Communiqué de presse: Les travailleurs en équipes et de nuit pris au piège

Comme chaque année, la FGTB s’empare de la date symbolique du 24/7 pour mettre en lumière les travailleuses et travailleurs en équipes et de nuit. Ceux que l’on ne voit pas mais qui permettent à de nombreux secteurs de tourner en continu. Cette année, nous leur donnons la parole au travers d’une vaste enquête*. Les résultats dressent un constat édifiant : alors que le gouvernement Arizona multiplie les attaques, notamment sur les fins de carrière, ces travailleurs se sentent pris au piège, coincés dans une voie sans issue alors que leur régime de travail est particulièrement impactant, tant sur leur santé que sur leur vie privée. Se pose alors une question bien légitime : « Où est la sortie ? ».
Sans surprise, les résultats corroborent les études et les témoignages sur l’impact négatif du travail en équipes et de nuit : plus de 8 travailleurs sur 10 constatent une dégradation de leur qualité de vie et de leur santé. Notons aussi qu’un travailleur sur cinq âgé de moins de 40 ans songe à se réorienter professionnellement vers un travail de jour.
Les principaux constats
Pénibilité et qualité de vie
80,75% des travailleurs en équipes et de nuit estiment que leur travail est pénible. Ils sont plus de 8 sur 10 à affirmer que leur horaire atypique de travail impacte négativement la qualité de leur vie et leur santé. Il est frappant de constater que ce pourcentage est relativement stable pour toutes les catégories d’âge.
Tenir jusqu’au bout ? Pas possible
92,45 % des répondants considèrent qu’il sera impossible de travailler jusqu’à 66 ans. En d’autres termes, seuls 7,55% considèrent que l’âge de la pension légale est atteignable. Ce pourcentage tombe à 5,85% pour ceux qui ont au moins 10 ans d’ancienneté. 6 travailleurs sur 10 estiment qu’il faudrait pouvoir partir en pension à 58 ou 60 ans. Un âge conforme à la situation dans de nombreux pays comme l’Espagne, le Portugal, l’Autriche et la Finlande ou encore la France où les carrières prennent fin à 58 ans dans des secteurs recourant au travail en équipes et de nuit.
Manque de considération
93,69 % considèrent que le gouvernement ignore leurs conditions de travail. Peu importe l’âge ou le nombre d’années dans le système, les travailleurs estiment que le gouvernement n’a aucune considération pour leurs conditions de travail spécifiques. Ils sont aussi 90,26 % à s’opposer aux mesures de l’Arizona. Ils déplorent que l’allongement des carrières ne rime pas avec un allègement des conditions de travail.
Plus qu’une campagne…
Par le biais de cette enquête, nous voulons alerter les employeurs et le gouvernement. Sans conditions de travail qui prennent en compte la pénibilité de ces régimes, il sera de plus en plus difficile de trouver de la main-d’œuvre qui acceptera de sacrifier sa santé et sa vie privée sans la moindre considération. Contrairement aux orientations prises par l’Arizona, il apparaît urgent de tenir compte de la pénibilité vécue par ces travailleurs. Il ne s’agit pas d’octroyer un privilège : l’impact des horaires atypiques sur la santé et la qualité de vie sont malheureusement une réalité.
*Enquête réalisée par la FGTB du 26 mai au 20 juin. 3826 répondants, issus de secteurs industriels (verre, chimie, papier, pétrole) et de services (gardiennage, nettoyage,…). L’analyse complète des résultats est disponible sur notre site dédié : where-is-the-exit.com