« Votre engagement est toujours un projet de longue durée »
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Comment établir une équipe syndicale forte et tirer le meilleur parti des élections sociales lorsqu’on part quasiment de zéro ? Un engagement syndical est toujours un projet de longue durée, souligne Stephan De Paepe, délégué chez Stora Enso Langerbrugge, une entreprise de production de papier. 12 ans de persévérance ont permis à la FGTB de grandir progressivement.
Son premier mandat en tant que délégué pour la FGTB peut être considéré comme une rude épreuve. A la suite de licenciements et d’une réorganisation de l’entreprise, une partie considérable de la délégation FGTB initiale avait dû partir. Pourtant, à ce moment-là, Stephan s’est engagé à renforcer la position de son syndicat. Avec résultats. La délégation s’est étendue ces dernières années et lors des élections sociales de 2024, la FGTB est passée de 1 à 2 mandats, tant au conseil d’entreprise qu’au comité pour la prévention et la protection au travail.
Comment avez-vous abordé votre engagement à l’époque ?
« Il y a 12 ans, j’avais tous les mandats, donc le CE, la délégation syndicale et le CPPT. Je n’avais pas vraiment le choix et c’était un travail énorme, surtout quand on vient seulement de commencer. Le plus souvent, je devais négocier en utilisant mon instinct, parfois en taclant. Mon gros avantage était cependant mon expérience dans l’entreprise : je connaissais déjà très bien la boîte avant de commencer mon engagement. »
“Quand mon deuxième mandat a débuté, j’ai dû quelque peu adapter mes attentes. Les travailleurs appréciaient notre travail, mais ils votaient quand même souvent pour les candidats qui travaillaient à côté d’eux dans le même département ou dans la même équipe. Les gens cherchent avant tout une personne de contact proche et nous n’en avions pas dans chaque département de l’entreprise à ce moment-là. »
Vous deviez donc faire preuve de patience ?
« Si vous réalisez un bon travail syndical, vous avez de fortes chances d’avancer; c’est vrai, mais il faut effectivement être patient. Entre-temps, grâce à notre travail, nous avons réussi à recruter bon nombre de nouveaux collègues dans les bons départements et tout cela se traduit finalement par un meilleur résultat électoral. En 2024, nous sommes passés d’un mandat au CPPT et au CE à 2 mandats par organe de concertation. J’ai un très bon sentiment avec cette nouvelle équipe. »
« Ces élections démontrent également que les gens apprécient un bon travail syndical. Bien que j’aie décidé de me concentrer sur le CE et la délégation syndicale et de confier le CPPT à mes collègues, j’ai quand même été élu directement tout en occupant la dernière place sur la liste du CPPT. Mais j’ai 55 ans entre-temps, il est donc temps de préparer ma future succession. »
Quel est le grand défi dans l’entreprise pour le travail syndical ?
« Tous les acteurs du secteur, et en fait les autres entreprises industrielles également, sont confrontés au même problème : il est difficile de recruter les bons profils et de les garder dans l’entreprise. Ces difficultés et cette pénurie influent également sur le reste de la politique du personnel, car l’usine continue bien évidemment à tourner, malgré le fait qu’on n’arrive pas à combler les postes vacants. Un véritable cercle vicieux. Entre-temps, on se retrouve en négociation face à une direction qui reçoit ses directives souvent d’un niveau supérieur puisque l’entreprise est une multinationale. Je pense que tous les syndicats considèrent ces difficultés comme un défi. »
Quels aspects de votre travail syndical sont appréciés par les travailleurs ?
« Nous avons de bons retours, mais nous avons toujours dû travailler pour les obtenir. La communication à l’égard du personnel est importante ; c’est également ce dont ils nous font part. J’ai toujours défendu le point de vue que toute information publique que nous recevons doit également être partagée avec les membres du personnel, qu’ils soient affiliés à notre syndicat ou pas. Je partage ces informations par exemple via un blog, par e-mail et sur un profil Facebook. Plus les travailleurs reçoivent des informations, plus ils apprennent à vous connaître et à vous faire confiance. »
Comment avez-vous mené votre campagne ?
« Il n’est pas évident de joindre tous les travailleurs. Nous avons différents départements de production qui travaillent, à leur tour, en plusieurs équipes. Il est quasiment impossible de rencontrer tout le monde en personne, même si ce contact est primordial. D’où les canaux de communication numériques via lesquels nous publions régulièrement des informations. Il s’agit par exemple de brefs comptes rendus du conseil d’entreprise, d’informations importantes concernant les élections sociales, d’un résumé de nos réalisations des quatre dernières années, etc. Les travailleurs s’intéressent clairement aux élections sociales puisque les publications sur les listes des candidats ont été fréquemment consultées. »
« J’explique immédiatement aux autres délégués que la campagne électorale pour 2028 commence d’ores et déjà. C’est le travail que nous réalisons maintenant, ce sont les informations que nous diffusons maintenant au personnel, qui porteront leurs fruits plus tard. »
Quels conseils souhaitez-vous partager avec les délégués qui ont été élus pour la première fois ?
« Lorsqu’un membre du personnel vient vous voir avec une question ou un souci, donnez-lui toujours une réponse. Vous ne devez pas toujours avoir immédiatement une réponse à tout, parfois il vaut mieux prendre le temps de rassembler les informations correctes, mais rassurez les gens et, au besoin, revenez plus tard avec une réponse. Lorsqu’un membre du personnel s’enquiert d’un dossier difficile, expliquez-lui ce qu’il se passe. Les travailleurs restent encore trop souvent sans réponse à leur question ou sans savoir à qui s’adresser, mais c’est justement notre tâche primaire que de les informer de ce qu’il se passe dans leur entreprise. »