Si on ne se soucie pas du climat aujourd’hui, on aura des problèmes demain

Denny Defever et son collègue Mathias Pieters travaillent pour Pemco International à Bruges* et ont participé au projet « Mon entreprise, prête pour l’avenir ». Le but de ce projet est d’offrir un support aux militants syndicaux pour qu’ils se concertent avec leur employeur concernant l’impact de la transition climatique sur leur entreprise. Denny nous explique comment il a vécu la participation à ce projet.
Quelle était votre motivation pour participer à ce projet ?
Denny: « Pemco est détenue par un « private equity fund » et est vendue tous les 3 à 5 ans à un nouveau propriétaire. De ce fait, il est très difficile d’obtenir de l’argent des actionnaires pour réaliser des investissements à long terme. On le constate également dans l’entreprise; des investissements substantiels sont vraiment nécessaires pour moderniser l’entreprise, beaucoup d’installations ou de bâtiments sont datés. A cela s’ajoutent les défis en matière d’environnement et de climat. Nous nous sommes engagés dans ce projet afin d’être mieux outillés pour inscrire ces défis à l’ordre du jour. »
Pourquoi est-il important que les militants syndicaux se soucient aussi du climat ?
Denny: « Il faut trouver un équilibre entre l’emploi et la politique climatique. Mais pour être honnête, notre environnement est beaucoup plus important que l’emploi selon moi. Cela peut paraître étrange pour un militant syndical de la chimie, mais sans climat viable, il n’y a pas d’emploi. Il ne s’agit pas seulement de notre emploi aujourd’hui, mais également de l’avenir et de l’emploi de nos enfants. Si on ne s’en soucie pas aujourd’hui, on aura des problèmes demain. Il est également positif que les syndicats coopèrent avec le mouvement environnemental dans le cadre de ce projet. L’industrie chimique a de nombreux lobbyistes en Europe, beaucoup plus que le mouvement environnemental. Notre entreprise se limite aux obligations légales et si la législation n’est pas suffisamment stricte, l’entreprise rencontrera des difficultés. Il est donc important de continuer à faire pression ensemble, il en va de notre avenir. »
Qu’est-ce que vous avez appris pendant ce projet ?
Denny: « J’ai beaucoup appris pendant ce projet, mais j’ai surtout appris des autres participants, de leurs expériences. C’est également le cas lors des formations syndicales. Un point très positif était que, pendant le projet, il y avait régulièrement des contacts entre nous : de temps en temps un mail de suivi pour savoir comment les choses se passaient, un atelier, une interview, … cela nous aidait à rester attentifs dans l’entreprise. »
Qu’est-ce que vous avez pu réaliser au cours du projet ?
Denny: « Cela n’était pas facile de faire bouger les choses ici, mais nous avons continué à essayer, au conseil d’entreprise, au comité, d’inscrire la question à l’ordre du jour. Il y a maintenant un nouveau directeur de site qui a une certaine ouverture d’esprit quant à la question et nous avons réussi à le convaincre d’inviter les collaborateurs du projet à l’entreprise pour une discussion. La priorité est de se conformer à la législation existante, mais il y avait également une certaine volonté d’examiner comment nous pouvons rendre nos installations plus écologiques en termes d’énergie. Nous avons donc le sentiment d’avoir pu assurer un peu plus l’avenir. »
Quels conseils avez-vous pour les autres militants qui souhaitent également travailler sur ce thème ?
Denny: « Je leur conseillerais de participer également à un projet de ce type. Ou de participer à des formations sur le sujet. Je dois admettre que, même dans mon propre travail syndical, je ne m’occupais pas vraiment des questions telles que l’environnement et le climat. Mais c’est important pour l’avenir. C’est donc au syndicat de motiver les militants à participer à des initiatives telles que ce projet et à travailler sur le thème du climat dans leur entreprise. »
*Pemco International à Bruges produit des frittes d’émail ; ce sont des écailles d’émail qui peuvent être utilisées pour émailler des objets tels que des casseroles. Environ 115 personnes y sont occupées. L’entreprise est la propriété d’un « private equity fund » et change de propriétaire toutes les x années.