Des travailleurs, pas des pantins

La Centrale Générale de la FGTB et le Setca ont récemment organisé une journée d'étude pour les délégués du secteur des grossistes et répartiteurs de médicaments. Le but de telles journées est bien entendu d'informer les délégués sur les droit des travailleurs, mais c'est aussi l'occasion pour nous de discuter des problèmes que rencontrent les travailleurs sur le terrain. Et dans le cas présent, les trouvailles ont été de taille. 

La Centrale Générale de la FGTB et le Setca ont récemment organisé une journée d'étude pour les délégués du secteur des grossistes et répartiteurs de médicaments. Le but de telles journées est bien entendu d'informer les délégués sur les droit des travailleurs, mais c'est aussi l'occasion pour nous de discuter des problèmes que rencontrent les travailleurs sur le terrain. Et dans le cas présent, les trouvailles ont été de taille. 

Le secteur regroupe à la fois les travailleurs à la chaine qui emballent nos médicaments mais aussi ceux en camionnette qui les livrent dans les pharmacies afin que nous puissions nous soigner rapidement.

Des chauffeurs suivis à la traces

Lors de cette journée, plusieurs délégués nous ont appris que désormais, les chauffeurs sont équipés d'un système de géolocalisation. Dans certains cas, ce ne sont pas les véhicules qui sont tracés mais les travailleurs eux-mêmes. Bref, même lorsqu'ils s'achètent un sandwich à midi, le patron sait à tout moment où ils sont. Le plus grave, c'est que certains systèmes ne peuvent jamais être mis à l'arrêt. Dès lors, même le week-end, le patron sait exactement où sont ses travailleurs. Une intrusion intolérable dans la vie privée. Ce système sert de base pour le calcul des prestations. Et dans ce domaine aussi, il y a des choses qui ont de quoi heurter. Ainsi, certains travailleurs sont payés sur base de 8 heures par jour, tandis que d'autres sont payés à la tournée. Pour ces derniers, s'ils doivent effectuer trois livraisons et que la dernière pharmacie est fermée à leur arrivée, ils ne sont payés que pour deux prestations. Ces différences de traitement sont discriminatoires pour les travailleurs.

Est-ce bien légal ?

Un tel système est-il légal ? En ce moment, il n'y a pas de règlementation spécifique et aucune CCT sectorielle n'existe à ce sujet. Nous constatons aussi un autre manquement grave : ce système ne figure pas dans la plupart des règlements de travail du secteur. De plus, il n'est pas homologué par l'Etat.

Une pression constante

En plus d'espionner les travailleurs, certains employeurs ne se gênent pas pour les appeler s'ils estiment qu'ils ne roulent pas assez vite ou qu'ils trainent trop. Mais bien entendu, en cas d'amendes, celles-ci sont à charge des travailleurs. Autre conséquence de ce pistage, le nombre d'accidents de roulage dû au stress engendré par un tel système est en augmentation.

Faux-indépendants

La problématique des faux-indépendants est également présente dans le secteur ainsi que celle du dumping social. Il s'agit ici de travailleurs qui ont leur propre camionnette, ce qui permet une exploitation encore plus grande à laquelle vient s'ajouter la menace constante de se voir remplacer par des travailleurs polonais à 5 euros de l'heure.

Dérive honteuse

Il s'agit ici d'une dérive honteuse de la flexibilité à outrance. Avec des conséquences néfastes sur la santé des travailleurs mais aussi sur leur sécurité. La Centrale Générale de la FGTB prend en charge ce dossier et exige la fin de cette atteinte à la vie privée des travailleurs. Elle exige aussi des emplois de qualité pour les travailleurs. En outre, de telles pratiques évincent totalement la dimension humaine du métier. Les chauffeurs ne sont plus que des pantins qui vont là où on leur demande d'aller, dans les plus brefs délais. N'oublions pas qu'ils effectuent un travail important pour notre santé à tous.