Les travailleurs doivent être au cœur de la transition

Ces 26 et 27 septembre marquaient le grand retour des congrès sectoriels de la Centrale Générale – FGTB. C’est ainsi qu’une soixantaine de délégué.e.s actifs dans la Transformation du papier et carton se sont retrouvés à La Roche pour jeter un regard dans le rétroviseur et dresser le bilan des années écoulées dans le secteur. Mais il s’agit aussi et surtout de se tourner vers l’avenir en déterminant les enjeux syndicaux de ces prochaines années. 

Le monde du travail est en pleine mutation et les travailleurs pourraient faire face à de nombreuses menaces : un gouvernement de droite, une digitalisation galopante, une transition climatique injuste, les délocalisations… Le tableau qui est dressé est loin d’être idyllique et c’est la raison pour laquelle les travailleurs doivent rester unis et organiser le contre-pouvoir afin de défendre leurs intérêts.

Arnaud LC’est d’ailleurs le message adressé par Arnaud Levêque, secrétaire fédéral qui était en charge du secteur depuis 2018 et qui a profité de ce congrès professionnel pour officiellement passer le flambeau à Benjamin Wery :  «  Les prochains mois seront chauds et je vous retrouverai dans la rue à n’en point douter. »

Un secteur sous tension

benjamin weryLe secteur de la transformation du papier est un secteur sous tension qui fait face à une compétitivité féroce et qui est confronté à des prix des matières premières et de l’énergie qui s’envolent. Même si la tendance dans le secteur est à la fusion des grands groupes, les entreprises du secteur sont en bonne santé financière. En Belgique, elles peuvent compter sur une productivité des travailleurs qui ne fait qu’augmenter. Et d’avenir, il en a été longuement question durant ce congrès : « On essaie d’anticiper les changements à venir dans le secteur. On s’y prépare au mieux et l’objet de ce rassemblement est de fournir les armes aux délégués pour qu’ils puissent réagir et défendre les intérêts des travailleurs dans ces transitions. C’est le cas pour la transition climatique, mais aussi en matière de digitalisation qui peuvent l’une et l’autre avoir de lourdes répercussions sur l’emploi » explique Benjamin.

Une transition juste

Le secteur du papier est particulièrement concerné par les évolutions en matière d’environnement. Il doit notamment s’adapter à une réglementation européenne sur le packaging qui prendra effet en 2025. Même si l’objectif de réduire la quantité d’emballages produits est louable, elle n’en reste pas moins une source d’inquiétude pour les travailleurs. Benjamin appelle les instances politiques à prendre en compte l’impact de ces mesures sur l’emploi :  « Nous regrettons que les instances politiques puissent entériner des mesures contraignantes sans prendre en compte les intérêts des travailleurs et leur avenir. Ils doivent plancher sur la reconversion des travailleurs impactés. Pour l’heure ils sont exclus de l’analyse de ces politiques environnementales. Nous appelons à une transition juste ! De plus, il faut s’assurer que des règles identiques soient appliquées au niveau mondial pour éviter toute concurrence déloyale. Trop souvent, les multinationales prennent l’évolution de la réglementation européenne comme prétexte pour délocaliser alors que les vraies raisons se trouvent ailleurs. »

Contrôler la transition digitale

Plus que jamais, la digitalisation et l’intelligence artificielle s’immiscent dans le quotidien des travailleurs. Un contrôle syndical est nécessaire pour maîtriser ces évolutions et éviter qu’elles n’affectent l’emploi ou la charge de travail. Certes des CCT existent, mais elles sont insuffisantes pour faire face à la poussée galopante des nouvelles technologies. 

Les employés sont plus exposés à la digitalisation, mais les ouvriers ne sont pas pour autant à l’abri. Le rythme de travail peut être optimisé par la machine, des caristes sont remplacés par des robots dans certaines entreprises et des contrôles de vitesse sont mis en place…

Un autre point d’attention réside également dans la fracture numérique chez certains travailleurs. À l’heure où les smartphones ou applications sont de plus en plus intégrés dans l’organisation du travail, certains travailleurs ne savent pas utiliser un tel outil. Des formations sont nécessaires pour éviter à ces travailleurs de se retrouver au ban de la société. 

Benjamin a souligné un fameux paradoxe : « Alors que les travailleurs ont plus que jamais besoin de formation pour acquérir de nouvelles compétences en matière digitale, le futur gouvernement De Wever – Bouchez envisage de lever l’obligation de 5 jours de formation par travailleur. J’appelle les délégués à tenir compte des enjeux liés à la formation au regard des évolutions technologiques présentes et futures. »

Pour conclure ces deux journées, Benjamin a souligné sa satisfaction à l’issue de ces deux jours de travaux : « Pendant deux jours, nous avons pu constater l’esprit de camaraderies entre les participants et l’implication des délégués dans les matières abordées. Nous avons mobilisé les troupes pour les combats à venir. Ce qui n’est pas négligeable à l’aube de cette période délicate pour les travailleurs. ».