Le secteur de la chimie, maître de son propre destin

Dans notre article « les actionnaires hypothèquent l’avenir du secteur », nous avons tout d'abord souligné l'avidité des actionnaires de la chimie, qui entraîne une diminution trop importante des moyens financiers du secteur. Nous nous sommes appuyés sur des analyses des sous-secteurs de la chimie de base, de l'industrie pharmaceutique et des matières plastiques.
Les dividendes dérapent
Dans la chimie de base, 11 milliards € de dividendes ont été versés en 2 ans, soit 34 % de plus que le bénéfice net de la période. Dans l'industrie pharmaceutique, plus de 10 milliards € ont été versés aux actionnaires au cours des 3 dernières années, tandis que dans les plastiques, 34 % des dividendes ont également été versés en plus du bénéfice net.
Si nous prenons les dividendes des 5 dernières années pour les 3 sous-secteurs dans leur ensemble et que nous les mettons en parallèle avec les bénéfices nets, nous constatons que 77,6 % de tous les bénéfices nets du secteur ont été versés aux actionnaires au cours de la période 2019-2023. En chiffres absolus, sur les 38,9 milliards d'euros de bénéfices nets, 30,2 milliards € ont été versés aux actionnaires.

La transition est abordable
Selon une étude de Graydoncreditsafe1 le coût de la transition est estimé entre 3 et 5 pourcents du chiffre d'affaires annuel. En 2023, le secteur de la chimie a réalisé un chiffre d'affaires de 75,1 milliards €2, ce qui, en tant que coût pour le secteur, équivaudrait à un montant annuel compris entre 2,25 milliards € et 3,75 milliards €. En 2023, les actionnaires recevaient encore près de 7,7 milliards d'euros ...
Le secteur dispose donc d'une marge de manœuvre financière pour investir pleinement dans la transition, mais aussi dans les innovations technologiques telles que, par exemple, l'intégration de l'IA, pour laquelle il faudra investir massivement dans la formation des travailleurs afin de relever les défis à venir. Le secteur a les moyens d'assurer son avenir.
1De Tijd, 19 novembre 2024, Eén op vijf Belgische kmo’s kan investeringen in duurzaamheid niet ophoesten. (« une PME belge sur cinq ne peut pas se permettre d’investir dans la durabilité »)
2https://www.essenscia.be/wp-content/uploads/2024/06/chiffres2023-belgium-1.pdf