Le non-marchand dans les rues : « Les travailleurs doivent rester la priorité»

Ce jeudi 7 novembre, près de 40.000 travailleurs du secteur du non-marchand, qui regroupe aussi bien les travailleurs des ETA (entreprises de travail adapté) que ceux des maisons de repos, du secteur de la santé ou encore de la culture, ont manifesté dans les rues de Bruxelles avec un message très clair : il est urgent d'accorder plus d'attention aux travailleuses et travailleurs!

Focus sur les ETA 
Les ETA wallonnes et bruxelloises font partie intégrante du secteur du non-marchand. Et même si elles développent des activités commerciales, l’avenir des travailleurs et travailleuses de ces entreprises dépend largement du niveau de subventionnement du secteur. 

Les accords du non-marchand octroient aux entreprises des moyens complémentaires destinés, entre autres, à l’amélioration des conditions de travail. 

Jusqu’à cette année, nous avons pu conclure avec le banc patronal des accords affectant une bonne part de ces moyens au personnel, tant ouvrier qu’employé. 

Pour Benjamin Wery, secrétaire fédéral en charge du secteur des ETA, l’action de ce jour a pour objectif d’envoyer un message clair aux différents responsables politiques compétents pour le non-marchand (dont les ETA) : « les travailleurs et travailleuses doivent demeurer au centre de vos préoccupations ». 

La CG-FGTB continuera de réclamer pour les ETA wallonnes et bruxelloises : 

  • de meilleurs salaires et des conditions de travail revues à la hausse ;
  • des fins de carrière dignes ;
  • un encadrement renforcé et multi-dimensionnel (santé, formation, aspects sociaux,…) ;
  • une adaptation adéquate des postes échappant à une pure logique commerciale ;
  • un secteur en adéquation avec son objet social (l’ insertion socio-professionnelle des travailleurs porteurs de handicap accessible aussi aux porteurs d’handicap plus lourd. 

Dans les rues ce jeudi, le signal que nous avons envoyé était clair : nous ne resterons pas les bras croisés. Nous continuerons à nous battre pour plus de respect et de meilleures conditions de travail ! 

 

La parole à nos délégués : 

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Hubert, Noredine, Tony et Mickaël, des délégués de la région du Borinage qui en ont marre que la productivité passe avant la santé des travailleurs des ETA.   

« Les conditions de travail ne sont pas adaptées aux ETA, ce qui est un comble. Il n’y a pas assez de personnel, on fait appel à de l’intérim, qu’il faut former et ça recommence tous les jours. Nous, on travaille sous contrat d’entreprise dans un centre de tri. L’usine est automatisée à 95 %, mais ce qui n’est pas automatisé, c’est un tri final, et celui-là, c’est nous qui le faisons. C’est vraiment un travail pénible. La direction se dit consciente du problème, mais ne trouve pas de solution pour les 20 travailleurs concernés. C’est ainsi qu’on a eu un travailleur avec une prothèse obligé de travailler toute la journée debout sur la ligne de tri. Alors que notre employeur reçoit des subsides pour nous protéger, il ne pense qu’à la productivité. » 

 

 

 

 

 

Des délégués des ETA de Charleroi : Entra, Atelier Cambier, Jean Regniers, Relais Haute Sambre, la Thiérache, Metalgroup, Apac.  

Il y a déjà beaucoup de choses qui ne vont pas dans le secteur et avec le nouveau gouvernement, ça va encore s’aggraver. Pour nous, une ETA doit être un lieu où le social et l’humain ont leur place. Mais ce qu’on constate, c’est qu’il n’y a que les chiffres qui comptent. Au rayon des choses qui ne vont pas, il y les mi-temps médicaux qui ne sont plus acceptés, les cadences qui ne tiennent pas compte des capacités des travailleurs et les délégués qui sont de plus en plus attaqués.  Le point des mi-temps médicaux est très important pour un secteur comme le nôtre. Encore récemment, un collègue qui a été victime d’un infarctus a reçu un refus pour un mi-temps médical qui était pourtant  appuyé par son médecin traitant et le spécialiste. Et en plus, on exige des cadences. Quand on travaille en régie, on oublie que nous venons d’une ETA et on nous fait travailler aussi vite que les travailleurs valides. 

 

 

 

 

 

Des délégués des entreprises de travail adapté bruxelloises Manufast, Travie, Travco, Groupe Foes, Apam, Brochage Renaître, La Ferme Nos Pilifs, Jeunes Jardiniers.

Les patrons reçoivent soi-disant des subsides pour nous, mais nous, on ne reçoit rien. Les responsables jouent avec nos pieds. Ils ont tendance à oublier la dimension sociale et augmentent la charge de travail. On ne tient plus compte du handicap. Les ETA sont devenues un business comme un autre. Le plus choquant, c’est qu’on veut aussi nous maintenir dans une certaine précarité. Par exemple, après 10 ans d’ancienneté , on se retrouve au même barème qu’un nouveau travailleur. Ce n’est pas acceptable. Et quand on reçoit plus de responsabilités, le salaire lui, n’augmente pas. Le seul but est d’optimiser les profits. Même les moniteurs ne sont plus formés correctement. Du coup, l’accompagnement et l’encadrement qui sont essentiels dans un secteur comme le nôtre sont défaillants. Les patrons ne veulent pas nous former. Il y a beaucoup d’injustices. Pour certains travailleurs plus fortement subsidiés, l’employeur préfère carrément les laisser sans travail, se tourner les pouces, plutôt que les mettre au chômage.  Ca aussi, c’est dur à encaisser.