Des travailleurs pauvres dans un secteur prospère

D’une part, la reprise économique, les bénéfices et les dividendes. D’autre part, des travailleurs pauvres à la recherche d’employeurs respectueux. Cliché ? Jugez plutôt.

Le secteur de la chimie affiche une belle prospérité en Belgique : leader mondial de la chimie et des matières plastiques en termes de chiffre d’affaires par habitant. Il est numéro un en termes de valeur ajoutée et son chiffre d’affaires est marqué par une accélération très spectaculaire ces 2 dernières années.

La productivité du secteur est environ 2,3 fois plus élevée que la productivité de l’économie totale. Et les actionnaires ne sont pas en reste : 2,672 milliards € de dividendes ont été versés en 2017, soit près de deux tiers des bénéfices. 

Du côté des travailleurs, la modération salariale imposée au cours des dernières années, a plombé l’évolution des salaires : les minimas sont de 11,30 € bruts de l’heure et 1797,95 € bruts par mois. « Des travailleurs pauvres dans un secteur prospère, cela existe aussi en Belgique » pointe Andrea Della Vecchia, porte-parole FGTB Chimie. 

Une récente enquête du SERV sur les conditions de travail dans le secteur de la chimie dresse aussi des constats inquiétants. Extraits : seulement 58,8% des travailleurs estiment pouvoir exécuter leur emploi actuel jusqu’à l’âge de la pension. 35,7% sont confrontés à une charge de travail élevée. 1 travailleur sur 3 est confronté à des problèmes de stress.

Dans ces conditions, les travailleurs de la chimie jugent irrespectueuses les positions défendues par la Fédération des entreprises de Belgique (FEB) durant les négociations pour un accord interprofessionnel 2019-2020. « Modérer les salaires et accroître la flexibilité ? Cela ne passe pas du tout auprès des travailleurs de la chimie ».

C’est pourquoi les travailleurs du secteur se sont grandement mobilisés lors de la grève nationale. « Les travailleurs veulent être respectés et se font entendre ». 

Fight for 14€

Plusieurs travailleurs du secteur de la chimie en ont témoigné : les bas salaires sont une triste réalité dans leur entreprise. Une situation indécente au regard des bénéfices enregistrés par le secteur.

Liliane : Après 20 ans, je gagne environ 13 euros de l'heure. Un salaire très bas au regard du travail que nous effectuons. Durant mes années de carrière, le salaire n'a pas réellement augmenté. La direction ne se préoccupe que du rendement pour les actionnaires.

Roberto : Je travaille dans une PME, chez nous, il est impossible de négocier quoi que ce soit. C'est pour ça qu'un combat tel que Fight for 14€ est essentiel. 

Delphine : Dans mon entreprise, les salaires sont dignes du Moyen Age. C'est inacceptable ! En tant que mère célibataire, je peux vous dire que la vie est loin d'être simple avec un salaire au ras des pâquerettes.

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