, grâce à nous ! Pour l’employeur, nous sommes juste bons à aller travailler.

Quelle est votre relation avec la direction ?

Cette redistribution de dividendes vient ajouter de l’huile sur le feu à l’heure où la direction souhaite faire passer une convention pour le travail de nuit et de weekend. Là où à l’heure actuelle, le travail de weekend et du dimanche se fait sur base volontaire. Leur objectif est clair : encore accroitre leur chiffre d’affaire. Voici quelques mois déjà, ils nous ont piégés en nous faisant passer d’un régime de 39h/sem à 40h/sem. Certes nous avons bénéficié de 6 jours de congé supplémentaire mais nous y avons perdu d’un point de vue salariale, ce qu’ils s’étaient bien gardés de nous signaler. 

C’est aussi pour ça que vous vous êtes fortement mobilisé ces derniers mois contre la marge salariale de 0,4% ?

Tout à fait. Nous sommes mobilisés dans l’entreprise pour nous opposer à cette marge ridicule. L’employeur nous a d’ailleurs taquinés lors de la première grève en parlant de « petite grève ». Du coup, la deuxième et la troisième, nous étions plus nombreux encore. Nous ne lâcherons pas l’affaire et nous battrons bec et ongles pour obtenir ce à quoi nous avons droit.