Fight For €14 !

affiche

Inspirée d’une campagne menée avec succès aux Etats-Unis, la campagne Fight For 14 a été lancée par la FGTB il y a un peu plus d’un an. Une campagne visant à obtenir une augmentation du salaire minimum brut, passant d’environ 10 euros à 14 euros par heure (2 300 euros par mois). C’est une nécessité absolue pour permettre aux travailleurs d’arriver à joindre les deux bouts.

En portant un masque, je protège mes collègues, mais moi, qui me protège ? Moi qui, pendant et après cette crise du COVID-19, ai vu mes revenus diminuer, moi qui ai encore plus de mal à payer mes factures qu’avant et surtout, moi qui ne suis pas sûre d’arriver à remplir le frigo. Un salaire décent est essentiel non seulement pour la relance de l’économie, mais aussi et surtout pour nous, les travailleurs payés au salaire minimum. Pour nous, cette crise est encore plus violente. Comme le dit Nicolas Schmit, commissaire européen chargé du travail et des affaires sociales : "Un Européen sur six a de faibles revenus en Europe. Et la majorité sont des femmes. Pour certains de ces bas salaires, alors que la quasi-totalité du pays était à l’arrêt, ils ont continué  à faire tourner le pays. Paradoxalement, ce sont eux qui sont aujourd'hui les plus touchés par la crise économique". Ainsi, pour ceux qui n'arrivaient pas à joindre les deux bouts avant même la crise du COVID-19, cela devient maintenant complètement impossible.

C'est pourquoi nous continuons à nous battre pour un salaire minimum de 14 euros. Nous voulons que chacun puisse vivre et non survivre.

Un salaire minimum légal de 14€ brut/heure, ça vous paraît impossible ? 

Augmenter le salaire horaire minimum de 10 € à 14 €, vous pensez : impossible, insensé, utopique, suicidaire ? Pourtant, pour changer radicalement les choses, rendre la société plus juste et la machine économique plus efficace, l’augmentation des bas salaires est nécessaire et tout à fait possible. Ce n’est pas la crise pour tout le monde, les moyens financiers sont là… Il suffit d’aller les chercher !

Convaincu? Signez la pétition pour un salaire minimum de 14€.

Plus d'info sur la campagne Fight for €14

La page facebook de la campagne

14€/heure : pour qui ?

4 travailleurs sur 10 ont du mal à s’en sortir !

En Belgique, le salaire minimum est fixé à 10,25€ brut/ heure. Soit un revenu mensuel de 1.590 € brut… ce qui ne donne que 1.340 € en poche en fin de mois pour une personne isolée travaillant temps plein.
Une situation inacceptable renforcée par l’explosion des contrats précaires (intérim, durée déterminée, contrats journaliers…) et des temps partiels (plus d’un tiers des salariés travaillent sous ce régime). Cette flexibilisation du marché de l’emploi concerne principalement les fonctions les moins valorisées et dont les rémunérations sont les plus basses : nettoyage, aides à domicile, vente, horeca…

L’enquête Thermomètre Solidaris n°9 montrait, en 2016, que 4 travailleurs sur 10 avaient du mal à s’en sortir et à joindre les deux bouts. Il s’agit ici du résultat d’une enquête mais cette réalité est également corroborée par des chiffres bien concrets.

4 travailleurs sur 10 ont du mal à s’en sortir : les chiffres

Les salaires

Chaque année, la Direction générale Statistiques du SPF Economie publie une enquête annuelle sur les salaires dans notre pays. En moyenne, le salaire brut pour un temps plein est de 3.476 €. Mais, pour se faire une idée de ce que gagnent réellement les salariés, il est plus intéressant de se référer au salaire médian, c’est-à-dire le salaire «intermédiaire» : la moitié des travailleurs à temps plein perçoivent moins de 2.976 € brut tandis que l’autre moitié a une rémunération supérieure à
ce montant.

Mais ces montants (salaires moyen et médian) sont fortement surévalués. En effet, dans l’étude du SPF Economie, plusieurs éléments méthodologiques empêchent de se faire une idée précise des écarts salariaux et de leur évolution. Sans approfondir, on relèvera ici : 

La non prise en compte des entreprises occupant moins de 10 salariés (où les conditions de travail et de rémunération sont en général moins bonnes).

La prise en compte de certains éléments de rémunérations qui gonflent artificiellement les salaires les plus bas et, à l’inverse, la non considération d’autres éléments sous-estimant les salaires des travailleurs des secteurs plus «favorisés».

L’enquête ne se concentre que sur les travailleurs à temps plein, négligeant ainsi plus d’un million de salariés travaillant à temps partiel. Une catégorie de travailleurs souvent concentrée dans les fonctions les moins rémunérées et où l’on retrouve 80% de femmes, dont les salaires sont encore aujourd’hui inférieurs à ceux des hommes.

Ces différents éléments ont pour effet de surévaluer les chiffres des salaires moyen et médian en Belgique. Par exemple, rien qu’en intégrant les données concernant les travailleurs à temps partiel dans ces statistiques. Résultat ? Le salaire moyen pour un équivalent temps plein tombe de 3.476 € à 3.258 € et le médian de 2.976 € à 2.866 €.

Les dépenses

Tous les deux ans, le SPF Economie publie une enquête annuelle sur le budget des ménages. Elle permet de classer les ménages en 4 «quartiles» de revenus, c’est-à-dire quatre quarts de population classées selon le niveau de leurs revenus. La méthode de collecte de données est cependant assez simplifiée ce qui ne permet pas de déterminer avec précision le montant de l’épargne ou, au contraire, de desépargne des ménages. Néanmoins, le croisement des courbes des dépenses et
des revenus nous montre des tendances et des indices intéressants.

Il apparaît que la moitié de la population n’arrive pas à faire face à ses dépenses ! Ces citoyens n’ont donc pas d’autre choix que de désépargner : s’endetter ou revendre une partie de leurs biens (voiture, logement…).

Les 25% suivant, ceux situés dans le 3ème quartile, connaitraient une situation de quasi équilibre budgétaire, leur niveau de revenus avoisinant presque celui de leurs dépenses. Seuls les travailleurs du dernier quartile, les 25% ayant les revenus les plus élevés; seraient en mesure d’épargner. Que ce soit sur base de l’enquête Solidaris ou de ces chiffres, le constat est posé : au moins 40 % des travailleurs ont du mal à joindre les deux bouts !

Alors, on fait quoi ?

On oblige la moitié des travailleurs à être plus raisonnable, à dépenser moins, à mieux gérer son budget ? Restons sérieux ! Quand on constate le niveau de dépenses de ces ménages, entre 20.000 et 30.000 €/an, on peut difficilement le taxer d’excessif ou d’indécent. Il est donc indispensable de relever le niveau de revenus de ces travailleurs…

Et pour cela, nous avons une solution : Relever le salaire minimum à 14€/heure !

Pourquoi 14 € ?

Vivre plus dignement

Pour permettre à toutes et tous de faire face à leurs besoins, nous estimons que l’ensemble des ménages devrait être en capacité d’assumer le niveau de dépenses de 30.000€ brut/an. Cela correspond à ce que dépensent les ménages situés dans le 2ème quartile de revenus.

Afin d’atteindre cet objectif, il est évidemment nécessaire de poser une série d’hypothèses pour déterminer ce que devrait être le salaire brut nécessaire. Il existe en effet de nombreuses différences en termes de modes de rémunération (horaire ou mensuelle), de régime horaire de travail, etc.

Etant donné la ventilation des heures de travail entre «temps pleins» et «temps partiels» en Belgique, mais en tenant également compte des travailleurs alternant périodes d’emplois précaires et périodes dites «d’inactivité» (indemnisées ou non), nous avons pris l’hypothèse d’un ménage de 2 personnes, sans enfants, dont l’un des membres travaille à temps plein et l’autre à mi-temps. Dans un souci de simplification, il est considéré que les deux membres du ménage gagnent le
même salaire horaire.

Pour que ce ménage puisse atteindre le niveau moyen de consommation du 2ème quartile, il faudrait qu’il soit rémunéré à hauteur de 14,87€ brut/heure. On est bien en-dessous du montant horaire du salaire médian qui est de 18,07€ ou de celui du salaire moyen, 20,73€.

14€ brut/heure… Cela sera dénoncé comme irréaliste ou indécent par certains. Cela correspond pourtant à un salaire mensuel brut de 2.300€, soit un peu moins de 1.600 € net…

Est-ce vraiment indécent de revendiquer un salaire de 1.600 € net minimum pour un emploi à temps plein ?

Actuellement, environ 15 % des travailleuses et travailleurs à temps plein n’atteignent même pas ce niveau… Est-ce que ce n’est pas plutôt cette situation qui est indécente ?

Plus d’efficacité économique

Arrêter de gaver les uns pour nourrir correctement les autres

Augmenter le salaire minimum de 40%, mais vous n’y pensez pas ?!!? Le travail coûte déjà beaucoup trop cher en Belgique, vous voulez notre ruine ?

On entend déjà les cris d’horreur de la droite et du patronat… Il y a un siècle, quand le mouvement ouvrier a réclamé la semaine de 5 jours, les congés payés, des pensions ou la Sécurité sociale, c’est déjà ce qu’ils ont fait croire ! Pourtant, rien ne s’est écroulé, les richesses ont juste été mieux réparties.

Aujourd’hui, c’est toujours la même question qui est essentielle : le partage des richesses entre ceux qui les produisent, les travailleurs, et ceux qui en profitent, les détenteurs de capitaux. Le combat essentiel est de se réapproprier une partie des profits captés par les actionnaires pour la redistribuer aux travailleurs notamment sous forme de salaires.

Sur les 20 dernières années, si l’on ne tient pas compte de l’indexation automatique (qui n’est qu’un alignement légal des salaires sur le coût de la vie), le salaire horaire moyen n’a progressé que de 9 %. Quant au salaire minimum légal, il n’a lui progressé, hors indexation, que de 3,5 % en 20 ans.

Cette stagnation du salaire minimum le fait décrocher par rapport à l’évolution du salaire médian, ce qui signifie un accroissement des inégalités. Selon l’OCDE, entre 1983 et 2015, le salaire minimum est passé de 57% à seulement 49% du revenu médian. Or, rappelons que le seuil de pauvreté est fixé à 60% du revenu médian.
Le salaire minimum interprofessionnel belge ne protège donc pas contre la pauvreté !

Force est même de constater qu’il s’éloigne de plus en plus de cet objectif. Sur la même période, les dividendes distribués aux actionnaires ont quasi triplé, passant de 18 milliards € en 1995 à 50 milliards € en 2014 (le pic des 60 milliards € fut même dépassé en 2008 !), soit une hausse de…

280% ! Même si l’on retire de ces dividendes bruts la part qui est versée à d’autres entreprises (pour de multiples raisons parmi lesquelles l’ingénierie fiscale ou des dépenses d’investissement), et que l’on ne se concentre que sur les dividendes nets (montants versés directement à des personnes physiques, soit des actionnaires «en chair et en os») il reste encore… 18 milliards €/an !

18 milliards € qui sont le fruit du travail fourni par les salariés et auxquels ils n’ont pas droit ! Ne serait-il pas temps de mieux redistribuer les richesses entre revenus du travail et revenus du capital ?

On le voit, des marges existent pour ce faire. Cette redistribution est le nerf de la guerre dans un contexte où les inégalités de revenus atteignent des niveaux insoutenables. Il s’agit évidemment d’une mesure de justice sociale. Mais c’est aussi une question d’efficacité économique.

Donner la possibilité aux revenus les plus bas de faire face à leurs besoins par le travail, c’est rendre son sens au mot « emploi » en lui redonnant de la valeur.

La consommation de ces travailleurs va alimenter le moteur de notre économie. A l’inverse, permettre aux plus nantis d’accumuler encore et toujours plus de richesses va les pousser à se l’accaparer ou à spéculer. La crise de 2008, que nous subissons toujours aujourd’hui, nous a pourtant montré le rôle néfaste de la spéculation et de ses bulles…

Augmenter le salaire minimum, c’est une mesure concrète, solidaire et efficace !

Plus de bien être

De meilleurs salaires pour une société plus juste.

Revaloriser les salaires les plus bas, c’est tout d’abord une mesure concrète permettant de lutter contre la précarité et les inégalités sociales. La revalorisation substantielle du salaire minimum que nous revendiquons va permettre à 15 % des travailleuses et travailleurs à temps plein et à une large majorité des travailleuses et travailleurs à temps partiel de voir leur niveau de vie augmenter.

Mais cette mesure ne sera pas seulement bénéfique pour ces personnes, elle va aussi profiter à l’ensemble des citoyens et de la collectivité. Car une société plus juste et moins inégalitaire, est une société moins individualiste, moins violente, plus agréable à vivre.

Plus de salaire, c’est plus de moyens pour la Sécurité sociale et les services publics 

  • Refinancer la Sécurité sociale : assurer l’avenir et améliorer le niveau des pensions, revaloriser les remboursements des soins de santé, permettre une meilleure protection des sans emploi, des malades, des accidentés du travail, etc.
  • Développer les services publics : hôpitaux, crèches, écoles, maisons de repos, transports, universités, culture, justice et sécurité, infrastructures, jeunesse… Toutes ces structures, tous ces secteurs, délaissés depuis trop longtemps, pourraient enfin être refinancés et améliorés…. Au bénéfice des citoyens mais aussi des travailleurs des services publics.

Et l’égalité hommes - femmes, on en parle ?

Malgré les combats et mobilisations, malgré les conquêtes et avancées, l’égalité salariale hommes – femmes n’est pas encore une réalité en Belgique ! En 2014, le salaire mensuel moyen d’une femme travaillant à temps plein est inférieur de 6 % à celui des hommes. Et, si l’on prend en compte les temps partiels, l’écart salarial grimpe à 20 %11 ! Cette situation est due à plusieurs facteurs. Parmi ceux-ci, la ségrégation horizontale, c’est-à-dire la surreprésentation des femmes dans les secteurs les moins valorisés socialement et donc les moins rémunérés : nettoyage, aide à domicile, vente, horeca… On notera aussi le phénomène du «plafond de verre» : à l’intérieur des secteurs et entreprises, les femmes restent cantonnées dans des fonctions moins élevées et donc moins bien rémunérées.

Revaloriser les salaires les plus bas, c’est donc aussi réduire l’inégalité salariale et contribuer à l’amélioration de l’égalité hommes – femme dans la société.

Ailleurs aussi, on se bat…

Aux Etats-Unis, le mouvement «Fight for $15 !» est né en 2012 suite à la mobilisation de travailleurs de la restauration rapide. Les militants se battent pour un salaire poche de 15$/heure, la reconnaissance des syndicats et la justice raciale et économique. Depuis, ce mouvement a pris de l’ampleur et a déjà remporté plusieurs victoires. Les États de Californie, de Pennsylvanie et de New York ont déjà accepté ce salaire minimum qui, espérons-le, se généralisera à l’ensemble du
pays.

Au Canada aussi, la campagne 5-10-15, réunissant associations et syndicats, a déjà obtenu plusieurs victoires : les États de l’Ontario et de l’Alberta se sont engagés à augmenter progressivement le salaire minimum pour arriver, en 2018-2019, à un salaire minimum horaire de 15$. Et la bataille continue pour que les autres états suivent la même voie…

En conclusion

Nous pouvons tirer trois enseignements de ces mobilisations nord-américaines et de ce qui précède.

Des inégalités importantes subsistent entre les travailleurs des économies développées.

Les travailleurs du «bas de l’échelle», parmi lesquelles une majorité de femmes, sont le plus souvent assignés aux tâches les plus dures, dans les conditions les plus difficiles. En plus de cela, leur salaire ne leur permet pas de vivre décemment. L’augmentation du salaire minimum est donc avant tout une question de justice sociale !

Augmenter le salaire minimum, c’est possible !

Les mouvements américain et canadien sont nés et ont engrangé des victoires dans des pays pourtant réputés pour leur libéralisme triomphant, la flexibilité de leur marché du travail et la toute-puissance des multinationales. Une augmentation substantielle du salaire minimum n’est donc pas une utopie. Il s’agit d’un objectif réaliste… A condition de s’en donner les moyens !

La mobilisation, ça marche !

Il n’y a pas de fatalité à la précarité et à l’isolement des travailleurs. Mais il n’y pas de miracle non plus : c’est en s’unissant et en organisant la lutte que les salariés peuvent voir leurs droits reconnus et leurs conditions de travail améliorées.

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