Pour De Wever et Bouchez, les malades – de courte ou longue durée – sont des profiteurs

Traquez les causes du mal-être au travail, pas les malades !

Malgré les appels des syndicats et des organisations patronales à privilégier une approche positive, volontaire et individualisée à l’égard des travailleurs en arrêt maladie, De Wever et Bouchez continuent de faire preuve de méfiance envers les malades, les médecins et les mutualités. Leur « super-note » ne mentionne que sanctions, obligations, réduction des allocations, et même des pensions. La responsabilité des employeurs n’est nulle part évoquée ; au contraire, il est demandé aux travailleurs de travailler plus, de manière plus irrégulière, et plus longtemps.

Mettons les points sur les i :

  • Une politique globale en matière de prévention et de bien-être, des conditions de travail saines et un travail faisable sont indispensables pour prévenir l’absentéisme et les maladies de longue durée.
  • Les troubles musculosquelettiques, les burn-out et les problèmes de santé liés au stress sont les principaux maux dont souffrent près de 500 000 malades de longue durée actuellement en Belgique. Un (poste de) travail pas ou peu adapté, une pression professionnelle accrue et une charge physique et psychologique importantes jouent ici un rôle majeur. On ne résoudra pas ces problèmes en contrôlant et en sanctionnant les personnes malades.
  • Toutes les études scientifiques montrent qu’à long terme, les sanctions n’ont aucun effet, voire un effet négatif, sur le retour au travail.
  • Neuf entreprises sur dix (93%) n’ont pas de politique de prévention ou d’aide au retour à l’emploi des malades de longue durée. Ceci est pourtant exigé par la loi.
  • Les personnes malades de longue durée ne demandent rien d’autre que d’être en bonne santé, de reprendre le travail avec un soutien approprié et d’avoir ainsi un revenu décent, des contacts sociaux et des perspectives d’avenir.

Si un travailleur reprend le travail, mais tombe à nouveau malade, il sera pénalisé.

Aujourd’hui, un employé a droit à un salaire garanti pendant les 30 premiers jours de sa maladie. S’il retombe malade (de la même maladie) dans les 2 semaines suivant sa reprise de travail, iil n’aura pas droit à un nouveau salaire garanti. Par contre, après deux semaines de reprise du travail, il y aura à nouveau droit, pour un mois.

De Wever et Bouchez portent ces 2 semaines à… 12 ! Si leur note passe, les employés n’auront à nouveau
droit au salaire garanti qu’après 12 semaines (3 mois !) de reprise de travail. Autrement dit, toute personne qui reprend le travail et rechute « trop tôt » est punie. Honteux. Cela témoigne d’une méfiance effroyable à l’égard des travailleurs.

Projection. Frida est absente pendant un mois en raison d’une bronchite. Deux mois après avoir repris le travail, elle refait une bronchite. Avec les mesures NVA-MR, Frida n’a plus droit au salaire garanti, car moins de 12 semaines se sont écoulées entre ses deux périodes d’incapacité de travail.

Un bond de dix années en arrière : le jour de carence est de retour !

De Wever et Bouchez envisagent de supprimer la garantie de rémunération dès le premier jour de maladie. Ils partent du principe que la suppression du certificat médical pour le premier jour de maladie conduit à des abus ; ce qui n’est pas le cas. Ils réintroduisent donc le jour de carence, alors qu’il avait été supprimé en 2014. Jusqu’à cette date, les ouvriers ne recevaient pas de salaire garanti pour le premier jour de maladie à la différence des employés. La Cour constitutionnelle avait d’ailleurs condamné cette discrimination en 2011.

Besoin d’un certificat médical ? À l’employeur de décider

L’historien Bart De Wever se tourne aujourd’hui avec nostalgie vers le passé, réintroduisant le jour de carence et laissant les employeurs décider qui doit et qui ne doit pas fournir un certificat pour le premier jour d’absence. Diviser pour mieux régner. Donner cette possibilité aux employeurs revient à donner carte blanche pour cibler certains travailleurs. C’est créer une atmosphère de travail malsaine et néfaste.

Source : Syndicats Magazine - Edition spéciale - Septembre 2024