Ce qui compte, c’est le travail sur le terrain!

Patricia est déléguée chez Cleanlease Malysse. Une entreprise active dans le secteur de l’entretien du textile en région liégeoise. Elle entame avec succès son 3ème  mandat et fait l’unanimité auprès des travailleuses et des travailleurs de son entreprise. Pourtant, rien ne la prédestinait à s’engager en tant que déléguée FGTB. 

Au contraire, Patricia ne pensait pas avoir le bon profil pour être déléguée : “Je suis devenue déléguée un peu par hasard. Je n’étais même pas syndiquée. Quand on est venu me demander si je voulais être candidate, j'ai répondu que je n’étais pas intéressée.  Je pensais sincèrement que ce n’était pas pour moi, je suis trop sensible et empathique.” Pourtant, un ancien collègue et ami parvient à la convaincre qu’il s’agit, au contraire, de qualités indispensables. Mais ce qui l’a vraiment décidée, c’est le fait qu’à l’époque, il n’y avait que des délégués dans l’équipe du matin. “Du coup, nous qui travaillions dans l’équipe de l’après-midi, on ne voyait jamais personne. D’ailleurs, quand je me suis présentée, j’ai obtenu la majorité des voix. C’était bien la preuve qu’il y avait un réel besoin.” 

« Au final, tout le monde y gagne, même la direction » 

À la question « Quelle est votre plus grande fierté ? », Patricia répond sans hésiter que c’est le fait d’avoir réussi à instaurer une rotation des équipes sur base volontaire: “ Avant, les équipes étaient fixes. On travaillait soit le matin, soit l’après-midi. Mais je voyais bien que c’était compliqué pour de nombreuses femmes qui travaillent chez nous. Je voulais donc arriver à instaurer une rotation sur base volontaire. Mais j’ai rencontré beaucoup de résistance de la part de certains qui craignaient que l’on impose à tout le monde de changer le système. Ça a été un combat de 7 ans, avec beaucoup d’attaques à mon égard. On ne comprenait pas qu’il était possible d’améliorer les choses pour certains, sans imposer un changement à tous. Aujourd’hui, les intérimaires tournent d’office et les anciens ont pu faire un choix entre matin, après-midi ou en alternance.  Finalement, ce nouveau système profite à tout le monde, y compris à la direction.
Quand on interroge Patricia sur sa façon de mener campagne dans son entreprise, elle est catégorique: “ Moi, je ne mène jamais de campagne. Je suis toujours sur le terrain et c’est comme ça que je gagne des voix. C’est aussi de cette manière que l'on gagne la confiance des travailleurs. Ils savent que je suis toujours disponible pour eux, même après le boulot. Je m’intéresse aux gens tout simplement, je vais naturellement vers eux. C'est même plus fort que moi. En tant que délégué, on est presque des assistants sociaux. ” 

Le délégué, un facilitateur 

Et puis, il y a la direction. Bien que les choses s’améliorent, surtout en termes de communication, Patricia et ses collègues ont encore du pain sur la planche : “ Les conditions de travail sont très dures ici et la direction n’a pas de compassion pour nous. Pire, elle est allergique aux maladies. Mais on se bat pour obtenir le respect et la protection que les travailleurs méritent. Par exemple, la chaleur pose un gros problème chez nous. On s’est battu afin d’obtenir une prise des températures correcte et des pauses supplémentaires quand on dépasse certains seuils. La direction a également fini par installer plusieurs extracteurs de chaleur. Je pense que la direction a compris qu’elle devait respecter mon rôle de déléguée et me traiter avec davantage de respect : les travailleurs viennent me voir et moi, je fais remonter les problèmes. J’essaie de faciliter les choses. 
Mais ça n’a pas toujours été le cas. Patricia se souvient qu’avant l’arrivée de la nouvelle direction, elle était confrontée à des menaces et n’avait droit à rien pour faire son travail syndical : « Maintenant, j’ai un bureau, une armoire et surtout, j'ai obtenu le temps  nécessaire pour préparer les réunions et rédiger les rapports du CE dont je suis secrétaire. C’est un grand changement. »

Et le futur? 

Pour Patricia, il s’agit de son 3e et dernier mandat. Pourtant, elle a toujours la même énergie: « Quand je me suis inscrite sur les listes, j’ai précisé que je ne le faisais pas pour faire de la figuration. Je voulais vraiment changer les choses, mais je ne connaissais rien. Grâce aux formations et au soutien de mon permanent, j'ai relevé le défi de tout apprendre. » Parmi les défis à relever, Patricia épingle sa volonté de souder l’équipe syndicale. « Sur les 10 candidats, tout le monde est passé. Maintenant, il faut préparer la relève et le futur ne me rassure pas. La question du racisme m’inquiète beaucoup. Il y en a de plus en plus dans notre entreprise. Par chance, la direction est très attentive: dès que les travailleurs nous signalent un abus, elle réagit, mais ça reste préoccupant. » 

Plébiscite pour la FGTB en 2024

Les élections sociales de 2024 ont récompensé le travail acharné mené par la FGTB ces dernières années. Lorsque Patricia se présente pour la première fois en 2016, les 5 mandats (2 CSC, 2 FGTB, 1 CGSLB) sont partagés entre les différents syndicats. Mais l’année 2016 marque un tournant au sein de l’entreprise. Fort de ses nombreux affiliés, la FGTB décroche un troisième mandat aux dépens de la CSC. En 2020, rebelote. La FGTB obtient un quatrième mandat, le 5ème restant aux mains de la CGSLB. Mais les élections sociales de 2024 riment avec plébiscite pour la FGTB qui fait un 5 sur 5 en décrochant le mandat employé suite au départ de la déléguée de la CGSLB. Une belle récompense pour l’équipe syndicale de Cleanlease Malysse.