Les règles de l'UE doivent tenir compte des conditions de travail
Ce 1er octobre, près de 1 000 travailleurs essentiels de toute l'Europe se sont rassemblés à Bruxelles afin de réclamer que les règles de l'UE en matière de marchés publics aient plus de considération pour les conditions de travail.
Un millier de travailleurs essentiels issus de 8 pays d'Europe et travaillant dans le nettoyage, la sécurité ou encore l’Horeca ont rallié Bruxelles. Les marchés publics, c'est-à-dire les contrats passés par les pouvoirs publics avec des entreprises privées pour la fourniture de biens et de services, représentent deux mille milliards d'euros, soit environ 14 % du PIB de l'Union européenne. Des millions de travailleurs sont employés dans l'UE dans le cadre de ces contrats, et les normes créées par les marchés publics influencent les salaires et les conditions de travail dans l'ensemble du secteur privé.
Des réformes de la directive européenne sur les marchés publics sont indispensables. L'urgence sociale annoncée lors du COVID-19 n'est pas terminée pour bon nombre de ces travailleurs.
Les recherches d'UNI Europa montrent que la moitié des appels d'offres publics dans l'UE sont attribués uniquement sur la base du prix le plus bas, souvent en raison de règles de passation de marchés qui favorisent le prix le plus bas. Ces règles ne tiennent pas compte des coûts sociaux pour les communautés et sapent la promesse de la Présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, de créer des emplois et des services de qualité et d'accroître la couverture des négociations collectives afin de « soutenir des salaires équitables, de bonnes conditions de travail, la formation et des transitions professionnelles équitables pour les travailleurs.
Témoignages
Si nous sommes à cette action, c’est pour réclamer un peu de dignité. Nous, les agents d’entretien, nous sommes traités comme des chauve-souris. On nous fait travailler tôt ou tard, on nous cache. Certains apprécient notre travail, mais d’autres nous traitent comme des moins que rien. On a dit de nous que nous étions des travailleurs essentiels, quand ils avaient besoin de nous. Mais aujourd’hui, tout est oublié. - Sabah, Parlement européen
Le Covid à l’hôpital, ça a été quelque chose de très dur. On a été écarté de nos familles et de nos proches pour les protéger vu que nous, nous étions en première ligne. Mais aujourd’hui, quand je vois mes collègues, je me dis que si nous étions confrontés à une nouvelle épidémie, nos n’aurions plus la force et le courage de revivre ça. Notre fatigue et notre souffrance n’ont pas du tout été prises en compte. - Farida, hôpital Erasme
Moi je suis encore jeune et je ne suis dans le secteur du nettoyage que depuis 3 ans, mais quand je vois mes collègues, plus âgées pour la plupart, je me demande si je vais arriver à tenir comme elles. C’est un travail qui est très mal payé et qui use. Nous n’avons pas la reconnaissance que nous méritons. - Idrees, Hôpital Erasme
Dans le secteur du gardiennage, nous subissons fortement la course vers le bas. Les entreprises se livrent une concurrence féroce, c’est à celle qui remettra le prix le plus bas et au final, nous, les travailleurs, nous en payons le prix fort. - Rosetta, aéroport de Charleroi