Troisième semaine de grève chez Avient : les travailleurs plus déterminés que jamais

Après le froid, le gel et la neige, c’est sous des pluies diluviennes que les travailleurs d’Avient clôturent leur troisième semaine de grève. Malgré ces conditions météo difficiles et la visite des huissiers, ils refusent de lever le piquet de grève placé devant les grilles de cette usine de la chimie située à Mont-Saint-Guibert. Ils n’en démordent pas. Ils estiment le licenciement de leur délégué injustifié et veulent de meilleures conditions de travail. Rencontre avec David Pastorelli, permanent FGTB Chimie du Brabant-Wallon et un collègue de l'entreprise.

Rappelez-nous les faits et la raison pour laquelle vous êtes en grève depuis le 6 janvier ?

Un collègue : Notre délégué principal Mohamed a été licencié à la veille de la fermeture de Noël. La direction lui a reproché une faute grave imaginaire. Le timing n’est sans doute pas anodin sachant que le personnel ne serait plus présent dans l’usine pendant deux semaines. A notre retour le 6 janvier, sachant ce qui s’était passé, nous avons refusé de reprendre le travail par solidarité avec Mohamed. Nous nous sommes mis en grève car ce licenciement est le reflet de la politique antisyndicale menée au sein de l’usine. 

David : Quand on touche à un délégué FGTB, on touche à l’ensemble de la FGTB ! Nous ne pouvons pas accepter des manœuvres patronales telles que ce qui s’est passé chez Avient. Ce combat est extrêmement important car l’arrogance des patrons est croissante. Ils n’ont pas hésité à envoyer par 6 fois des huissiers sur notre piquet. 

On peut parler de chasse aux sorcières envers les délégués chez Avient ?

Un collègue : Clairement. Tous les travailleurs peuvent témoigner du climat détestable au sein de l’entreprise. La direction met des bâtons dans les roues des délégués pour les empêcher de faire leur travail. On veut nous faire taire. Depuis février 2024, une nouvelle direction est arrivée. En l’espace de quelques mois, 35 avertissements ont été distribués aux travailleurs contre un seul au cours des huit années précédentes.

Vous terminez une troisième semaine de grève. Comment faites-vous pour tenir le coup ?

Un collègue : On peut dire que la météo n’est pas des plus clémentes avec nous mais on tient le coup grâce à la solidarité, au soutien de toutes les personnes qui passent sur le piquet. Ça nous renforce dans notre combat. Nous voulons vraiment que les choses changent au sein de l’entreprise.

David : Il y a eu énormément de visites au piquet. Nous pouvons êtes fiers de cette immense solidarité qui vit au sein de la FGTB. Ces visites font un bien fou aux travailleurs qui sont présents devant les grilles de l’entreprise de 4h30 à 22h dans des conditions pas faciles.

La politique antisyndicale menée par la direction d’Avient est-elle un avant-goût de ce qui attend les travailleurs dans le futur ? 

David : C’est sûr qu’avec le prochain gouvernement, les travailleurs risquent de trinquer. L’objectif de l’Arizona sera de casser les syndicats. Les patrons sont dans un fauteuil depuis plusieurs années maintenant. Les précédentes condamnations de syndicalistes pour entrave méchante à la circulation démontrent l’affaiblissement des libertés syndicales. Les patrons sont de plus en plus arrogants, les huissiers omniprésents et les attaques patronales sont constantes.

Un collègue : On a le sentiment que les patrons et la droite veulent nous faire retourner au Moyen-Age. Tu es le petit travailleur, je suis le patriarche, tu travailles et tu te tais.

Pourquoi faut-il absolument défendre les droits syndicaux ?

David : Quand il n’y a pas de syndicat dans les entreprises, l’employeur est dans un fauteuil, il fait ce qu’il veut.  Nous sommes un contre-pouvoir extrêmement important. Tant que la FGTB sera debout, les patrons et la droite nous trouveront toujours sur leur passage.