Travailleurs domestiques - Pas des esclaves, des travailleurs à part entière

Selon des estimations de l’Organisation Internationale du Travail, l’OIT, il y aurait à travers le monde entre 53 et 100 millions de travailleurs et travailleuses domestiques. Principalement des femmes et même des enfants. Quant à la localisation géographique, la majorité de ces travailleurs se retrouve dans les pays en voie de développement, en Asie, Amérique Latine, et aux Caraïbes. Les statistiques montrent en outre que les travailleuses et les travailleurs du secteur domestique gagnent moins de la moitié du salaire moyen et que 42,5% des travailleurs du secteur n’ont pas droit au salaire minimum national. Une injustice flagrante qui pose inévitablement la question: les travailleurs domestiques sont-ils devenus les esclaves modernes?

Le secteur des travailleurs domestiques est particulièrement difficile à représenter. Tout d’abord parce que les travailleurs sont pratiquement invisibles et isolés. Ensuite parce que le travail syndical y est très difficilement organisable. La conséquence est que ce secteur est oublié des autorités. Dans de nombreux pays, les travailleurs domestiques ne sont carrément pas considérés comme des travailleurs et ne sont donc pas protégés par la réglementation générale du travail. Et quand il existe bien une législation, celle-ci est la plupart du temps discriminatoire pour les travailleurs domestiques.

Travail décent

Pour la première fois dans l’histoire de l’OIT, un traité qui garantit les droits fondamentaux des travailleurs domestiques a été élaboré en juillet 2011. Cette convention donne pour la première fois une perspective de reconnaissance des droits élémentaires du travail aux travailleurs domestiques du monde entier. La convention reconnait le travail domestique comme n’importe quel autre travail et veille à ce que les travailleurs domestiques soient traités comme n’importe quels autres travailleurs. La convention établit un certain nombre de critères garantissant le travail décent parmi lesquels la suppression du travail des enfants, la suppression du travail forcé et au moins 24 heures consécutives de repos hebdomadaire. Il y est aussi question du droit à un environnement de travail sûr et sain ou encore à une protection contre les intimidations, les abus et les violences.

En Belgique

Cette convention reprend vraiment les bases élémentaires. Pour un pays comme la Belgique, il est évident que ces choses sont une réalité depuis bien longtemps. Néanmoins, si notre pays veut vraiment respecter l’esprit de cette convention, il y a aussi des choses à faire notamment en matière de titres-services qui mériteraient pas mal d’améliorations, notamment au niveau des salaires et des conditions de travail.

Ne balancez pas nos problèmes sous le tapis

Au nord du pays, une campagne est actuellement en cours en collaboration avec l’organisation non gouvernementale socialiste flamande FOS. Elle a pour slogan: “ne balancez pas nos problèmes sous le tapis”. La situation des travailleuses domestiques en Amérique du Sud est certainement plus grave que celle des travailleuses belges, mais malgré tout, ces femmes font le même type de travail et se battent toutes pour la même reconnaissance et le même respect.

Ce respect ne devrait pas uniquement dépendre de l’appréciation de monsieur-tout-le-monde, il devrait aussi se traduire par des lois et des statuts qui protègent les travailleurs domestiques et leur procure un travail décent. Bref, un travail qui leur permettre de se construire une vie décente.