Congrès professionnel bois et ameublement : les délégués tracent les contours de l’avenir
Soixante délégués se sont réunis les 14 et 15 octobre pour le congrès professionnel du secteur du bois et de l’ameublement. Au cours de ces deux jours, ils ont évalué le fonctionnement syndical des dernières années, partagé leurs expériences au travail, discuté des réalités du terrain et fixé les objectifs pour l’avenir.
Une seule voix pour tous les travailleurs
Le congrès professionnel du secteur du bois et de l’ameublement est organisé tous les quatre ans. L’activité d’un tel congrès comprend, entre autres, l’évaluation du fonctionnement syndical, l’analyse de la situation socio-économique et les militants et les secrétaires fixent les thèmes et propositions prioritaires pour l’avenir. Une primeur pour ce congrès professionnel : tous les travailleurs parlent d’une seule voix puisque les ouvriers et les employés appartiennent à la même commission paritaire (CP 126) depuis 2021.
L’innovation et la digitalisation, c’est maintenant
Selon Wood.be, le centre des connaissances pour l’industrie du bois et de l’ameublement, la digitalisation est un levier pour réaliser des objectifs en matière d’innovation et de durabilité. Quelques exemples de digitalisation/innovation dans le secteur du bois et de l’ameublement :
- des produits intelligents équipés de technologies et de détecteurs.
p.ex. : un lit intelligent qui collecte des informations sur le patient (le nombre d’heures de sommeil par nuit et la qualité du sommeil) et le produit même (prévention, entretien et réparation) ; - grâce à WOODLOOP, les entreprises de transformation peuvent avertir le collecteur quand leur conteneur de déchets d’aggloméré et de MDF est plein ;
- des drones sont utilisés aux Etats-Unis pour reboiser certaines zones : voir ici.
Plus près de chez nous, dans les entreprises de nos délégués notamment, il est impossible de faire abstraction de la digitalisation et de l’innovation. Sonja l’explique : « Nous ne pouvons plus nous passer de la digitalisation aujourd’hui, mais c'est difficile à suivre pour certains, d'autant que les évolutions vont tellement vite. Dans notre nouveau bâtiment principal à Ninove, par exemple, tout sera automatisé. De la commande à l’installation des cuisines, tout pourra être contrôlé. Par conséquent, la charge de travail augmentera, ce qui n’est pas idéal pour les travailleurs. L’employeur, quant à lui, pourra tout contrôler.”
Patrick et Peter sont d’accord avec Sonja : la digitalisation et l’innovation sont plus difficiles à accepter pour les personnes plus âgées. Les générations qui ont grandi avec ces technologies les utilisent avec beaucoup plus de facilité. Tout passe par l’ordinateur aujourd’hui : manier les machines, remplir les carnets de bord, rédiger des rapports, … mais celui qui prononce ces deux mots doit également oser en exprimer un troisième : la formation. Selon Patrick, l’innovation est un apprentissage à vie et une adaptation aux nouvelles technologies et aux nouveaux produits. « C’est précisément pour cette raison qu’il est très important que votre employeur en tienne compte et veille à ce que vous puissiez suivre ces évolutions en vous offrant les formations nécessaires, » ajoute Peter.
C’est ce qu'epingle d'ailleurs Fernando pour son entreprise : plus de formations sont nécessaires. « Des mini-ordinateurs ont été installés sur les chariots élévateurs de notre entreprise. Tout est désormais géré par ordinateur et je pense que c’est une bonne évolution. Maintenant je reste assis alors qu’avant, je devais constamment monter et descendre pour scanner. Ce qu’il faut prévoir davantage selon moi, ce sont des formations. »
Pour Luc, tout se passe bien. Il travaille dans l’entreprise depuis 36 ans et a déjà connu de nombreux changements. A l’époque, on utilisait un fax et un téléphone fixe à cadran rotatif, alors que,maintenant tout le monde connaît les téléphones portables et les ordinateurs. Son entreprise a évolué avec le temps et ses collègues le considèrent comme positif.
« En tant que centre des connaissances pour l’industrie du bois et de l’ameublement, nous aidons les entreprises du secteur à réaliser un avenir innovateur et durable. »
- Chris De Roock, expert externe et General Manager Wood.be
Le travail faisable, indispensable dans le secteur
Le travail faisable a quatre caractéristiques de base : le stress au travail, la motivation, les opportunités d’apprentissage et l’équilibre travail-vie privée. Si les gens se sentent satisfaits de ces quatre caractéristiques, ils ont un travail faisable. Selon une enquête du SERV en 2021, seulement 53,9% des travailleurs sondés du secteur trouvaient que leur travail était faisable . 5 travailleurs sur 10 ! Et d’après ce que nous disent nos délégués, la situation au sein de ce secteur ne s’est pas encore beaucoup améliorée. Quelques coupables : la charge de travail, la variation des tâches, la charge physique et l’équilibre travail-vie privée.
Luc explique qu’il aimerait avoir plus de temps pour les enfants : « Nous avons trois petites filles et cela demande beaucoup d’efforts. Il serait bien d’avoir plus de temps pour elles, mais moins de stress, moins de charge et plus de personnel seraient également un bonus. L’entreprise a déjà investi dans ces domaines, mais l’organisation n’est pas encore parfaite. » Peter est d’accord avec Luc, mais il ajoute que le travail faisable est différent pour chacun. Il est impossible de répondre aux attentes de tout le monde, mais il trouve cependant qu’en tant que travailleur, il faut se trouver dans un système agréable qui tienne compte de votre état physique, de votre santé et de l’ergonomie. Le travail doit être agréable et pas seulement axé sur la production. « Si vous partez travailler contre votre gré, cela ne marchera pas », dit-il.
Sonja acquiesce. Selon elle, le travail faisable est un couteau à double tranchant : il doit être faisable et agréable pour les travailleurs, mais en tant que travailleur, vous devez également être capable de céder lorsque l’employeur a besoin de vous. Il faut toujours faire des compromis, des deux côtés.
« Pour terminer », ajoute Patrick, « il est important que vous arriviez à exécuter le travail quelles que soient vos limitations – physiques ou mentales. L’employeur doit fournir le matériel et/ou les machines adaptés nécessaires. »
« Chez Woodwize, le centre de prévention et de formation pour l’industrie belge du bois et de l’ameublement, nous sommes actifs dans quatre domaines : les formations, les RH, l’enseignement et la sécurité & le bien-être. Nous sommes convaincus qu’une politique de prévention correcte n’est pas une OBLIGATION, mais une VOLONTÉ. »
- Stefan Hinnekens, expert externe et consultant Sécurité & Bien-être chez Woodwize
Gianni De Vlaminck, secrétaire de la FGTB Bois et ameublement, conclut en disant que le travail faisable et la digitalisation s’entrecroisent et ne peuvent plus être dissociés. « Nos ouvriers et nos employés, qu’ils soient jeunes ou expérimentés, doivent être soutenus. La digitalisation et l’innovation peuvent offrir des opportunités, mais il y a aussi la crainte qu’elles soient introduites pour obtenir une rentabilité plus importante, entre autres. C’est pourquoi les travailleurs doivent être impliqués dès le début et que tout doit être introduit de façon structurelle. Tout le monde doit être à bord et les formations sont absolument indispensables ! »