Edito : Des victoires et des défis

À peine commencée, la nouvelle année s’annonce d’ores et déjà comme une année charnière. Une année qui dessinera les lignes pour les années à venir. Entre les élections politiques de juin 2024 et les élections sociales en mai, l’année ne sera certainement pas calme et paisible. Néanmoins, dès aujourd’hui, nous nous retroussons les manches pour faire de 2024 une année faite de victoires et d’avancées sociales. Plus fort ensemble sera plus que jamais notre leitmotiv, c’est ce que nous expliquent Werner Van Heetvelde et Geoffrey Goblet.

Une nouvelle année, de nouveaux enjeux ou on prend les mêmes et on recommence?

Werner : C’est plus subtil que ça. Au niveau syndical, 2023 aura été marquée par de nouvelles attaques, notamment au niveau des libertés syndicales, mais aussi d’importantes victoires !
Je pense à notre lutte victorieuse contre la loi Van Quickenborne qui voulait introduire une interdiction de manifester. La menace contre le droit de manifester et de mener des actions était grave, et ça, tout le monde l’a compris. Et ensemble, avec les organisations syndicales et des organisations de la société civile, nous avons mené des actions jusqu’à obtenir le retrait du projet de loi. C’était essentiel pour la sauvegarde des libertés syndicales mais aussi plus largement pour la démocratie. Dans une démocratie, il est essentiel de pouvoir mener des actions et organiser la résistance. Cette victoire est très inspirante : ensemble, nous sommes capables de changer les choses.

Geoffrey : Nous vivons dans une époque où tout doit forcément aller vite, or nous devons garder à l’esprit que certains combats demandent une grande mobilisation et des mois, voire des années de luttes avant d’aboutir. Ce n’est pas nouveau et ça ne veut pas dire qu’il faut baisser les bras pour autant. Au contraire, nous devons nous acharner.  Dans le passé aussi, les grandes avancées sociales sont rarement arrivées d’un simple claquement de doigts. Prenons l’exemple de la Loi de 96. Retrouver la liberté de négocier des hausses de salaire reste une nécessité absolue pour les travailleuses et les travailleurs. Peu importe le temps que cela prendra, nous ne lâchons pas et ce dossier nous occupera encore beaucoup en 2024.

En juin, des élections auront lieu au niveau européen, fédéral et régional. En tant qu’organisation syndicale, en quoi cela nous concerne-t-il?

Geoffrey : Le contexte mondial et européen est particulièrement hostile aux idées progressistes. Et la menace de l’extrême droite est quant à elle bien réelle. En Europe, elle s’impose comme un parti incontournable, comme en France, et dans d’autres pays, elle accède au pouvoir, comme en Italie ou encore aux Pays-Bas, et au-delà des partis, ses idées se propagent et se normalisent. Les gens sont en colère contre un système qui les laisse sur le carreau et ils se disent, pourquoi pas. Cette colère, on la comprend, à nous de la capter, d’autant plus que les valeurs de l’extrême droite sont totalement incompatibles avec notre vision de la société. Jamais l’extrême droite n’a fait ou ne fera quelque chose qui améliorera la situation des travailleurs.

Werner : En Belgique, et plus précisément en Flandre, la menace vient du Vlaams Belang dont la popularité ne cesse de grimper. Nous entendons et voyons ce qui se passe sur les réseaux sociaux, dans le débat public et même dans les entreprises. Les gens se laissent aveugler par des discours démagogiques et simplistes qui au final, s’ils étaient appliqués, ne feraient que renforcer les injustices et les inégalités actuelles. L’extrême droite ne sera jamais là pour défendre les intérêts des travailleurs. Et c’est d’ailleurs pour cette raison que les syndicats sont leur première cible. Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que le discours de l’extrême droite, en nourrissant la peur et le rejet de l’autre, a pour unique objectif de dresser les travailleurs les uns contre les autres et au final, les mettre en concurrence. Notre défi est de faire passer le message que oui, des alternatives existent et elles passent par plus de justice sociale.

Mais avant ça, en mai, les élections sociales dans plus de 6.000 entreprises. Pour nos délégués et nos nouveaux candidats, c’est une période très intense. Pourquoi?

Werner : Parce que gagner les élections sociales, c’est avant tout et surtout établir un rapport de force. Plus fort ensemble, c’est un fait et une réalité. Le visuel de la FGTB du petit poisson qui ne fait pas le poids face au gros, mais qui, lorsqu’il s’unit aux autres devient plus fort est on ne peut plus clair. La force des petits, c’est qu’ils ont l’intelligence de comprendre qu’ensemble, ils décuplent leurs forces. Et c’est particulièrement vrai dans le monde du travail.

Geoffrey : Négocier avec son patron quand on est seul, c’est souvent difficile. Mais quand le même patron se retrouve face à un délégué qui parle au nom des travailleurs qu’il représente, c’est tout de suite autre chose. Et quand c’est la FGTB qui négocie, face aux patrons ou aux politiques, nos représentants FGTB sont la voix de plus d’un million cinq cent mille affiliés. Ce n’est pas rien. Mais gagner les élections sociales, ce n’est possible que grâce à votre travail de délégué. Sans vous sur le terrain, aux côtés des travailleuses et des travailleurs, dans les rues, lors de nos mobilisations, rien n’est possible. Alors plus que jamais, nous tenons à saluer votre travail, votre implication au sein de la Centrale Générale – FGTB.

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